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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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revenais après avoir accompli ma mission quand une
jeune femme sortit de l'ombre dans le couloir.
    — Demoiselle Mathilde ?
    On me tirait par la manche. Je la
regardai. Ses beaux cheveux roux encadraient un visage effronté. Vêtue d'une
robe au décolleté profond, elle s'approcha, dans une bouffée de parfum.
    — Madame ?
    — Je viens de la part de
Louis, le frère de la princesse.
    — Je sais de qui il s'agit,
répondis-je.
    Elle me saisit la main et je
sentis le petit sac de pièces.
    — Louis considérerait comme
une grande faveur que vous le teniez informé de l'état d'esprit de sa sœur.
    Je retirai ma main d'un geste
brusque et la bourse tomba au sol.
    — Si le frère de la princesse
désire connaître l'humeur de sa sœur, il n'a qu'à lui poser la question. Je
vous souhaite le bonjour.
    J'étais si absorbée par ce qui
venait de se passer que je m'égarai dans le labyrinthe de galeries et de
couloirs, aussi me fallut-il un certain temps avant de retourner dans les
appartements d'Isabelle. Quand j'entrai dans sa chambre, je fus étonnée de la
voir assise dans une chaire devant le feu, la jeune femme que j'avais
rencontrée sur une sellette près d'elle. Dès que j'apparus, Isabelle, d'un
geste, la congédia. La dame se leva, fit une révérence, m'adressa un large
sourire, et sortit en hâte de la pièce.
    — Venez, Mathilde, venez ici,
ordonna Isabelle avec un signe de la main.
    Je m'installai sur la sellette et
elle me caressa les cheveux.
    — Vous avez passé l'examen :
vous êtes incorruptible ! Non, non, écoutez-moi à présent, voilà ce que je
veux que vous fassiez : vous connaissez le quartier de l'université et
vous savez que les différents étudiants de chaque royaume se regroupent par
nations ? Je veux que vous vous rendiez dans le quartier anglais. Je veux
que vous vous promeniez parmi les étudiants et les érudits, surtout parmi les
clercs appartenant aux suites des envoyés anglais. Découvrez tout ce que vous
pouvez sur mon futur mari, Édouard d'Angleterre.
    Elle fit une pause.
    — Je ne sais de lui que ce
que l'on m'en a dit !
    Elle imita le ton pompeux d'un
émissaire :
    — Comme il est
courtois ! Comme il est beau !
    Elle me fit un clin d'œil.
    — Il me reste à rencontrer un
homme auquel je peux me fier. Alors, ferez-vous cela pour moi ?
    — Bien sûr, madame.
    — Parfait, Mathilde. Je
pense, d'après ce que vous m'avez narré, que la ville n'a guère de secrets pour
vous, mais comment cela se fait-il et pour quelles raisons, je ne sais pas
encore. Donc...
    Elle me glissa une bourse dans la
main.
    — Vous l'avez refusée une
fois, dit-elle en souriant, mais maintenant elle est à vous ! Offrez-leur
du vin, Mathilde, que leur langue se délie. Quand vous en aurez terminé,
revenez me raconter tout ce que vous aurez appris.
    Notre façon de juger les enfants
est étrange, n'est-ce pas ? Nous laissons libre cours à notre
arrogance : de petits corps doivent renfermer de petits cerveaux. Mais
c'est faux. Isabelle avait treize ans, mais elle possédait toute la sagesse,
toute l'astuce d'une femme de soixante-dix ans. Le lendemain, je pris quelques
paniers et quittai le palais. J'eus plaisir à me retrouver dans la cité.
Surtout au Quartier Latin avec ses tavernes, ses rôtisseries, ses ruelles,
certaines pavées, d'autres non, son air plein de fragrances et d'odeurs
variées, ses foules en habits bigarrés qui se bousculaient. Je pénétrai dans la
partie qui hébergeait les Anglais. Les étudiants en tunique loqueteuse qui
logeaient dans des galetas ne demandaient pas mieux que de s'en échapper pour
aller faire bombance dans les tavernes. C'était une cohue bruyante et colorée
de jouvenceaux pleins de joie de vivre, qui récitaient des poèmes, portaient un
furet ou un écureuil apprivoisé, se disputaient, se battaient, jouaient aux
dés, se pourchassaient, cherchaient sans cesse à gagner un sol ou à séduire une
femme. Ils coudoyaient les bourgeoises à la taille serrée et au large décolleté
et faisaient fi des conseils moraux d'un franciscain qui, dans sa bure brune
ceinturée par une cordelette, fulminait dans un coin contre la luxure du monde.
Ils jouaient du rebec et de la flûte, entonnaient des chants sans queue ni
tête, couronnaient un chien Roi de la Fête et lui faisaient arpenter la rue en
partie pavée, mené par un mendiant muni d'une sébile. J'avais déjà rencontré
quelques Anglais auparavant ; à présent, je me

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