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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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ouvrit les yeux.
    — Non, messire.
    — Trop vieux alors ? Je me pensais pourtant encore charpenté.
    — Vous l'êtes. Charpenté, je veux dire. Pas vieux… s'empêtra la jouvencelle avant de s'inquiéter : Vous aurais-je déplu ?
    Il eut un sourire triste.
    — Non point, rassure-toi. Je m'étonne simplement de ton manque de réaction.
    Un voile de surprise passa sur les traits d'Algonde.
    — Est-ce anormal ?
    — Je le crois, oui.
    — Je ne voulais pas vous décevoir.
    — Il ne s'agit pas de cela, te dis-je. J'ai l'habitude de voir mes maîtresses s'enflammer quand tu restes froide. Lors, je m'interroge. Souffres-tu quand je te prends ?
    — La première fois, ce fut le cas. Pas depuis, certifia-t-elle avec franchise. Que devrais-je ressentir ?
    — Du plaisir. Intense. Foudroyant. Qui éclaterait là - il posa la main sur son pubis - et là - sur ses cuisses - et là encore - sur son estomac.
    Algonde secoua la tête, navrée.
    — Rien de cela, messire.
    — Quoi alors ?
    Sa bouche se tordit en un rictus ennuyé.
    — Parle sans crainte. Je ne te veux pas de mal. Au contraire.
    — Je ne sais trop. Je n'aime pas, je crois.
    — On ne peut pas ne pas aimer beliner quand on a ton âge et ton tempérament.
    Algonde ne répondit pas. Que lui dire d'ailleurs ? Qu'elle s'était glissée dans ses draps pour ne pas mourir ? Qu'il l'écœurait ? Non par son physique ou son désir, mais par le simple fait que…
    — J'en aime un autre, terminèrent ses lèvres dans le prolongement de sa pensée.
    — Le fils du panetier ?
    Elle opina de la tête.
    — Est-ce pour le rendre jaloux que tu t'es donnée ?
    — Non. Non, répéta Algonde, horrifiée à cette idée. Il ignore tout et n'en doit rien savoir surtout.
    — Alors pourquoi ? Rien ne t'y obligeait.
    — Vous êtes le maître. Vous me vouliez. Vous auriez pu nous renvoyer, ma mère et moi.
    Le baron fronça les sourcils. Elle avait l'air sincère et cependant il doutait.
    — Est-ce donc la réputation qu'on me fait ?
    Elle ne répondit pas. De fait, elle le découvrait sous un jour nouveau, bien éloigné du seigneur cruel et intransigeant que lui avait dépeint Mathieu.
    Mathieu qu'elle n'avait pas approché depuis qu'elle était revenue des souterrains de Sassenage, prétextant un surcroît de travail. Se doutait-il ? Elle ne pouvait l'envisager. Par amour pour lui, elle avait renié son destin, accepté le corps d'un autre, sali son âme. Et devrait en porter la flétrissure.
    — Ferme les yeux, demanda le baron.
    Elle obtempéra. La main sur elle recommença son voyage, lentement, comme le long glissement d'une feuille que le vent promènerait.
    — Oublie qui je suis et où tu es. Pense à lui.
    Elle sursauta, choquée :
    — À Mathieu?
    — Tu veux me plaire ?
    — Je ne veux pas vous déplaire, nuança-t-elle.
    — Imagine que ces mains sont les siennes. Imagine, Algonde, et ce sera la dernière fois.
    Cette promesse lui donna la force d'obéir. Les paupières closes emprisonnèrent le visage de Mathieu, son rire, ses grimaces, sa voix.
    — Juste un baiser, un tout petit baiser, quémandait-il en tendant les lèvres.
    Celles du baron la frôlèrent. Elle ouvrit la bouche pour embrasser les mots de son aimé. Se laissa apprivoiser par la caresse de la langue. Son sang s'échauffa dans ses veines, d'autant que plus bas, sur ses seins, les doigts hésitaient, timides et gauches. Mathieu aurait pu avoir les mêmes. Elle se laissa convaincre, peu à peu. Enroula ses bras autour de la nuque. Son souffle devint court mais pour rien au monde elle n'aurait voulu se défaire de cette bouche contre la sienne. Elle semblait l'entendre à son oreille, en elle, qui murmurait :
    — Je t'aime, Algonde.
    Les doigts fouillèrent son pubis. Elle en perçut la morsure du désir. S'arqua sous le frôlement, s'étonna de la vibration ressentie jusqu'en ses reins, et d'en réclamer encore. Le corps la couvrit. Chaud. Tendu. Elle écarta les cuisses pour le recevoir, s'arracha à ces lèvres qui soudain l'empêchaient de respirer, roula la tête de gauche à droite, cherchant le souffle qui lui manquait, ne le trouva pas et cria. Elle jouit par surprise, en ouvrant les yeux. Se réappropria l'image. Les tentures sombres, le visage du baron au-dessus du sien qui dansait au rythme de ses mouvements en elle. Une bouffée de honte l'empourpra. Elle voulut le repousser, mais n'en trouva pas la force. Réveillée, sa chair

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