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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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lenteur
effrayante.
    —  Vous
voulez dire… que quelqu’un doit être blessé ? avança Cassandra, incrédule.
    —  Non,
je veux dire que quelqu’un doit mourir.
     
    *
     
    Grâce aux émeraudes disséminées par
Dolem sur le chemin du dernier sanctuaire, Julian, Megan, Gabriel et Jeremy
atteignirent avec une relative facilité la fissure dans la roche puis la porte
qui était demeurée ouverte.
    Plongé dans le mutisme, Jeremy marchait comme un
somnambule. Mille pensées, mille interrogations se heurtaient dans sa tête.
Pourquoi Gabriel lui avait-il donné ses poignards ? Pourquoi lui avait-il
demandé de mettre fin à sa vie ? Il était sérieux, Jeremy l’avait lu dans
ses yeux. Éprouvait-il des remords ? Le poids de la culpabilité rendait-il
son existence insupportable ? Et même si c’était le cas, quelle
importance ? Le repentir de Gabriel ne ramènerait pas son père, Albert
Matthews, cet homme exceptionnel dont il avait tant admiré le courage,
l’intelligence, la ténacité, la droiture. Albert M atthews, son
modèle, lâchement assassiné par un misérable à la solde de misérables pour
avoir tenté de faire triompher la justice. Les souvenirs de son enfance
affluaient en vagues nostalgiques. Matthews avait fait de son mieux pour que
son fils souffrît le moins possible de l’absence de sa mère. Bien que son
travail dans la police occupât la majeure partie de son temps, il n’avait
jamais donné l’impression à Jeremy de le délaisser car chacun de ses moments de
loisir lui était consacré. Le jeune homme se remémorait avec émotion les
promenades au parc zoologique de Londres et dans des jardins botaniques, les
joyeux pique-niques sous les ombrages de Kew ou sur la lande de Hampstead, les
excursions animées à Sydenham… Cette vie de bonheur simple que le Cercle du
Phénix avait fait voler en éclats, d’abord en obligeant son père à l’éloigner
de Londres afin d’assurer sa sécurité, puis en éliminant purement et simplement
l’incorruptible policier. Cette vie de bonheur que Gabriel était venu briser
avec la cruauté d’un tombeau.
    Il ne se rappelait que trop bien le jour fatal où tout
avait basculé. Excédé par son exil forcé à Manchester, il avait décidé de
rendre visite à son père à l’improviste, alors que celui-ci lui avait interdit
de revenir à Londres sans son accord. Lorsqu’il était arrivé, il avait trouvé
la demeure familiale plongée dans l’obscurité et son père étendu mort dans son
bureau dévasté, son gilet imbibé de sang. Puis il avait aperçu Gabriel près de la
fenêtre, sur le point de quitter le lieu de son crime. Il n’avait pas distingué
ses traits dans la pénombre, mais il avait vu les cheveux blancs et les lames
brillantes de ses poignards, et cette image ne devait plus jamais quitter son
esprit. L’assassin avait disparu aussitôt, et Jeremy était resté paralysé,
hébété, incapable de réagir, jusqu’à ce que l’horreur de la situation le frappe
de plein fouet et qu’il se précipite vers le corps encore chaud de son père.
    Cette image de Gabriel à côté du cadavre d’Albert
Matthews l’avait tant marqué qu’il avait fini par assimiler le jeune homme au
Cercle du Phénix dans sa globalité. Il savait qu’il existait d’autres
responsables dont l’identité avait été dévoilée progressivement, à commencer
par Charles Werner et Lady Killinton, mais c’était Gabriel qui avait porté le
coup fatal à son père, et pour cette raison il avait concentré sur sa personne
sa rancœur et sa soif de vengeance. Il était le seul lien tangible, concret,
qui reliait le Cercle à Albert Matthews.
    Et à présent, en ce jour béni si ardemment souhaité,
Jeremy tenait entre ses mains le destin de l’assassin de son père. Gabriel
voulait mourir ? Parfait, il allait exaucer son vœu. Le fils d’une de ses
victimes allait le précipiter dans l’éternité, et ce n’était que justice.
    Tandis qu’il pénétrait dans la salle consacrée à l’Œuvre
au noir, le sang de Jeremy bouillonnait de rage dans ses veines. La colère et
la haine déferlaient en lui, le submergeaient, menaçaient de l’étouffer.
    —  L’Œuvre
au noir, dit Julian en observant les motifs macabres qui couvraient le sol.
L’éloge de la mort comme condition de la renaissance…
    Ce fut comme un déclic. Jeremy sut
qu’il lui fallait agir sans délai pour en finir une bonne fois pour toutes et
mettre un terme au cauchemar

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