Le grand voyage
foyer, si tu le
souhaites, Jondalar. Je veux qu’ils soient les enfants de ton foyer, du moment
que je reste avec toi pour toujours.
— C’est mon vœu le plus cher, promit Jondalar. Je le
désirais déjà avant de te rencontrer. Tout ce que je souhaite, c’est que la
Mère ne te donne pas d’enfants avant que nous soyons chez moi.
— Ne t’inquiète pas, je préfère attendre, moi aussi.
Ayla prit leurs coupes, les rinça, et termina les préparatifs
pour qu’ils puissent partir de bonne heure le lendemain matin, pendant que
Jondalar emballait tout leur matériel à l’exception des fourrures de couchage.
Ensuite, ils se blottirent l’un contre l’autre dans leur fourrure, agréablement
fatigués. L’homme des Zelandonii contempla la femme qui dormait dans ses bras,
la respiration régulière. Le sommeil le fuyait.
Mes enfants ! songeait-il. Ayla prétend que ses bébés
seront mes enfants. Avaient-ils fait naître une nouvelle vie en partageant les
Plaisirs aujourd’hui ? Si une vie commençait à partir de ces Plaisirs,
elle ne serait pas banale parce que ceux-ci avaient été... les meilleurs depuis
longtemps...
Pourquoi ? Tout ce que j’ai fait aujourd’hui, je l’avais
déjà fait souvent auparavant... mais avec Ayla tout est si différent... Je ne
me lasse jamais... j’ai toujours plus envie d’elle... chaque fois que je pense
à elle, je la veux... et elle croit que je sais comment lui procurer les
Plaisirs !...
Si par malheur elle était enceinte ?... A moins qu’elle ne
puisse pas avoir d’enfant... Il y a des femmes qui ne peuvent pas. Pourtant,
elle a déjà un fils.
J’ai vécu longtemps avec Serenio. Elle n’a pas été enceinte tout
le temps où je vivais avec elle, et pourtant elle avait déjà eu un enfant avant
de me rencontrer. D’ailleurs, si elle en avait attendu un, je serais peut-être
resté avec les Sharamudoï. Elle m’avait dit, juste avant mon départ, qu’elle
croyait être enceinte. Pourquoi ne suis-je pas resté ? Elle refusait qu’on
s’unisse sous prétexte que je ne l’aimais pas autant qu’elle m’aimait. Elle
trouvait que j’aimais davantage mon frère que n’importe quelle femme. Elle me
plaisait. Moins qu’Ayla, bien sûr, mais si j’avais insisté, je suis persuadé qu’elle
aurait accepté de s’unir à moi. Alors pourquoi suis-je parti ? Parce que j’étais
inquiet pour Thonolan et que j’ai préféré le suivre ? Est-ce la seule
raison ?
Si Serenio était vraiment enceinte à mon départ, et si elle a eu
un autre enfant, est-il le fruit de mes entrailles ? Est-il... mon... mon
fils ? C’est ce que prétend Ayla. Non, c’est impossible. Les hommes n’ont
pas d’enfants, à moins que la Grande Mère n’en fabrique un avec l’esprit d’un
homme. Serait-il l’enfant de mon esprit ?
Lorsque nous arriverons chez les Sharamudoï, je pourrai au moins
m’assurer qu’elle a bien eu cet enfant. Comment réagira Ayla, si l’enfant de
Serenio est, en quelque sorte, une parcelle de moi ? Qu’est-ce que Serenio
pensera d’Ayla ? Et Ayla, que pensera-t-elle de Serenio ?
13
Le lendemain, la chaleur était moins étouffante, mais Ayla
avait hâte de partir. Elle fit jaillir des étincelles de son silex en espérant
que le feu prendrait vite. La nourriture qu’elle avait préparée la veille et de
l’eau auraient suffi pour leur déjeuner, et tout en pensant aux Plaisirs qu’elle
avait partagés avec Jondalar, le remède miracle d’Iza commença à lui peser. Si
elle ne buvait pas son infusion, peut-être s’apercevrait-elle qu’un bébé
grandissait dans son ventre. Mais Jondalar redoutait tant qu’elle fût enceinte
pendant le Voyage qu’il était préférable de prendre sa tisane.
La jeune femme ignorait comment le remède agissait. Ce qu’elle
savait, c’est qu’en buvant chaque matin quelques gorgées amères de la puissante
décoction de fils d’or entre ses périodes lunaires, ainsi qu’un petit bol de
sauge pendant celles-ci, elle ne serait jamais enceinte.
S’occuper d’un bébé pendant le Voyage ne serait pas si
difficile, mais elle avait peur d’accoucher seule. Que serait-il advenu si Iza
ne l’avait pas aidée quand elle avait donné le jour à Durc ?
Ayla écrasa un moustique, et en attendant que l’eau bouillît,
elle vérifia la quantité d’herbe restante. Elle constata avec soulagement qu’il
y en avait suffisamment pour attendre la sortie des marais. Ces plantes
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