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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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s’ébrouer à la manière d’un barbet.
    — Je m’appelle Tim Thocker, fit Tim en lui décochant un regard réprobateur. Je suis le fils du pasteur de Stillborough, sur la Pawtucket River. Nous avons besoin de secours. Voulez-vous nous accorder l’hospitalité ?
    La bâche laissa paraître un œil de granit sous une frange grise et une longue barbe de même nuance.
    — L’hospitalité est un ordre de Dieu, Frère ! émit gravement leur propriétaire. Entre sans crainte dans ma maison. Elle vous est ouverte mais ton ami, l’Indien blond, aurait pu me laisser décider moi-même.
    — Je ne suis pas Indien, glapit Gilles, je suis…
    — Tu l’as déjà dit, chuchota Tim en lui allongeant un discret mais vigoureux coup de coude dans les côtes.
    Avant d’entrer, il leur fallut pourtant se soumettre à une curieuse cérémonie. Debout, au seuil de la porte l’homme à la bâche les embrassa l’un après l’autre sur la bouche puis se retournant vers l’intérieur :
    — Voici des hôtes, femme ! Fais chauffer l’eau afin que nous leur lavions les pieds comme le veut notre loi.
    Les yeux de Gilles s’effarèrent mais Tim savait déjà à qui il avait affaire.
    — Tu es un « amish », frère ? demanda-t-il après un rapide coup d’œil à l’austère vêtement noir et à la sévère coupe de cheveux révélés par la bâche en glissant.
    — Je suis un fidèle de Menno Simonsz en effet 2 , répondit-il. C’est dire que tu ne saurais trouver ici que la paix. Entre sans crainte, mon frère. Je me nomme Jakob van Baren et voici ma femme Mariekje, ajouta-t-il en découvrant une créature sans âge, aussi maigre et aussi sombre que lui-même. Seules ses amples jupes et la cornette de grosse toile bise qu’elle portait indiquaient son sexe et la différenciaient de son mari.
    L’intérieur de la petite maison était d’une simplicité extrême mais d’une propreté toute flamande qui faisait grand honneur aux talents ménagers de Mariekje et constituait une manière de record pour une femme dont le mari devait passer le plus clair de son temps dans une mine et qui, sans doute, cultivait elle-même le petit champ et le jardin qui s’étendaient devant la demeure.
    Les rares meubles, les murs et le plancher étaient en sapin et tellement bien récurés qu’ils avaient l’air peints en blanc. Le seul luxe en était un gros livre noir posé sur le manteau de la cheminée, une paire de chandeliers de cuivre et quelques versets de la Bible brodés au point de croix en rouge ou en noir et disposés ici et là. Le manteau de la cheminée portait Louez l’Éternel car il est bon, car sa miséricorde dure éternellement. Les murs, de chaque côté, proclamaient, l’un : Et il me fut dit : Fils de l’Homme, tiens-toi sur tes pieds et je te parlerai… et l’autre : Heureux celui qui a le Dieu de Jacob pour aide et qui met son espoir en l’Éternel son Dieu ! Le dessus de la porte était pareillement décoré mais l’inscription était tellement pâlie et les ornements floraux distribués avec tant de profusion qu’il était parfaitement impossible de lire.
    Sur un signe du maître de maison, les quatre arrivants s’assirent en ligne sur le banc disposé devant la cheminée et durent, à tour de rôle, tremper leurs pieds dans la bassine de Mariekje. Ce n’était d’ailleurs un luxe ni pour les uns ni pour les autres et Gilles trouva même à cette baignade inattendue un sensible plaisir, regrettant seulement de ne pouvoir se tremper tout entier. Mais les bienfaits des Van Baren ne s’arrêtaient apparemment pas là. À peine furent-ils remis sur leurs pieds propres que Jakob tendit à Gilles un paquet de tissu noir.
    — Ta tenue immodeste ne peut convenir sous mon toit, mon frère, lui dit-il avec un regard de dégoût aux culottes indiennes abondamment tachées que le jeune homme avait héritées de l’Iroquois mort et qui étaient son seul vêtement avec son morceau de couverture. Ces vêtements sont usés mais décents et nous devons avoir à peu près la même taille. Derrière la maison tu trouveras une pompe et un appentis. Va t’habiller.
    Sans chercher à comprendre pourquoi on lui avait lavé les pieds avant de le renvoyer patauger dans la boue, Gilles prit les hardes et disparut. Il les revêtit sans aucun plaisir. Son corps s’habituait assez bien à vivre à l’air libre à la manière indienne et, en outre, il trouvait à ces vêtements, quoique propres, une odeur

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