Le Cercle du Phénix

suivre.
Dolem… Cette femme est pleine de ressources.
    Secondé par Megan, il se mit à la recherche de la pierre
suivante. Jeremy s’apprêtait à leur venir en aide lorsqu’une poigne de fer
s’abattit sur son bras.
    —  Attendez,
ordonna Gabriel d’une voix brève.
    Jeremy se retourna vers lui, furieux.
    —  Lâchez-moi !
Qu’est-ce qui vous prend ?
    —  Je
me souviens, se contenta de répondre Gabriel, le visage grave.
    Le journaliste pâlit et sa bouche
s’assécha.
    —  De
quoi parlez-vous ?
    —  Je
me souviens du jour où j’ai assassiné votre père. Vous étiez là. Vous m’avez
vu, et je vous ai vu aussi, mais je ne m’en suis rappelé que récemment.
    Exsangue, Jeremy vacilla comme si
Gabriel venait de le frapper.
    —  Oui,
j’étais là, confirma-t-il d’une voix étranglée. Avez-vous… l’intention de
m’assassiner également aujourd’hui ?
    D’un geste brusque, il se dégagea de
l’étreinte de Gabriel et le fixa d’un regard brûlant de haine. Calmement, le
jeune homme sortit de sous son manteau ses poignards, rangés dans leurs
fourreaux de nacre, et les tendit à Jeremy.
    —  Prenez-les,
ils sont à vous.
    Tétanisé, le journaliste ne réagit
pas.
    —  Prenez-les,
insista Gabriel en jetant un rapide coup d’œil en direction de Julian et Megan,
par chance trop occupés à chercher les émeraudes pour faire attention à eux. Et
faites ce que vous avez à faire, ajouta-t-il à voix basse, je ne me défendrai
pas.
    Jeremy ouvrit des yeux immenses. Ses
doigts se refermèrent sur les armes, et il s’empressa de les cacher sous son
manteau.
    —  Ainsi
mon père sera vengé, gronda-t-il sourdement, et je retrouverai enfin la paix…
    Gabriel acquiesça.
    Du haut d’un rocher plat qui dominait
le camp, Megan les interpella alors.
    —  Que
faites-vous ? Nous devons nous hâter ! Ils ont de l’avance sur nous,
et les bandits que Gabriel a assommés peuvent se réveiller d’une seconde à
l’autre !
    Les jambes flageolantes, Jeremy se
dirigea vers elle.
     
    *
     
    —  Encore
une satanée porte ! cria Angelia, exaspérée, en lançant un regard assassin
à Dolem. Quand cesserez-vous de vous moquer de nous ?
    À l’instar de Cassandra et Nicholas,
elle avait déduit des propos de Dolem que la salle de musique marquait la fin
du sanctuaire et de leur périple. Or il n’en était rien. Devant eux, lourde et
imposante, s’élevait une nouvelle porte de forme triangulaire, pointe dirigée
vers le haut. Encadré par le soleil et la lune, un lion d’or à la crinière
flamboyante, symbole de la pierre philosophale, se dressait fièrement sur ses
pattes de derrière au centre du triangle.
    Dolem s’était immobilisée, la
respiration haletante.
    —  C’est
la dernière, annonça-t-elle d’une voix altérée par l’émotion. Lorsque vous
l’aurez franchie, plus aucun obstacle ne vous séparera de la pierre
philosophale.
    Durant quelques secondes, personne ne
bougea. Puis Angelia et Nicholas se précipitèrent d’un même mouvement vers la
porte.
    —  Inutile
de vous escrimer, prévint Dolem tandis qu’ils s’arc-boutaient vainement contre
la pierre. Vous ne pourrez l’ouvrir de cette manière.
    —  Alors
comment ? gronda Angelia qui piaffait d’impatience.
    —  Regardez
la devise qui surplombe la porte.
    Tous levèrent les yeux vers les mots gravés
sur une plaque d’émeraude.
    — « Nascendo quotidie morimur  », lut Cassandra. « En naissant, nous mourons
chaque jour »…
    —  Une
pensée de Sénèque, précisa Dolem. Cette phrase peut également se lire
ainsi : « Pour produire, nous mourons chaque jour. » Ce sont ici
les parents de l’enfant hermétique qui parlent, car il naît de leur mort et se
nourrit de leur cadavre. Comprenez-vous ? La pierre philosophale naît de
la destruction de deux natures contraires qui périssent à la suite d’un
terrible combat.
    Angelia baissa la tête et contempla
pensivement le sol.
    —  Quiconque
ignore le moyen de détruire les corps ignore aussi le moyen de les produire…,
murmura-t-elle. La mort, transformation nécessaire et non pas anéantissement
réel, est primordiale car elle permet la renaissance…
    —  Exactement,
approuva Dolem en lui jetant un coup d’œil étonné.
    —  Où
voulez-vous en venir ? s’impatienta Nicholas. Comment cette porte
peut-elle être ouverte ?
    —  Le
sang doit couler dans l’enceinte du sanctuaire, répondit Dolem avec une