Le grand voyage
liens rituels et les échanges
étaient multiples, mais à l’origine les Shamudoï fournissaient les produits de
la terre et un abri pour l’hiver, alors que les Ramudoï apportaient le fruit de
leur pêche et leur art de la navigation.
Les Sharamudoï considéraient Jondalar comme l’un des leurs bien
qu’il ne leur fût apparenté qu’à travers son frère. Quand Thonolan s’était
épris d’une Shamudoï, il avait appris leurs coutumes et avait décidé d’accepter
leur adoption. Jondalar avait vécu parmi eux aussi longtemps que son frère et
il les considérait également comme sa propre famille. Il avait appris et
accepté leur façon de vivre, mais n’avait pas été jusqu’à l’Union rituelle. Au
plus profond de son cœur, il ne pouvait renier l’identité qui le rattachait à
son peuple, ni se décider à s’établir pour toujours loin de chez lui. Son frère
était devenu un vrai Sharamudoï, mais Jondalar était resté un Zelandonii.
Bien entendu, les premières questions concernèrent son frère.
— Que s’est-il passé après votre départ ? demanda
Markeno. Quelle que fût la douleur que la narration des événements tragiques
réveillerait, Jondalar admettait que Markeno avait le droit de savoir. Markeno
et Tholie avaient eu des liens privilégiés avec Thonolan et Jetamio, ce qui
conférait à Markeno un degré de parenté avec Thonolan. Il raconta brièvement
comment il avait descendu le fleuve sur le bateau que Carlono leur avait donné,
parla des quelques visites qu’ils avaient faites, et décrivit leur rencontre
avec Brecie, la Femme Qui Ordonne du Camp du Saule.
— Nous sommes parentes ! s’écria Tholie. C’est une
cousine proche.
— Oui, je l’ai appris plus tard, quand nous avons vécu au
Camp du Lion. Mais elle nous a très bien accueillis, même avant de savoir que
nous étions parents. C’est ce qui a décidé Thonolan à poursuivre vers le nord
et à rendre visite à d’autres Camps de Mamutoï. Il voulait chasser le mammouth
avec eux. J’ai essayé de l’en empêcher et de le convaincre de rentrer chez nous
avec moi. Nous avons été jusqu’à l’embouchure de la Grande Rivière Mère, puisqu’il
avait toujours rêvé d’y aller.
Le géant blond ferma les yeux et hocha la tête, comme s’il
essayait de refuser la réalité des faits. Tout le monde retint son souffle,
partageant sa peine.
— Mais les Mamutoï n’étaient qu’un prétexte, reprit
Jondalar. La vérité, c’est qu’il n’arrivait pas à oublier Jetamio, et il
cherchait par tous les moyens à la rejoindre dans l’autre monde. Il m’a dit qu’il
voyagerait jusqu’à ce que la Mère le prenne. Il affirmait qu’il était prêt,
mais c’était plus que cela. Il voulait tant partir qu’il prenait tous les
risques. Et il en est mort. Il ne prenait aucune précaution et j’ai été assez
stupide pour le suivre quand il a pourchassé la lionne qui lui avait volé sa
chasse. Sans Ayla, je serais mort, moi aussi.
Cet aveu piqua la curiosité des auditeurs, mais personne n’osa
le questionner de crainte de raviver de douloureux souvenirs. Finalement,
Tholie brisa le silence.
— Comment as-tu rencontré Ayla ? Tu étais près du Camp
du Lion ? Jondalar leva les yeux vers Tholie, puis regarda Ayla. Il s’était
exprimé en sharamudoï et il n’était pas sûr qu’elle eût tout compris. Il
regretta qu’elle ne pût faire le récit elle-même. Expliquer les circonstances
de sa rencontre avec la jeune femme n’allait pas être facile, et encore moins
plausible. Avec le recul, l’histoire lui paraissait invraisemblable, mais il l’acceptait
plus facilement quand Ayla racontait sa version des événements.
— Non, nous ne connaissions pas le Camp du Lion, à l’époque,
déclara Jondalar. Ayla vivait seule dans une vallée, à plusieurs jours de
marche du Camp du Lion.
— Toute seule ? s’étonna Roshario.
— Euh... enfin, pas exactement. Elle partageait une petite
grotte avec deux animaux.
— Ah, elle possédait un autre loup ? demanda la
blessée en caressant l’animal.
— Non. Elle ne connaissait pas encore Loup. Elle l’a
découvert quand nous habitions au Camp du Lion. Mais elle vivait avec Whinney.
— Whinney ? Qu’est-ce que c’est ?
— C’est une jument, Roshario.
— Une jument ? Alors, Ayla possède aussi une
jument ?
— Oui. Regarde, c’est elle, là-bas, dit Jondalar en
montrant les deux chevaux dont les silhouettes se
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