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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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déversèrent dès que le véhicule se fut immobilisé. Les parents descendirent du siège comme deux ours penauds. Un minuscule garçonnet, coincé entre leurs gros manteaux, avait effectué le voyage avec eux. Les jeunes, hirsutes et le visage rougi par le grand air, saluèrent bruyamment la mère Bonnefoy qui était allée leur ouvrir la porte du rez-de-chaussée et les attendait à l’autre bout de la passerelle agitée. Elle avait eu tout juste le temps d’enlever son tablier maculé et de confier la friture de ses derniers beignets à Edmonde.
    — C’est la famille d’un collègue de mon père qui habite à la campagne, expliqua Églantine à Louis, qui fit un signe d’assentiment.
    — Vous avez dû vous faire secouer par la route et les quatre vents, là-dedans, dit la mère Bonnefoy.
    — Bah, on a déjà commencé à boire. On n’a rien senti, dit un jeune homme dégingandé en brandissant un cruchon de vin.
    Un tonnerre de rires s’éleva dans la maison qui s’emplit de manteaux, de heuses* et de voix.
    — Les enfants, restez donc habillés et allez vous dégourdir dehors un peu, dit la matrone qui venait d’entrer.
    Ils ne se firent pas prier. Ils s’en allèrent tous spontanément former un cercle investigateur autour du mystérieux tonneau noirci et rempli de terre boueuse. Louis eut un haussement d’épaules sous le regard plein de reproches qu’Églantine lui destina.
    La chambre des maîtres servit à improviser un dortoir pour les bébés et les tout jeunes enfants que la fébrilité des lieux rendait maussades. On en installa là une demi-douzaine qui parvinrent à somnoler derrière la porte close. Les adultes s’empilèrent dans la grande salle, autour des tables qu’on avait dressées.
    — Toute la tribu est arrivée, dit la mère Bonnefoy. Nous allons faire manger les jeunes en haut, sinon on ne s’entendra pas. Cher Philippe, vous prendriez bien un peu d’hypocras ?
    — Je l’ai flairé en mettant les pieds dans cette maison et je commençais à me demander si vous n’aviez pas décidé de vous le garder.
    — Ma fille, je te charge de servir tes amis, d’accord ? J’ai mis un tonnelet d’hypocras à chauffer pour vous aussi.
    De mauvaise grâce, Églantine se dirigea vers l’âtre où le vin frémissait et produisait d’agréables rubans de fumée aromatique dans son chaudron en cuivre. Sans y penser, elle servit Louis en premier, à la façon désinvolte d’une reine.
    — Merci, dit-il en acceptant le breuvage offert.
    Leurs mains s’effleurèrent. Églantine baissa les yeux et s’empressa de disparaître parmi les jeunes hôtes avec d’autres gobelets.
    Edmonde circulait parmi les convives avec un plateau décoré qui proposait fièrement une variété de petites bouchées. Louis mordit dans un délicieux roulé de fromage frais et d’abricots épicés. Il n’avait jamais rien goûté d’aussi délicat. Il ne chercha pas à se mêler aux jeunes qui refluaient peu à peu vers l’escalier menant à l’étage ; il n’alla pas non plus parmi les adultes. Il resta plutôt seul, debout près du feu. Cette maison chaleureuse, exubérante, pleine de monde, cette atmosphère de convivialité bon enfant, tout cela était trop nouveau pour lui.
    — Il y en a deux autres qui arrivent à pied, lança une voix d’enfant haut perchée par-dessus le tumulte.
    La mère de l’un des gamins qui traînait les pieds sur la passerelle s’en alla le rejoindre en protestant :
    — Miséricorde, petiot, tu ressembles à un porcelet qui s’est roulé dans la fange. Les autres doivent être aussi sales. Va leur dire de rentrer.
    — Oh, Mère…
    — Tout de suite.
    — Il y a des pâtés et des tartes qui vous attendent, annonça la mère Bonnefoy depuis la porte restée ouverte.
    — Et des beignets ?
    Le garçon disparut en un clin d’œil et ramena avec lui un troupeau échauffé qui se bousculait dans l’escalier. Edmonde protesta en s’élançant vers lui.
    — En bas ! Restez en bas. Vous allez m’étendre de la boue partout avec vos semelles crottées. Mais où êtes-vous donc allés patauger, pour l’amour du ciel ?
    Les enfants abandonnèrent partout des pelotes de terre et d’herbe avec leurs vêtements rendus humides par la bruine que produisait le moulin. Deux mamans se portèrent au secours d’Edmonde, afin d’éviter que ce désordre de champ de bataille ne se propage dans toute la maison.
    — Dis donc, petiot, est-ce qu’ils

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