Le dernier vol du faucon
avait retrouvé à la porte du monastère sous les fraîches branches de l'arbre à pluie. «Mais il me faudra des hommes pour pénétrer dans la maison de Vichaiyen. J'ai découvert pourquoi votre arrestation a été ordonnée. »
Il relata alors tout ce qui s'était passé au Palais. Petraja l'écoutait avec un amusement à peine dissimulé jusqu'à ce que Sorasak déclare fièrement: «Et j'ai obtenu un sauf-conduit pour vous, père.»
Satisfait, Petraja saisit le document et sourit à son «fils». Contrairement au garçon, il n'était pas dupe de ces soi-disant arrestations multiples. Il s'agissait très probablement d'un nouveau piège. Mais il avait repéré le sceau du Barcalon sur le sauf-conduit et, au-dessus, l'écriture de Vichaiyen. Cela pouvait servir.
«Tu as bien travaillé, fils. A présent, écoute-moi attentivement. Voilà ce que je veux que tu fasses...»
Petraja lui donna des instructions détaillées et les lui fit répéter deux fois avant de le renvoyer.
Une heure plus tard, Sorasak arriva près d'un quai longeant une petite rivière dans les environs de Louvo. A Pitsanuloke, il ne se déplaçait jamais sans une nombreuse escorte, ainsi que l'exigeait son rang élevé, et il était heureux de pouvoir circuler librement comme un citoyen ordinaire. Il roula les épaules et sourit. Avec le document qu'il tenait à la main, il se sentait aussi exalté que s'il était en train de ratisser le pays à la recherche d'un bon combat.
Sur le quai, il acheta quelques gâteaux de riz et loua la petite barque d'un vendeur qui s'était mis à l'abri du redoutable soleil de midi. Il n'y avait pas grand monde à cette heure et les quelques personnes réfugiées à l'ombre clémente de leurs maisons étaient trop somnolentes pour lui prêter attention.
Il loua l'embarcation pour toute la journée et, sans s'éloigner beaucoup de la rive, se mit à ramer en direction d'un groupe de huttes sur pilotis. Habile à manœuvrer le petit bateau, il ne mit pas longtemps à accoster près d'une sorte d'échelle dont les degrés conduisaient à l'une des huttes. Toutes les habitations à la ronde semblaient désertes et on ne voyait personne, à l'exception d'un ou deux pêcheurs occupés à jeter des filets dans la rivière.
Il escalada les marches conduisant à l'unique pièce. Le mobilier y était modeste : des nattes de joncs jetées sur le sol, un paravent de bambou et une cruche d'eau pour le bain. Une grande feuille de bananier, posée par terre, contenait les restes d'un repas de midi. Du papier de riz, des plumes de canard et quelques manuscrits déroulés étaient éparpillés çà et là. Dans un coin, un homme aux cheveux blancs ronflait doucement.
Sorasak toussa et le vieil homme ouvrit enfin les yeux. En apercevant un visiteur, il se jeta sur ses coudes pour se prosterner.
«Pardonne-moi de te réveiller, dit Sorasak d'un ton plus aimable que de coutume. Mais je suis pressé.
- Puissant Seigneur, tout l'honneur est pour moi. Je suis votre serviteur. »
Le vieillard semblait nerveux et l'on aurait dit qu'il avait déjà eu affaire à Sorasak précédemment.
« Et tes yeux, comment vont-ils ?
- Que le Seigneur Bouddha soit loué. Sans eux, il me serait impossible d'exercer mon commerce.»
Sorasak fit danser les pièces de monnaie qu'il portait dans sa poche, reliquat du dernier prix qu'il avait remporté sur le ring. Les yeux du vieillard brillèrent de convoitise.
«Vieil homme, je te récompenserai généreusement si tu mets de côté ton autre travail. J'ai quelque chose à te demander qui ne souffre aucun retard. C'est Son Excellence le général Petraja qui m'envoie.»
Au nom de Petraja, le Siamois s'aplatit plus bas encore. « Puissant Seigneur, je reçois vos ordres.
- Bien, alors approche. »
Le vieil homme rampa dans la direction de Sorasak. Comparé au puissant boxeur, il semblait encore plus frêle et plus fragile. Il tendit une main pour saisir le document que Sorasak tira de sa poche mais quand ses yeux tombèrent sur le sceau du grand Bar-calon, il frissonna.
«Le général Petraja a préparé une lettre. Il veut que tu la copies en imitant l'écriture du Barcalon.»
De plus en plus mal à l'aise, le vieil homme continuait de fixer le sceau.
« Personne ne m'a vu entrer et personne ne me -verra sortir», précisa Sorasak.
Il fit de nouveau sauter les pièces de monnaie dans sa poche. « Et, bien que cela ne présente aucun risque, je te paierai le double de ce que tu
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