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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d'autre de riches demeures et d'échoppes. Nous passâmes sous les tours
et la flèche de St Paul, sur les voies bordant la Tamise, et entrâmes par la
Voie royale dans la spacieuse enceinte de Westminster. D'un côté se dressaient
les vastes salles et les habitations à hauts pignons du palais, de l'autre l'admirable
chef-d'œuvre de pierre à couper le souffle qu'était l'abbaye de Westminster,
dans son exubérance, ses contreforts, ses murs, ses vitraux, sa dentelle de
pierre et ses portails monumentaux qui scintillaient sous le gel. Nous y
pénétrâmes et remontâmes l'imposante nef vers le maître-autel. Isabelle et
Édouard s'agenouillèrent dans le chœur pour rendre grâces avant de se
recueillir sur le tombeau de marbre d'Édouard le Confesseur à l'abri sous son
dais.
    Puis nous descendîmes vers la
Tour. À l'embarcadère royal à Westminster, nous prîmes place sur une magnifique
barge royale adornée avec soin. Nous partîmes, les rameurs l'échine courbée sur
les rames, pendant que les souverains, trônant sous un dais d'or, saluaient la
foule rangée sur la rive nord du fleuve. Nous dépassâmes les célèbres quais de
Queenhithe, Dowgate et autres, et, pour la première fois, je ressentis la peur
d'affronter les eaux entre les piles des arches du Pont de Londres. Ce fut en
vérité une terrifiante aventure : l'eau tonnait et déferlait dans un bruit
de tambours infernal, l'écume retombait comme la pluie. Nous accostâmes enfin
en douceur au quai de la Tour, où Sandewic et Baquelle, portant la livrée
resplendissante de la maison royale, nous attendaient.
    Je n'oublierai jamais la première
fois où j'arrivai à la Tour, cette sévère forteresse menaçante, élégante
pourtant sous certains aspects, qui devait jouer un rôle capital dans la vie de
ma maîtresse. Henri III avait copié ce qu'il y avait de mieux en France pour
construire et rénover l'abbaye et le palais, mais la Tour rappelait avec force
le caractère belliqueux du vieux monarque. Rien d'étonnant à ce que Sandewic y
consacrât sa vie. C'était un endroit bâti pour un soldat, pour la guerre, qui,
par sa taille et sa puissance mêmes, suffisait à mettre en garde et à soumettre
les turbulents Londoniens. Elle dominait le fleuve avec son donjon central, ses
murailles, ses douves profondes, ses redoutables bastions, ses tourelles
impérieuses, ses porches profonds et sombres, que défendaient des créneaux, des
meurtrières, des passages étranglés et des herses hérissées d'acier. Entrant
par la Porte du Lion, nous franchîmes le pont qui enjambait la douve puante et
verdie par la vase, et frôlâmes la barbacane où les bêtes sauvages du
roi — lions, léopards et autres animaux
terrifiants — rôdaient et rugissaient. Nous fîmes halte pour les
écouter avant de repartir en passant par la Tour du Milieu, sous la Tour
Byward, pour déboucher dans le bayle extérieur, vaste espace ouvert qui
s'étendait entre deux murs d'enceinte et où se trouvaient les écuries, les
entrepôts et les quartiers des soldats et des valets.
    Notre route nous amena sous la
Tour St Edmund et par une autre poterne jusqu'à une cour close par le grand
donjon carré, par la Tour Wakefield et par celle du Fanal. Reliant ces tours
entre elles, on avait érigé des logements royaux, de magnifiques maisons au
hourdis blanc et rose, au colombage d'un noir de jais, aux fondations de pierre
et aux toits de tuile rouge.
    La lumière et l'air entraient par
de larges fenêtres garnies de verre. Le sol, à l'intérieur, était revêtu de
parquet ciré. Partout, les murs peints imitaient la pierre de taille. Des
frises représentant des animaux, des plantes, des fleurs, des anges, des griffons
et toute une série de devises héraldiques retenaient l'œil. L'une de ces
demeures, que Sandewic appelait le Château de la Tour, fut attribuée à
Isabelle. Gracieuse résidence, elle s'enorgueillissait de chambres privées
ornées de tentures et meublées de coffres et de tables. Au rez-de-chaussée, une
petite salle, décorée avec goût, drapée de tapisseries aux couleurs vives,
présentait une table de chêne ciré sur une estrade et, au-dessous, des planches
sur tréteaux pour les serviteurs. Toute la demeure était chauffée par des
braseros et des feux qui ronflaient dans les cheminées ornementées. Chaque
pièce comprenait un lavarium avec cuvettes, brocs et patères pour suspendre les
toailles, ainsi qu'une roue de chandelles que des poulies

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