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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l'église sonnaient none, nous quittâmes les
rues de la ville. La lumière vive et froide du soleil baissait vite et l'air
glacé nous fit nous hâter dans les ruelles bruyantes. Nous traversâmes le pont
sur la Seine et le parc noyé de brume entourant le palais. Casales et
Rossaleti, qui nous avaient décrit les beautés de Westminster, chevauchaient à
présent en tête en devisant et en laissant à leurs chevaux le soin de trouver
leur chemin.
    J'aperçus les sombres silhouettes
qui se faufilaient entre les arbres et les buissons bordant l'allée juste avant
que les carreaux d'arbalète ne déchirent l'air. Un héraut hurla au moment où
l'un des projectiles se fichait dans son bras. Une autre volée claqua avant que
nous puissions nous ressaisir et les silhouettes, épées au clair, se
précipitèrent hors du couvert. Leur cible semblait être Casales, dont la
monture apeurée renâcla, mais ce chevalier était un soldat-né. De son unique
main il tira son épée dans un éclair d'acier, fit pivoter son cheval pour
affronter ses agresseurs et frappa avec dextérité à gauche et à droite.
    Notre escorte stupéfaite reprit
ses esprits et se rua à son secours, tout comme Rossaleti, qui poussa sa
monture en avant pour protéger les arrières de son ami. Nos assaillants
disparurent aussi vite qu'ils étaient arrivés, fuyant comme démons devant la
sainte Croix. Les sergents rappelèrent les hommes à l'ordre et interdirent une
poursuite qui se serait révélée vaine parmi ces arbres drus alors que la brume
s'épaississait et que le soir tombait. Casales et Rossaleti mirent pied à terre
et retournèrent les corps de quatre attaquants. Je pressai ma monture et
rejoignis Casales quand il ôta le capuchon et le masque d'un des survivants qui
avait reçu un mauvais coup d'épée sur le côté du cou. Il était jeune et son
visage non rasé n'était que contusions et cicatrices ; c'était sans doute
un coquin des quartiers miséreux. Rossaleti l'interrogea, mais des lèvres de
l'homme ne sortait qu'une écume sanglante, alors le clerc, perdant patience,
tira sa dague et lui trancha la gorge.
    Puis Casales et lui remontèrent en
selle. Je me souviens à quel point Casales semblait furieux que cette attaque,
si près du palais royal, ait été dirigée contre lui. Personne n'osa protester.
Les Génois lièrent les pieds des assaillants morts et les tirèrent derrière eux
jusqu'au palais. On donna l'alarme et le roi en personne, suivi de tous ses
conseillers, se précipita dans la cour. Casales parlait à voix basse mais, à en
juger par les hochements de tête de Marigny et de Nogaret, il leur assurait que
le trépas de Pourte avait pu, lui aussi, être le fait de la bande qui nous
avait attaqués. Le roi examina lui-même les dépouilles avant d'ordonner qu'on
les dévête, qu'on les mutile et qu'on les pende aux hautes potences devant les
grilles du palais.

 
     
    CHAPITRE V
     
     
     
    Cette race perverse poursuit ses
fins en aveugle.
    Chanson des temps anciens, 1272-1307
     
     
    Isabelle et moi eûmes peu de temps
pour réfléchir ou parler de ce qui s'était passé. Afin de préparer l'éventuel
départ en Angleterre, la maison de la princesse s'était accrue de nouveaux
domestiques. Je ne peux tout simplement pas me souvenir de la plupart d'entre
eux. Penser au passé, c'est comme se tenir à l'entrée d'une rue et attendre
avec anxiété que quelqu'un, ou quelque chose, se manifeste. On a conscience de
nombre d'autres choses, mais l'âme, le cœur, les yeux ne cherchent que ce que
l'on désire. Il en allait de même avec les gens de la
princesse — portiers, servantes, soldats, serviteurs. Et, qui plus
est, je les évitais, n'ayant oublié ni le pouvoir des Secreti ni l'adage
populaire disant que Judas a toujours un visage souriant et des lèvres prêtes
au baiser. Je ne pouvais me fier à personne. Le soir de cette mémorable
journée, après notre retour de la cité, Isabelle et moi fûmes convoquées dans
la salle du tribunal du roi, où celui-ci trônait derrière une table de chêne
ovale. Il portait une cotte bleue blasonnée de lys dorés, une relique de Saint
Louis était suspendue par une chaîne à son cou, et ses doigts étaient ornés de
précieuses bagues scintillantes. À sa droite et à sa gauche étaient assis
Marigny et Nogaret, vêtus de noir, tels des corbeaux.
    Au mur, derrière le roi, une
somptueuse tapisserie brodée dépeignait l'approche du port de Damiette par son
célèbre

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