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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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haute, ce qui fit lever la tête à une vache somnolente. Le grand maître avait raison. Trop penser nuit.
    La vache cligna des yeux et se remit à paître.
    — Je vais demander à Yusuf de surveiller étroitement le Glaive. Il pourra le décrire à ceux qui dépendent de leurs yeux. Ensuite j’irai trouver l’évêque.
    Ayant pris cette décision, il repartit d’un pas plus rapide, le cœur plus léger.
    Dès que Yusuf vit le médecin se mettre en mouvement, il sortit du buisson derrière lequel il s’était caché. Quand il fut assez loin pour que ses pas se mêlent au bruit de fond, il se mit à courir et couvrit en peu de temps la distance qui séparait le champ des bains maures. Il avait quelque chose à dire au gros Johan.
    En quelques jours, Isaac avait oublié à quel point il était difficile de se déplacer seul dans les rues de la ville quand sa main ne reposait pas sur l’épaule du jeune Yusuf. Il trébucha sur un pavé. Une exclamation d’impatience lui monta aux lèvres, qu’il réprima avec difficulté. Subitement peu sûr de lui, il tendit la main pour vérifier qu’il avait bien tourné en direction du Call, le quartier juif, et une voix féminine suraiguë cria :
    — Eh, regardez où vous allez ! Et enlevez vos pattes des femmes respectables !
    Puis une autre voix retentit, plus rassurante :
    — Maître Isaac ! Où est donc votre compagnon à l’esprit vif ?
    — Ah, Votre Excellence, je l’ai envoyé en mission. Il a le pied léger, mais il ne peut malheureusement pas se trouver en deux endroits à la fois.
    — J’arrive tout droit du couvent, lui dit Berenguer sur le ton de la confidence. L’abbesse a fait quelques découvertes intéressantes. Marchons un peu et je vous en parlerai.
    — Des hommes déguisés en religieuses ? fit Isaac une fois au courant. Voilà qui est plutôt téméraire.
    — Pas à l’heure des vêpres, où ils risquaient de rencontrer très peu de gens, expliqua Berenguer. Et cela suffit pour la seule personne qui les vit. Ce n’est que bien plus tard qu’elle se rendit compte que ces sœurs avaient un air étrange, mais elle a été incapable de les décrire, sinon dire qu’elles étaient très grandes.
    — Oui, reconnut Isaac. Des robes peuvent altérer les facultés d’observation. On ne voit que des sœurs…
    — C’est peut-être intéressant, dit Berenguer, mais cela ne nous aide pas beaucoup.
    — Eh bien, moi, j’ai passé un après-midi « intéressant ». Dans le champ, en compagnie d’un dément qui se fait appeler le Glaive de l’archange.
     
    — Johan ! Maître gardien ! Êtes-vous là ? appela Yusuf.
    Hésitant, il se tenait sur les marches des bains maures et jetait un coup d’œil à l’intérieur. Sa voix résonnait curieusement entre l’eau et le carrelage.
    — Où pourrait donc se trouver le gros Johan, mon garçon ? dit l’homme en sortant de derrière un pilier. Qu’attends-tu de moi ? Un autre bain ?
    Sur ce, il éclata d’un rire énorme et s’assit sur le banc, tout près de la porte.
    — Pas aujourd’hui, merci, Johan, dit Yusuf avec un sourire nerveux.
    — Tu vas bien, jeune maître ? Tu m’as l’air mieux nourri, en tout cas, dit Johan. Pas si famélique que l’autre jour.
    — Je suis aussi plus propre, répondit Yusuf, ce à quoi le gardien réagit par un autre éclat de rire. Johan, ajouta le garçon, est-ce que vous vous rappelez…
    — Me rappeler quoi, mon gars ? dit Johan, dont le visage et la voix paniqués avaient quelque chose de comique.
    — Les haillons que vous m’avez pris. Mes vêtements ? Mes vieux vêtements ?
    — Tu m’as demandé de les garder, Dieu seul sait pourquoi, ce que j’ai effectivement fait.
    — Pourrais-je les endosser et vous confier mes habits neufs ? Jusqu’au coucher du soleil, avant, même ?
    — Et que feras-tu avec ?
    — Je veux seulement traîner au marché et dans les tavernes sans me faire remarquer, comme auparavant, quoi. Je ne peux pas le tenter trop bien vêtu.
    — Pour voler ? dit promptement Johan. Si c’est le cas, je ne t’aiderai pas. Maître Isaac est un brave homme, c’est aussi un bon ami. Quand je me suis senti si mal en hiver, il m’a donné des potions et des emplâtres pour la gorge et la poitrine, et il ne m’a jamais demandé le moindre sou. Il m’a dit que j’étais trop peu payé pour le dur labeur que je fournissais. Je ne te laisserai pas faire des ennuis à maître

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