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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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prêtre leva les bras au ciel en signe d'impuissance.
    «Certains pensent qu'il fait de son mieux, d'autres qu'il agit sans sincérité. Les jésuites d'Ayuthia sont partagés à ce sujet.
    - Et vous? Quelle est votre opinion?»
    Mais avant que le père Carvalho ait eu le temps de répondre, le serviteur d'Ivatt s'était levé de table, les yeux fixés sur eux, l'air coupable de s'être montré oublieux du temps et de ses devoirs. Le repas était terminé et il avait ordre de regagner au plus vite le palais du gouverneur.
    « Vite ! chuchota Nellie, expliquez-lui que nous voulons nous rendre à la chapelle pour une dernière prière. S'il vous plaît... accordez-moi encore quelques minutes. »
    Le gros serviteur écouta la requête du prêtre et finit par céder. L'abondante quantité d'alcool de riz ingérée au cours du dîner avait émoussé sa méfiance. Il les accompagna jusqu'à la porte de l'église, s'étira en éructant bruyamment tandis que les autres allaient s'agenouiller sur l'un des bancs.
    « Vous me demandiez ce que je pensais de la situation? poursuivit le prêtre. Eh bien, ma fille, nous vivons des temps troublés. Certaines rumeurs prétendent même que les Français et les Siamois pourraient se déclarer la guerre. Voilà pourquoi ce n'est guère le moment de se rendre à Ayuthia. Je vous conseille de gagner directement Macao par bateau. Je vous y aiderai.» Il lui jeta un regard pénétrant. « Que vous soyez catholique ou non. »
    Le cœur de Nellie fit un bond dans sa poitrine el elle se mit à fouiller fébrilement dans son sac. Elle en retira six nouvelles pièces d'argent qu'elle glissa sou? le coussin, comme la veille.
    « Ce sera ma dernière offrande, mon Père. À moin;, que vous ne m'avisiez qu'un voyage par voie de terre soit arrangé à notre profit. Quand tout sera prêt pou -notre fuite, je vous octroierai une contribution financière suffisante pour assurer la restauration complète de votre église. »
    Le prêtre demeura agenouillé, perdu dans ses per-sées. Lorsqu'ils se relevèrent enfin, ses yeux restaier t toujours rivés au coussin sous lequel Nellie avait caché l'argent.
    Mais le gouverneur, lui, ne vit pas d'un bon ail l'invitation que reçut Nellie quelques jours plus tard pour se rendre, en compagnie de son fils, au baptême d'un groupe d'enfants eurasiens.
    «Vous sortez de nouveau, Mrs. Tucker? Si tôt?
    - Excellence, nous sommes restés sept longs mois en mer et le chapelain du bateau appartenait à l'Église anglicane. Nous sommes, mon fils et moi-même, tiès croyants et avions coutume de fréquenter l'église deux fois par jour. Le père Carvalho avait promis de ne us avertir lorsqu'un baptême se déroulerait dans sa paroisse et nous ne sommes que trop heureux de nous y rendre. Les enfants siamois sont si adorables.
    - On m'a dit que vous vous attardiez souvent après
    la fin de l'office. Je ne peux m'imaginer que vous ayez tant de péchés à confesser.
    - Excellence, nous consacrons presque tout ce temps à la prière et ne parlons que de sujets ayant trait à la religion. Ainsi le Père nous a rapporté combien il avait apprécié votre sagesse lorsque vous avez autorisé ici la libre pratique de toutes les religions. »
    Ivatt ne sembla pas pour autant impressionné par ce compliment. «Ces rencontres ne sont guère de mon goût, Mrs. Tucker.
    - Excellence, nous avons à cœur de respecter vos instructions dans tous les domaines. En retour, nous n'implorons de vous qu'une seule chose : la liberté de prier notre Dieu. »
    Ivatt l'observa un instant en silence, l'air sévère. «Vous informerez le prêtre que cette visite sera la dernière. Dorénavant, vous n'aurez plus l'autorisation de vous rendre là-bas, sauf pour la messe du dimanche. »
    Lorsque Mark et Nellie grimpèrent une fois de plus la colline, ils furent accompagnés d'un nouveau garde du corps. D'une stature nettement plus athlétique que le précédent, il ne les quittait pas d'une semelle. Le jour tombait et le soleil entamait un glorieux déclin. Bien que les interminables semaines passées en mer leur aient permis de contempler nombre de splendides couchers de soleil tropicaux, aucun n'avait jamais égalé le spectacle admirable qui s'offrait aujourd'hui à leurs yeux. Au fil de leur progression sur le flanc de la colline, ils pouvaient apercevoir les îles de la baie de Mergui surgir majestueusement devant eux, leurs pentes baignées d'une lumière écarlate qui se reflétait sur le

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