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Le Chevalier d'Eon

Le Chevalier d'Eon

Titel: Le Chevalier d'Eon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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vous du grand nom qui vous restera dans Israël, pour escomptes de 375 livres sterling sur la somme de 4 625 livres sterling que vous aviez à payer à mon acquit, pour mie partie de la créance. Sans intérêt de mon généreux protecteur lord comte Ferrers, pair et amiral d’Angleterre   ; et moi de la bienveillance que cet illustre ami m’a conservée   ; vous enfin, de l’idée de m’avoir fait connaître en France, où j’étais connue longtemps avant vous, et le serai longtemps après vous   ; et moi, du plaisir d ’avoir frustré le sordide intérêt que vous aviez de faire connaître mon sexe en Angleterre, d’avoir sauvé l’honneur de mon roi, de ma patrie, de ma famille, de mon sexe, et de l’ordre de Saint-Louis que je lui fais porter, en refusant dans ma misère six mille guinées sur les cinquante mille, dont ma honte vous eût assuré l’infâme profit... Et venez encore vous plaindre que je ne vous rends pas justice, mon cher Seigneur.
    « Bonjour, bonsoir, et adieu. Joignez celle-ci aux autres dans votre portefeuille, où l’on vous conseillera de les laisser.
    “(S IGNÉ )  LA CHEVALIÈRE D ’É ON .”
    La chevalière ajoutait “une note géographique, historique et non politique” troussée à sa façon pour préciser les titres de son cher adversaire. “Bien des gens peuvent ne pas connaître la baronnie de Ronac en Franconie. Il est à propos de les instruire par le fait suivant. Sous le nom de Ronac, anagramme de Caron, Pierre Augustin eut en Franconie, l’an 1774, une aventure de moulins à vent, qui le fit qualifier de fripon sur les lieux, d’imposteur à Vienne, et de visionnaire à Paris, comme son voyage d’Espagne. Cette note est tirée de Busching, Géogr., t. III, p. 774, chap. de la Franconie ou franche coquinerie”
    L’Amazone ne s’en tenait pas là. Elle ajoutait un Appel à ses contemporaines datée du même 2 février 1778, jour de la Purification. Elle livrait en opprobre à toutes les femmes de son siècle le sieur de Beaumarchais qui avait voulu élever son crédit sur l’une d’elles, obtenir des richesses en pariant sur son sexe et venger son espoir déçu en la traînant dans la boue. Le 8 février, elle publiait une nouvelle diatribe intitulée Cartel dans mon nouveau genre. Elle reprenait les mêmes griefs contre Beaumarchais. Non seulement elle ne lui devait pas la moindre reconnaissance pour les raisons que l’on sait, mais surtout, elle se disait outrée par les faux bruits qu’il faisait courir   : jamais elle ne lui avait déclaré son amour et il ne pouvait pas se targuer de posséder des lettres enflammées qu’elle lui aurait envoyées.
    Quelques jours plus tard, d’Éon criait victoire   : on venait d’apprendre que le Banc du roi avait déclaré illégaux les paris ouverts sur le mystère de son sexe, contraires à la décence, à la morale et aux bonnes mœurs, et se trouvaient de ce fait annulés. D’Éon adressa aussitôt une nouvelle lettre à ses semblables datée du 10 février 1778   :
    “Victoire   ! mes contemporaines, victoire, et quatre pages de victoires   ! mon honneur, votre honneur triomphent. Le grand juge du tribunal d’Angleterre vient de casser et d’anéantir lui-même, en présence des douze grands juges d’Angleterre, ses propres jugements concernant la validité des polices ouvertes sur mon sexe. Voilà le glorieux effet de la terrible leçon que j’ai donnée à ce tribunal au moment où je partais pour la France. Son arrêt définitif, du 31 janvier, a reçu l’opposition de ceux qui avaient soutenu, d’après ma conduite, que j’étais homme, et qu’on voulait forcer à payer leurs gageures en exécution de ces deux jugements. Il a eu le courage de prononcer dans les termes mêmes de mes protestations publiques, en langue anglaise, que la vérification nécessaire blessant la bienséance et les mœurs, et qu’un tiers sans intérêt (c’est moi, c’est la chevalière d’Éon), pouvant en être affecté, la cause devait être mise au néant. Il a observé que les cours de justice se déshonoreraient en servant les fantaisies ridicules de ces êtres méprisables qu’on nomme Gamblers, ce qui veut dire joueurs ou parieurs escrocs, et que les tribunaux ne doivent plus recevoir de semblables causes de pareils effrontés qui, sans respect humain, venaient troubler la majesté du tribunal, injurier l’honneur et la réputation de mademoiselle d’Éon, qu’il fallait les livrer tous à

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