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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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hommes, de Pourte et des autres.
    — Bien sûr que non !
s'exclama le roi en frappant sur la table. Ils étaient, malgré leur opposition
à Lord Gaveston ici présent, de bons et loyaux sujets.
    Il prit une profonde inspiration.
    — J'ai cru au début que
c'étaient des malaventures, mais Sandewic, Baquelle...
    Il hocha la tête.
    — En secret, au fond de mon
cœur, j'ai blâmé les barons.
    —  Mon seigneur *,
s'empressa de reprendre Isabelle, je vous en prie. Je jurerai sur n'importe
quel objet sacré que vous voudrez. Je dis vrai et vous donne un sage conseil. On
peut m'ignorer en raison de mon jeune âge, de mon inexpérience, mais, que le
bon Seigneur * m'en soit témoin, il y a un point sur lequel je n'en
démordrai pas.
    Sa voix se fit plus dure.
    — Je connais mon père. De grâce,
je vous en supplie, quoi qu'il ait juré en secret, quoi qu'il ait promis, quel
que soit le projet qu'il nourrisse, je vous le demande à genoux, ne le croyez
pas. Dites-moi, sur la foi de mon amour pour vous, ce qu'il vous a confié dans
le secret des recoins bien cachés, dans des missives envoyées sous sceau privé,
par la bouche de Marigny et des autres Secreti .
    Elle s'interrompit.
    — Je vous assure que toutes
ses promesses ne sont que mensonges destinés à vous prendre au piège, à vous
annihiler, vous et Lord Gaveston.
    Je me tournai vers le favori.
    — Lord Gaveston, vous vous
êtes rendu en cachette à Paris. Vous avez rencontré messire de Vitry. Vous
possédez à présent son tableau représentant sainte Agnès.
    Je me tus.
    — Vous avez voyagé au moment
où on appréhendait les templiers. Messire de Vitry a fait allusion à un
visiteur qui, en y réfléchissant, devait être quelqu'un d'important. Vous, mon
seigneur *, vous avez remarqué en plaisantant que Douvres était un endroit
parfait pour quitter discrètement notre royaume.
    Gaveston n'avait plus rien du
godelureau, et son regard était devenu dur, voire affolé.
    — Oui, oui. Je suis allé chez
Vitry pour quérir l'argent déboursé par le roi Philippe ; c'est ainsi que
cela était prévu. J'ai vu le tableau. Messire de Vitry m'en a fait présent.
    Édouard se leva et se mit à
arpenter la pièce en rassemblant ses idées.
    — Depuis une centaine
d'années, commença-t-il, les grands barons se battent contre ma famille, notre
lignée de rois honorables. Mon arrière-grand-père a été poursuivi par tout le
royaume et a perdu son trésor dans la baie de Wash. Mon grand-père Henri a
connu la guerre civile, la capture et l'emprisonnement, et même mon père, le
célèbre guerrier — le roi ne put déguiser son intonation
sarcastique —, a été harcelé sans répit par ceci ou cela, forcé de signer
telle ou telle charte, de faire des promesses, de renoncer à ses droits. Le
parlement et les assemblées, les ecclésiastiques rebelles et les nobles l'ont
obligé à aller, le couvre-chef à la main, mendier de l'argent, car seules des
toiles d'araignées remplissaient les coffres de son trésor.
    Édouard se rencogna dans sa
chaire.
    — L'alliance proposée en vous
épousant, madame, ouvrait une autre voie. L'été dernier, comme vous le savez,
mon père a exilé Lord Gaveston. Il s'est rendu en France et a été accueilli
avec chaleur par le roi Philippe, qui a insisté sur le fait que mon illustre
père n'était pas éternel. Philippe a promis que si je vous épousais, il me
prêterait main-forte pour écraser une bonne fois toute opposition en
Angleterre. Mon père a trépassé en juillet l'année dernière. Quelques mois plus
tard, Lord Gaveston est reparti en secret en France pour continuer nos
négociations. C'est alors que messire de Vitry lui a donné ce tableau. Philippe
a offert une aide militaire qu'il financerait avec la fortune prise aux
templiers.
    Je m'assis sur mes talons et
acquiesçai. Je me souvins que Vitry désirait me voir partir car il attendait un
autre visiteur. Rien d'étonnant à ce qu'il ait été si troublé, déchiré entre
moi et les machinations des princes.
    — L'entreprise
d'Angleterre ? demandai-je en levant la main. Mon seigneur *, je
vous prie de m'excuser.
    — N'en faites rien, Mathilde.
Cela changerait-il quelque chose ? Oui, l'entreprise d'Angleterre, la
véritable raison pour laquelle Philippe a attaqué les templiers. Il avait
besoin de leurs richesses. Quand Lord Gaveston retourna à Paris, en décembre
dernier, notre traité secret fut confirmé. J'épouserais Isabelle. Notre

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