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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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vu chez messire de Vitry.
    — Impossible, releva-t-elle.
Gaveston était en Angleterre à ce moment-là... sauf s'il s'est rendu à Paris en
secret.
    J'évoquai aussi l'homme au regard
pénétrant que j'avais aperçu dans la taverne, à Paris, et derechef ici.
Était-ce lui qui avait surgi quand on m'avait assaillie à l'infirmerie ?
Je dus pourtant admettre à la fin que nous poursuivions des ombres, si bien
qu'Isabelle en vint aux agissements de la Cour.
    — Mon époux ne me rejoindra
pas, déclara-t-elle en se levant et en se dirigeant vers la fenêtre. Et je ne
le rejoindrai pas, du moins pas avant que les Français soient repartis. Jeux
subtils et stratagèmes tortueux, n'est-ce pas, Mathilde, mais comment, où et
quand tout cela se terminera-t-il ?
    Les mots m'échappèrent :
    — Par un carnage
sanglant !
    — C'est vrai, Mathilde ;
je crois que vous avez raison.
    Peu après, nous quittâmes le
prieuré pour nous diriger à bride abattue vers Londres. Édouard, aussi
inconstant que jamais, annonça sans ménagement que le couronnement devrait être
repoussé. Les Français en conçurent de l'aigreur. Isabelle continuait à être
tout à fait délaissée par son époux. Gaveston, en plaçant avec ostentation dans
ses chariots et ses tentes les cadeaux de noces offerts à Isabelle par sa
parenté, ne fit que jeter de l'huile sur le feu. On dépêcha Sandewic et
Baquelle en avant-garde afin que la Tour et la ville soient prêtes pour
l'arrivée royale. Casales et Rossaleti furent chargés de s'occuper de nous. Le
clerc à la peau mate et aux yeux limpides reconnut qu'il était d'humeur sombre
et que la France lui manquait un peu, bien qu'il fût fort occupé à organiser la
chancellerie de la reine et les autres domaines de sa maison. Il amusait tout
le monde par ses plaintes et ses doléances incessantes contre le froid, Casales
devant lui rappeler que le temps à Paris n'était guère différent. Après le
départ de Sandewic, Casales se détendit et avoua qu'il trouvait le vieux
gardien de la Tour compagnon difficile avec ses constantes récriminations
contre le roi et Lord Gaveston. Il s'attacha davantage à ma personne. Je le
surprenais affalé sur sa selle, les rênes dans sa main valide, les yeux
perçants dans son visage sévère sous la chevelure hirsute, me scrutant avec
attention. Remarquant la contusion sur ma tempe, il m'interrogea. Je lui
répondis que j'étais tombée et il s'en tint là.
    Casales se faisait l'écho des
commérages de la Cour et décrivait les divers palais et manoirs royaux à King's
Langley, Woodstock et ailleurs. Il avait aussi très envie de revoir Londres,
qu'il nous dépeignait.
    — La cité est comme un
rectangle, avec six portes principales qui datent toutes des Romains, nous
expliqua-t-il. Au sud-est se dresse la Tour, la grande forteresse du
Conquérant, le fief de Sandewic, qui surplombe la Tamise. On l'a érigée pour
intimider les Londoniens avec son donjon central. Les défenses de la ville
remontent, au nord, jusqu'à Aldgate, s'étendent à l'ouest jusqu'à Bishopsgate
et Cripplegate, puis descendent en passant par Newgate jusqu'au fleuve. Elles
enserrent environ cent trente acres et abritent tous les genres de pécheurs qui
existent en ce bas monde. Ce qu'a Paris, Londres en regorge : estaminets,
étuves, tavernes, auberges et bordels, négociants, nobles, marchands, clercs et
étudiants.
    Il hocha la tête :
    — On peut trouver à Londres
tout ce qui rampe ou marche sous le soleil. Si le diable fait du bon travail,
Dieu aussi. Il y a St Paul au clocher chargé de reliques contre la foudre, et
mille et une autres églises, bien que pour chaque prêtre il y ait une ribaude,
pour chaque moine un félon et pour chaque frère un larron. Comme vous le dira
Sandewic, les gibets municipaux des Elms, à Smithfield, sont toujours pleins.
    Quelques jours plus tard, nous
vîmes Londres de nos propres yeux. Le maire, l'échevinage et les notables de la
ville, parés de robes écarlates aux capuchons fourrés, étaient venus par
centaines nous accueillir à Blackheath. Ils étaient alignés telles des troupes,
selon leur guilde, chacune sous sa bannière aux couleurs vives, blasonnée
d'emblèmes et d'insignes particuliers. Ils nous firent pénétrer dans la ville
et franchir le long pont qui enjambait la Tamise pour nous diriger vers le
nord. Le fleuve, sous nos pieds, était tumultueux. Barges et bateaux, tous
merveilleusement apprêtés, voguaient dans un

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