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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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de vous avouer que je suis effectivement coupable. C’est moi qui ai tué Parkman. Je l’ai découpé en morceaux et incinéré dans mon four, au laboratoire. Comprenez, j’étais un enfant unique, trop gâté. Je n’ai jamais su ancrer en moi la maîtrise des passions qu’un enfant doit acquérir dès son plus jeune âge, et voilà où j’en suis ! Les actions entreprises contre moi ont été justes, comme est juste la sentence qui m’oblige à monter sur l’échafaud.
    Le monde entier a raison, moi seul ai tort. Ce matin, j’ai envoyé le compte rendu entier et fidèle de mon meurtre à plusieurs journaux, ainsi qu’au courageux portier que j’ai accusé si honteusement. Si livrer ma vie à la Loi peut, ne serait-ce qu’en partie, expier mon crime, alors c’est une consolation.
    Déchirez cette lettre sans un autre regard. Vous êtes venu voir mon temps sur terre s’achever et mon âme entrer dans la paix. Ne ressassez pas ce que je vous écris en tremblant, car j’ai vécu avec le mensonge dans la bouche.
     
    Et tandis que voltigeaient au loin les petits bouts de papier lâchés par le Dr Holmes, la plate-forme métallique sur laquelle se tenait l’homme encapuchonné s’abaissa d’un coup, secouant violemment tout l’échafaudage.
    Ce qui avait bouleversé Holmes en cet instant, ce n’était pas tant que sa foi en l’innocence de Webster eût volé en éclats que la soudaine conviction qu’ils auraient tous pu être coupables, confrontés aux mêmes circonstances. En sa qualité de médecin, il avait maintes fois constaté que l’humanité était un projet tristement raté.
    Mais, d’ailleurs, y avait-il un seul crime qui ne fût pas aussi un péché ?
    Amelia entra dans la pièce en lissant sa robe.
    « Wendell Holmes ! Je te parle. Je ne comprends pas ce qui t’arrive, ces derniers temps.
    — Si tu savais tout ce qu’on m’a fourré dans la tête quand j’étais enfant, Melia ! » dit-il en lançant dans la cheminée un paquet de feuilles rapportées des séances de travail chez Longfellow.
    Il avait gardé dans une boîte tout ce qui concernait les activités du cercle des Amis de Dante : les traductions de Longfellow, ses notes à lui, les bristols du maître de Craigie Home confirmant la tenue de la réunion, tel ou tel mercredi. Il avait songé un temps écrire un compte rendu de leur travail il avait même évoqué le sujet avec Fields. L’éditeur avait aussitôt réfléchi à qui confier le soin d’écrire l’article de promotion. Quand on a été éditeur, on le reste sa vie entière. Holmes balança une nouvelle série de feuilles dans les flammes.
    « Quand j’étais petit, le personnel de cuisine, tous gens de la campagne, disait que l’appentis regorgeait de démons et de diables tout noirs. Un jour, je me souviens, l’un de ces bucoliques m’a dit que si j’avais le malheur d’écrire mon nom avec mon sang, un agent rôdeur de Satan, voire le Malin en personne, le mettrait dans sa poche et que, de ce moment-là, je deviendrais son domestique pour l’éternité. »
    Holmes rit d’un rire dénué d’humour.
    « On a beau arracher ses superstitions à un homme, il pensera toujours, à l’instar de cette Française à propos des fantômes : “ Je n’y crois pas, mais je les crains {35} ”.
    — Tu ne m’as pas dit, un jour, que les hommes avaient leurs croyances tatouées dans la chair, comme ces habitants des îles des mers du Sud ?
    — J’ai dit ça, Melia ? » Il se répéta la phrase pour lui-même. « C’était une façon de parler. J’ai pu le dire, en effet. Ce n’est pas du tout le genre d’expression qu’une femme inventerait.
    — Wendell ! »
    Amelia tapa du pied sur le tapis et se dressa face à son mari. Elle était de la même taille que lui, ou peu s’en fallait quand il ne portait pas son gibus et ses talonnettes.
    « Si tu m’expliquais ce qui te tracasse, je pourrais t’aider. Dis-le-moi, cher Wendell. »
    Holmes se tortilla sans répondre.
    « Écris-tu, au moins ? Le soir, je lirais volontiers de nouvelles poésies, tu sais. De ta plume.
    — Alors que nous avons les œuvres complètes de Milton, Donne et Keats dans la bibliothèque ? À quoi bon attendre de moi quoi que ce soit ? »
    Elle se tendit vers lui avec un sourire et lui prit la main.
    « Je préfère mes poètes quand ils sont vivants. Allez, raconte-moi ce qui te tracasse. Je t’en prie.
    — Excusez-moi de vous déranger,

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