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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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dans le passage, relevant à deux mains
sa cape d’hermine pour éviter qu’elle ne traîne par terre. Les autres la
suivirent avec un total manque de motivation.
    Une atroce odeur de renfermé leur sauta à la gorge
aussitôt qu’ils se furent engagés dans l’escalier. À pas mesurés, ils
descendirent une vingtaine de marches avant de sentir de nouveau le sol ferme
sous leurs pieds. Angelia leva alors sa lampe et une arche de pierre émergea
des ténèbres au-dessus de leurs têtes. On y lisait cette inscription
sculptée : Igne Natura Renovatur Integra.
    —  « La
nature est intégralement renouvelée par le feu », traduisit la jeune
femme. INRI, le Feu symbolisé par le Dragon…
    Werner, qui n’y comprenait goutte, tenta désespérément
de prendre un air pénétré, mais déjà Angelia s’avançait vers de nouvelles
marches. Peu rassuré, Werner lui emboîta le pas et s’aperçut avec horreur que
les marches n’étaient plus en pierre mais en bois, et branlantes par-dessus le
marché. Comble de l’épouvante, l’escalier s’enfonçait dans un gouffre plongé
dans un noir d’encre et semblait ne devoir jamais finir. Et de fait, la
descente, ponctuée d’angoissants craquements et gémissements, s’avéra
interminable. Werner, qui aurait donné cher pour se trouver dans son lit à
Londres, avait l’impression d’errer depuis des heures dans ce lieu sinistre, et
commençait à désespérer de sortir un jour de ce cauchemar lorsque enfin le
petit groupe atteignit le bas des marches. Devant eux s’ouvrait un étroit boyau
à l’extrémité duquel resplendissait une vive lueur qui, par contraste, rendait
les ténèbres ambiantes encore plus obscures. La vue de cette chaude clarté
remonta le moral de Werner qui se sentit soudain comme libéré d’un poids. Ce
fut d’un pas plus vif qu’il marcha vers la brillante lumière à la suite de ses
acolytes.
    Parvenus sur le seuil d’une vaste salle dallée, ils se
figèrent et clignèrent des yeux, éblouis. Tout le long des murs, dans des
vasques de pierre ciselées, brûlaient d’immenses feux aux longues flammes
rougeâtres qui léchaient le plafond. La pièce illuminée baignait dans une
chaleur à la fois apaisante et mystérieuse.
    —  Nous
sommes bien dans le sanctuaire du Feu, le plus important de tous, murmura
Angelia.
    Ce n’était pas sans raison que l’alchimiste était
parfois appelé « philosophus per ignem », c’est-à-dire « philosophe par le feu ». Les diverses opérations ayant
lieu pendant le Grand Œuvre pouvaient se ramener à une seule, la cuisson, car
tout se faisait par le feu. En effet, la Matière une fois préparée, la cuisson
seule pouvait la changer en pierre philosophale.
    Le cours des réflexions d’Angelia fut interrompu par
Werner. Son second contemplait d’un air effaré les vasques enflammées.
    —  Comment
un tel prodige est-il possible ? Depuis quand ces feux brûlent-ils ?
    —  Probablement
depuis des siècles, rétorqua Angelia avec agacement. Rien d’extraordinaire à
cela : ce sont des lampes perpétuelles.
    Sans se donner la peine d’expliciter cette énigmatique
notion, elle se dirigea vers le fond de la salle et examina avec soin une porte
de pierre creusée dans la paroi.
    —  Je
suppose que nous devons franchir cette porte pour progresser dans le
sanctuaire, dit Werner en la rejoignant.
    Angelia lui décocha un regard mauvais.
    —  Naturellement,
à moins que vous ne voyiez une autre issue !
    La voûte de pierre sonore amplifiait ses paroles et sa
voix résonna encore plus désagréablement que d’habitude aux oreilles de Werner.
    La jeune femme laissa courir ses doigts sur la pierre
teintée de rouge par les flammes inextinguibles. Se faisant, de la poussière
vola et un peu de couleur apparut sur la porte. Angelia sortit un mouchoir et
entreprit d’en épousseter la pierre. Un dessin en forme de spirale se dévoila
alors aux yeux des visiteurs.
    —  Qu’est-ce
donc ? demanda Werner en collant presque son nez à la porte pour mieux
voir.
    Angelia l’écarta sans ménagement et se pencha sur le
motif. La spirale se divisait en soixante-trois cases numérotées, pierres
équarries disposées avec art, dont chacune abritait un dessin. Dans les cases 6
et 12 étaient représentés des ponts, dans la 26 et la 53 une paire de dés, dans
la 31 un puits, dans la 42 un labyrinthe, dans la 58 la mort. Toutes les neuf
cases apparaissait en outre une oie. Au centre de la

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