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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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Isaac.
    — Johan, dit Yusuf d’un air désespéré, je recherche le Glaive. Il en veut à la vie de mon maître. Et comment puis-je vivre si mon maître meurt ? En haillons, je pourrai le trouver. Je peux me glisser partout et nul ne me verra.
    — Tu te trompes, mon garçon, dit Johan en secouant la tête. Le Glaive n’existe pas. Ce ne sont que propos de bonnes femmes.
    — Si, il existe, je le sais. C’est un groupe et ils…
    — Je sais que c’est un groupe, dit Johan. J’y étais. Mais je sais aussi que le Glaive n’existe pas, insista-t-il. Un jour, peut-être, y aura-t-il un Glaive, mais pas aujourd’hui. Il vaut mieux que tu gardes ça pour toi. C’est un secret.
    — Dans ce cas, qui sont les autres membres, Johan ? Où peut-on les trouver ?
    — Ne répète à personne ce que je t’ai dit.
    Il regarda autour de lui et sa voix ne fut plus qu’un chuchotement.
    — Le Conseil se réunit en ce moment même à la taverne de Rodrigue. Ils m’ont demandé de me joindre à eux, mais je ne peux pas quitter les bains, tu comprends ?
    Quelques minutes plus tard, Yusuf s’en allait, pieds nus et en haillons, laissant derrière lui un gardien des bains totalement désemparé.
     
    Au cours des sept mois qui avaient précédé sa rencontre avec Isaac, Yusuf avait appris à connaître la ville dans le moindre détail, tout spécialement les ruelles escarpées qui menaient à la rivière Onyar. Il savait quels murs il pouvait escalader sans se faire voir, quels toits menaient à des cours intéressantes et quelles petites impasses y conduisaient. Il partageait avec les chats de Gérone une carte de la ville entièrement différente de celle qu’un honnête citadin pouvait avoir dans sa tête. Et pour la même raison. Sa carte le menait en des endroits où il pouvait dénicher des bribes de nourriture, s’abriter de la neige et de la pluie ou encore trouver la chaleur par une nuit fraîche. L’un de ces endroits était la cour peu ragoûtante située derrière la taverne de Rodrigue. Elle était jonchée de futailles brisées dans lesquelles un enfant pouvait se dissimuler, mais elle puait aussi la nourriture avariée, le chat, l’urine et les excréments humains. Un escalier rudimentaire s’accrochait au mur de la bâtisse pour rejoindre les chambres installées au-dessus de la taverne ; sous l’escalier, une porte basse donnait accès à la cuisine.
    Yusuf glissa en silence sur les tuiles d’un toit voisin. Il sauta dans la cour, atterrit rudement, reprit son souffle et se tapit derrière un tonneau. La femme de Rodrigue, carrée, solide et aussi forte que son mari, se trouvait dans l’arrière-cuisine où elle préparait de la soupe et, nul doute là-dessus, coupait d’eau la piquette destinée aux consommateurs.
    Il attendit. La femme était maligne et avait l’œil à tout ; contrairement à son mari, elle ne se laissait pas distraire par les plats qu’elle préparait. Une souris ou une mouche aurait déjà eu du mal à passer discrètement à côté d’elle ; que dire d’un enfant ? Mais Yusuf avait appris la patience sur la route, et il attendit. Le marmiton entrait pour ressortir chargé de plats. À un moment, il sortit dans la cour et Yusuf se blottit derrière son frêle abri. La femme de Rodrigue brailla depuis la porte et le marmiton rentra. Malgré tout Yusuf ne bougea pas. Ses jambes s’engourdissaient, mais il ne changea pas de position. Son nez le démangeait, mais il ne se gratta pas. Un chat curieux s’approcha de lui, mais le garçon ne manifesta aucun signe de vie et le chat repartit. Enfin Rodrigue hurla depuis la salle : « Femme ! Un pichet de plus pour nos amis ! »
    Elle jeta son couteau, pesta contre Rodrigue, le marmiton et les clients, versa dans un grand pichet le vin d’un tonneau et disparut.
    Yusuf fonça dans la cuisine, traversa le sol de terre battue, se faufila sous l’abattant qui séparait les deux pièces et se dissimula sous le banc qui courait le long du mur du fond avant même que le pichet ne fût posé devant Rodrigue. Il se retrouva à quelques centimètres d’une paire de bottes sales portées au-dessus de jambières encore plus sales et fermées par des courroies de cuir. Un fermier, à en juger d’après l’odeur. Il parcourut la pièce du regard. Une bonne douzaine d’hommes étaient regroupés autour des deux tables à tréteaux disposées entre la cuisine et les escaliers menant à la rue. Il ne pouvait voir aucun

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