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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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morceau.
    — Mangez, me pressa-t-il. Le
pain est sec et vous calmera l'estomac. Mangez, femme savante, sinon je citerai
le vieil adage, medice cura te ipsum  — médecin, soigne-toi
toi-même.
    Assis sur les talons, nous
partageâmes la nourriture. Demontaigu, à présent plus calme, me scrutait avec
attention.
    — Vous êtes prêtre,
m'étonnai-je, et pourtant vous avez occis un homme.
    — Le droit de se défendre,
rétorqua-t-il, est inscrit dans la loi canon aussi bien que dans celle que
saint Bernard nous a donnée. L'assassin était un ennemi de notre ordre. Je ne
lui ai point demandé de renoncer à sa vie.
    — Vous êtes un prêtre
templier ?
    — Oui, que l'on veut capturer
mort ou vif. Je viens de la commanderie d'Amiens. Je suis le fils d'un
chevalier français et d'une dame anglaise, reprit-il d'une voix égale. Quand
j'étais enfant — il mordit dans son pain —, j'ai été fort
malade. Ma mère, que Dieu ait son âme, a fait un pèlerinage et a remonté à
genoux la nef jusqu'à la statue de Notre-Dame de Chartres. Elle a promis que,
si je vivais, je serais prêtre. Mon père, un soldat, y était opposé, tout comme
moi.
    Il eut un petit rire.
    — Jusqu'à ce que je rencontre
Jacques de Molay et votre oncle, Réginald de Deyncourt, qui étaient et
resteront des hommes de bien, de nobles templiers, que le bon Seigneur *
a accueillis en martyrs de la foi.
    — Je vous ai entrevu à la taverne de L' Oriflamme .
    — Tout comme moi, souligna
Demontaigu, avec ce clerc anglais que vous avez tué. Là encore, si vous ne
l'aviez pas fait — il prit une autre bouchée —, je m'en serais
chargé. Lui aussi a provoqué son propre destin. La mort répond toujours.
    — Pourquoi étiez-vous
là-bas ?
    Demontaigu avala son pain.
    — Écoutez, commença-t-il avec
calme, et vous connaîtrez au moins une partie de la vérité. Il est exact que je
me trouvais dans cette taverne. J'étais aussi au prieuré.
    — Qui m'a attaquée ?
    — Je l'ignore. Regardez-vous,
Mathilde, avec vos cheveux noirs et vos yeux clairs. Votre oncle disait que
vous étiez avenante. Il se trompait. Je pense que vous êtes belle, mais, une
fois de plus, je suis un chevalier. Je connais les manières courtoises des trouvères.
    Son sourire disparut.
    — Mais plus de chanson.
Mathilde, j'ai juré sur la Sainte Face d'accomplir la justice de Dieu. Sa
vengeance contre les destructeurs de mon ordre.
    Il s'interrompit.
    — Votre oncle, Réginald de
Deyncourt, était un bon ami. Je me suis battu à ses côtés à Saint-Jean-d'Acre
quand le ciel s'est embrasé et que la terre était trempée de sang, mais j'étais
jeune alors. J'ai trente-six ans à présent. Je suis revenu de Terre sainte en
France pour servir d'écuyer à Jacques de Molay, grand maître de notre ordre.
Quand il s'est élevé, je me suis élevé avec lui. Je connais ses transactions
avec ce démon aux cheveux d'argent et aux yeux bleus, Philippe de France.
    Il mastiqua son pain.
    — Savez-vous pourquoi il s'en
est pris à votre ordre ?
    — Non, pas la vraie raison.
Je ne comprends pas, sauf une chose.
    Il leva un doigt en l'air.
    — Un jour, Molay a fait
allusion à ce qu'il a appelé « l'entreprise d'Angleterre », mais
l'épée a alors frappé. On a arrêté les templiers dans le royaume tout entier. J'ai
eu de la chance ; Molay me dépêchait souvent en tant que messager dans nos
établissements d'Aragon ou d'ailleurs. Il n'existait aucune description précise
de moi. Je pouvais me cacher sous le nom de ma mère, que ce soit comme
religieux ou comme clerc anglais. Je suis un homme de l'ombre.
    — Et messire de Vitry ?
     
    — Il a eu peur, Mathilde.
C'était un homme bon, honorable et sage. Votre oncle avait bien choisi. L'aide
que vous a apportée Vitry a été inappréciable. Il a eu raison : l'endroit
le plus sûr pour vous était la Cour de France.
    Bertrand essuya de sa manche son
front en sueur.
    — Pourtant, messire de Vitry
se sentait coupable. Il était aussi affolé. Dieu seul sait ce qu'il faisait. Il
est venu me voir un jour et m'a demandé de l'absoudre. J'ai accepté et l'ai
entendu en confession. Je ne peux vous révéler ce qu'il a dit, bien sûr, mais
il redoutait l'avenir.
    — Pourquoi se sentait-il
coupable ?
    — À votre sujet. Il vous
voyait en vous une colombe lâchée parmi les éperviers ; il voulait vous
assister davantage. Je lui ai offert ma protection, d'où sa lettre.
    — Mais alors,

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