Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
fini d’être créée. Sa
beauté était secondaire – aurait-elle été laide, la plus laide d’entre
toutes, que tout aurait été pareil. Elle était extraordinaire. Ses mouvements
étaient coulés, d’une souplesse animale. Certaines personnes suivent la route,
d’autres, plus rares, donnent l’impression de la tracer. Elle est la route.
Celle que l’on aimerait suivre, jusqu’au bout. Je la regardais, fasciné, plus
ému que si l’oiseau m’avait parlé. Elle me dit, désignant le faucon du
regard :
    « Elle pourrait vous blesser. »
    L’oiseau sauta de l’auvent sur son poing, et la jeune femme
ajouta :
    « On dit que vous êtes le meilleur marchand de reliques
de toute la Terre sainte. Est-ce vrai ?
    « — Oui, certainement, répondisse.
    « — Alors, conseillez-moi. »
    Je fis de mon mieux, proposant à cette femme trop étonnante pour
être vraie les plus beaux articles de mon magasin. Elle m’acheta énormément de
reliques, toutes fausses. Elle préférait les plus petites, pour les emporter
avec elle. « Une par personne que j’ai tuée pour arriver jusqu’ici »,
me dit-elle sans que je sache si c’était la vérité. Mais qui étais-je pour la
questionner à ce sujet ? Alors, je lui vendis quelques pépins de la pomme
donnée par Ève à Adam, le coutelas d’Abraham, un denier de Judas, des plumes du
coq qu’entendit chanter Pierre, les signes que Jésus avait tracés avec son
doigt sur le sable avant d’être arrêté, et bien d’autres merveilles… Elle les
mit dans des sachets, à sa ceinture, dans ses cheveux, en broche, autour de ses
bras, de ses mollets, dans son nombril même…
    « Peu de personnes, lui dis-je, en achètent autant.
Généralement, une suffit.
    « — Je crains, soupira-t-elle, que toutes les
reliques de la terre ne puissent me rendre l’innocence perdue dans ma quête.
    « — Que cherchez-vous ?
    « — Un homme.
    « — Vous n’êtes pas mariée ? Je puis divorcer,
si vous le voulez…
    « — Ce n’est pas pour me marier, mais pour le
faire figurer dans un livre, en tant que personnage.
    « — Je suis un fabuleux personnage.
    « — Je n’en doute pas, mais j’ai besoin d’un
chevalier…
    « — Il est vrai, poursuivis-je, que je ferai
plutôt office de valet…
    « — Je vous promets de parler de vous à Chrétien
de Troyes. »
    La jeune femme partie, je vis par l’entrebâillement de la
porte le regard de Fémie. Elle aussi avait jadis abandonné les siens pour venir
vers moi… Ce fut à ce moment que je trouvai insupportable de la regarder. Tout
ce qu’elle avait sacrifié pour moi… Je n’ai pas su m’en montrer digne…
    Rufinus regardait Massada incapable de répondre, faisant
entendre de temps à autre de petits « Hum hum » pour indiquer qu’il
écoutait. Et Massada continuait à parler, aussi intarissable qu’un Rufinus
débâillonné.
     
    Un jour, le faucon pèlerin se posa sur le poing de Simon.
C’était la première fois. Simon avait appelé l’oiseau et tendu sa main gantée
de cuir vers le ciel, ainsi que Cassiopée le lui avait appris. Tournoyant dans
les airs, puis soudain descendant en piqué, le rapace s’était, d’un battement
d’ailes, rétabli à l’horizontale, pour délicatement enserrer le poing du jeune
chevalier. Cassiopée applaudit des deux mains, embarrassée par la traverse de
la croix qu’elle tenait pour lui.
    — Bravo ! dit-elle. Tu as réussi !
    Simon n’était pas peu fier, et galopa vers l’avant pour
montrer son exploit à Morgennes.
    — Mes félicitations, dit Morgennes. Et maintenant,
comment vas-tu t’y prendre pour qu’il s’envole ?
    — C’est la deuxième leçon, répondit Simon. Je ne sais
pas encore très bien comment on fait. Mais je vais essayer.
    Il leva le bras, tendit la main vers le ciel, espérant que
l’oiseau prendrait son essor. Mais le faucon pèlerin resta cramponné à son gant
et n’en bougea pas. Il dardait deux petits yeux jaunes sur Simon, se demandant
pourquoi il s’agitait ainsi. Que pouvait-il bien vouloir ?
    La troupe rit beaucoup des mésaventures de Simon, qui
n’arrivait plus à se débarrasser du faucon de Cassiopée. Mais celle-ci, d’un
claquement de langue, le rappela à elle. Le rapace vint souplement se poser sur
son poing, lançant de temps à autre un regard offusqué à Simon, vexé d’avoir
été confié à un aussi mauvais élève. Morgennes secoua la tête, amusé.
    — Je vous

Weitere Kostenlose Bücher