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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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princesse. Ils ont alors
engagé Pelet dans sa maison pour nous surveiller toutes les deux.
    — L'avez-vous occis ?
    — Non, messire, ce n'est pas moi.
    — La princesse, haleta Casales. Je...
    — C'est bien la fille de son
père, comme Marigny s'en est aperçu quand il a voulu m'interroger. Si Sa Grâce
ne m'avait point si bien défendue, je n'aurais jamais quitté la France. Les
choses étant ce qu'elles étaient, vous et Rossaleti m'avez agressée dans
l'escalier de l'infirmerie de St Augustine.
    — Nous étions...
    — Non. C'était une nuit
d'hiver dans un prieuré lugubre. Vous n'étiez que deux silhouettes en bure
noire qui voltigiez comme des chauves-souris dans l'ombre. Vous vous êtes servi
du frère lai, le simplet. Rossaleti s'est fait passer pour un bénédictin et,
pour créer la confusion, a saisi les mains du pauvre homme. Pourquoi ? Eh
bien, ces niais ont la mémoire du toucher ; il a parlé de deux mains et de
leur peau calleuse, ce qui impliquait qu'il ne pouvait en aucun cas s'agir de
vous ou de Rossaleti.
    — Comment... ?
    — Sir John, si vous étiez
capable de me jeter un morceau de sac sur la tête, Rossaleti pouvait bien utiliser
quelque artifice pour se durcir les mains. Vous avez mené cette
agression ; vous étiez là, Sir John. Les festivités à la taverne de L'Échiquier
de l'espoir battaient leur plein, les gens allaient et venaient, et la
distance entre l'auberge et le prieuré est courte. Si vous aviez pu agir à
votre guise, je serais morte à ce moment-là ; mais il se trouve que j'ai
été sauvée par Demontaigu.
    Son étonnement me fit sourire.
    — Oh ! oui, cette
nuit-là il y avait plus d'un assassin au prieuré. Pendant l'attaque, j'ai été
poussée et tirée comme si deux personnes m'entraînaient en haut de l'escalier.
Il y en avait vraiment deux : vous et Rossaleti.
    — C'était Rossaleti...
    — Il ne peut répondre. Il est
mort, Sir John, parce que vous l'avez occis. Il n'a pris ni barge ni
barque : l'eau le terrifiait. Vous avez demandé à le rencontrer quelque
part sur ce quai de Westminster noyé dans les ténèbres et le brouillard. Il
s'est approché de l'eau pour voir un homme en qui il avait confiance. Vous avez
agi avec la rapidité d'un faucon qui fond sur sa proie ou celle d'un serpent
qui frappe et l'avez poussé dans le fleuve. Le choc seul aurait suffi à le
tuer. Il s'est débattu quelques secondes dans les eaux glaciales. Il a perdu la
vie comme il avait perdu son âme.
    — S'il était mon complice,
pourquoi l'aurais-je tué ?
    — Parce que vous êtes un
assassin. Dieu seul le sait, mais il se peut que Rossaleti n'ait pas eu une âme
aussi noire que la vôtre. Peut-être regrettait-il ce qu'il avait fait.
Peut-être les trépassés revenaient-ils le hanter. Il m'aimait bien. J'ai lu de
la tristesse dans ses yeux. A-t-il commencé à avoir des scrupules ? Mais,
pour vous, il était faible et vous ne pouviez vous fier à lui. C'était le seul
membre de la Cour anglaise qui connaissait toute la vérité ; vous l'avez
jugé et avez appliqué la sentence. Vos sinistres maîtres à Paris
l'entérineraient. On ne pouvait permettre à quelques remords de vous mettre en
danger et, moins encore, de compromettre leur entreprise.
    Casales se leva, s'étira et
parcourut la nef du regard. Demontaigu s'y trouvait, arbalète amorcée. Dehors
s'élevaient le cliquetis des armes et le murmure des archers que déployait Ap
Ythel.
    — Pourquoi aurais-je tué
Vitry ?
    — Oh ! il en savait trop
long sur cette affaire et Philippe avait de bonnes raisons de se méfier de lui.
Vitry était un homme obligeant, un loyal sujet accoutumé aux intrigues royales,
mais incapable de supporter la perfide attaque du roi contre les templiers. Je
présume qu'il n'a pu le cacher et qu'il en a payé le prix.
    — Et vous me tenez aussi pour
coupable des autres meurtres ?
    Casales ne montrait ni contrition,
ni regret, ni signe de nervosité, si ce n'est qu'il avait un air fuyant et
s'humectait parfois les lèvres. C'était un vrai soldat, qui étudiait l'ennemi
et ce qui pouvait arriver sans s'affoler.
    — Bien sûr ! Ce fut aisé
pour Baquelle. Le sommet de ces pavillons était vulnérable, surtout pendant
qu'ils étaient remisés dans des transepts sombres. Vous, Sir John, emmitouflé
et encapuchonné, pouviez pénétrer dans l'abbaye avec épée et poignard. Vous
avez entaillé les chevilles, de combien ? d'un pouce à peu près. Vous

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