Le grand voyage
l’auraient certainement pas attaquée
si Guban avait été là. Dès qu’il les avait vus, Guban avait sauté de son rocher
pour la défendre.
— C’est étonnant qu’il ne se soit cassé qu’une jambe,
remarqua Jondalar en évaluant la hauteur impressionnante du rocher.
— Les os du Clan sont très robustes, expliqua Ayla, et très
épais. Ils ne se brisent pas facilement.
— Ces hommes n’avaient pas besoin de me brutaliser, dit
Yorga. S’ils m’avaient donné le signal, je me serais soumise à leur besoin.
Quand j’ai entendu le cri de Guban, j’ai compris que c’était très grave.
Elle poursuivit son récit. Plusieurs hommes s’étaient attaqués à
Guban pendant que trois autres essayaient de la forcer. En entendant Guban
crier, elle avait compris qu’il était blessé et avait tenté d’échapper à ses
agresseurs. Jondalar avait alors surgi, frappant les hommes des Autres et le
loup avait bondi sur l’un pour le mordre.
— Ton homme est très grand et son nez est tout petit, mais
quand je l’ai vu attaquer les hommes, cette femme a eu pour lui les yeux d’une
mère, avoua-t-elle avec un regard timide.
Un instant déconcertée, Ayla finit par sourire.
— Je n’ai pas bien compris, qu’a-t-elle dit ? demanda
Jondalar.
— Elle plaisantait, assura Ayla.
— Elle plaisantait ?
Il ne les aurait jamais crus capables de plaisanteries.
— Elle voulait plus ou moins dire que malgré ta laideur,
quand tu es venu la défendre, elle t’aurait volontiers embrassé, annonça Ayla
avant de traduire ses explications à Yorga.
La femme parut gênée, et jeta un coup d’œil furtif à Jondalar.
— Je suis très reconnaissante à ton géant. Si l’enfant que
je porte est un garçon, et si Guban m’autorise à suggérer un nom, je lui dirai
que Dyondar n’est pas si vilain que ça.
— Elle plaisante encore ? s’inquiéta Jondalar, plus
ému qu’il ne voulait l’avouer.
— Non, mais elle ne peut que le suggérer à Guban, et le nom
causerait trop de problèmes à l’enfant. Il est tellement inhabituel polir eux.
Mais je crois que Guban accepterait. Pour un homme du Clan, il est
exceptionnellement ouvert aux idées nouvelles. Yorga m’a raconté leur Union, et
j’ai l’impression qu’ils sont amoureux, ce qui est on ne peut plus rare. D’habitude,
les Unions sont arrangées.
— Qu’est-ce qui te fait penser qu’ils s’aiment ?
demanda Jondalar, intrigué.
— Yorga est la seconde femme de Guban. Son clan habite loin
d’ici, et Guban leur a rendu visite pour parler d’un grand Rassemblement et
pour discuter de nous, les Autres. D’abord des agissements de Charoli – je
lui ai signalé les intentions des Losadunaï – et si j’ai bien
compris, un groupe des Autres a entrepris des démarches de troc avec un ou deux
clans.
— Ça alors !
— Comme tu dis. Il y a un problème de communication, mais
les hommes du Clan, y compris Guban, ne font pas confiance aux Autres. Au cours
de sa visite, Guban et Yorga se sont remarqués. Guban la désirait, et il a
prétexté un rapprochement entre clans éloignés pour faciliter les échanges d’idées,
et discuter notamment des idées nouvelles. Et il l’a ramenée avec lui ! C’est
très inhabituel. L’usage veut qu’on en parle d’abord au chef, qu’on rentre en
discuter avec son clan et qu’on laisse à la première femme le temps de s’habituer
à partager son foyer avec une autre.
— La première femme de son foyer l’ignorait donc ? s’étonna
Jondalar. Guban est courageux.
— Sa première femme a eu deux filles, et il voulait un
garçon. Les hommes du Clan accordent une grande importance aux fils de leur
compagne et Yorga espère bien sûr mettre au monde un garçon. Elle a connu
quelques difficultés pour se faire accepter par son nouveau clan, et si Guban
ne guérit pas, s’il perd son statut à cause de sa jambe cassée, elle craint qu’il
ne la rende responsable.
— Je commence à comprendre pourquoi elle s’inquiète tant.
Ayla se garda de lui avouer qu’elle s’était confiée à Yorga, lui
expliquant qu’elle se rendait chez le peuple de Jondalar, loin des siens, elle
aussi. Elle ne voulait pas ajouter aux soucis de son compagnon, mais elle s’interrogeait
toujours sur l’accueil que lui réserveraient les Zelandonii.
Ayla et Yorga auraient aimé rester en contact et partager le
fruit de leurs nouvelles expériences. Elles se sentaient presque de la
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