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Le jour des barbares

Le jour des barbares

Titel: Le jour des barbares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alessandro Barbero
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gladius, le javelot et l’épée courte des légionnaires de Jules
César ; les armes principales du soldat étaient maintenant la lance, longue
de deux mètres cinquante, et l’épée longue ou spatha, mieux adaptée à
une méthode de combat en formation serrée, qui se rapprochait de celle des
antiques phalanges macédoniennes. Le bouclier de bois était désormais rond ou
ovale, et la lorique composée de lamelles métalliques avait été remplacée par
la cotte de mailles en fer, plus pratique et plus facile à fabriquer. Chaque
soldat emportait avec lui de petits javelots, d’un modèle différent du pilum ,
et de petites flèches plombées ; mais dans la pratique le combat à
distance était principalement confié aux archers, qui formaient des régiments
entiers, recrutés pour l’essentiel en Orient. Même si, extérieurement, seul le
casque d’acier rappelait encore, par sa forme, les légionnaires des temps
anciens, le professionnalisme et la discipline de l’armée régulière étaient
encore ceux d’autrefois.
    Sur combien d’hommes Fritigern pouvait-il compter pour
affronter Lupicinus ? Impossible de le dire, mais ils étaient probablement
plus nombreux : peut-être sept ou huit mille combattants, voire davantage,
s’ils avaient déjà été rejoints par les immigrés clandestins qui avaient
franchi le fleuve après que les Romains eurent relâché leur surveillance. Le
nombre total des réfugiés était bien sûr beaucoup plus élevé, plusieurs
dizaines de milliers de personnes, mais c’étaient en majorité des
non-combattants : femmes, vieillards, malades, et surtout enfants. Les
Goths avaient traversé le fleuve avec un équipement de fortune ; comme
tous les barbares, ils étaient pauvres, la plupart des guerriers ne possédaient
qu’une lance et un bouclier de bois ; le casque et l’épée étaient déjà des
attributs précieux, réservés aux chefs. Quelques-uns s’étaient armés en
dépouillant les Romains tués sous les murs de Marcianopolis, mais ils ne
devaient pas être très nombreux. Lupicinus, tout compte fait, pouvait espérer
réussir.

2.
    Mais il ne réussit pas. Et ce fut véritablement le tournant
de cette histoire, parce que la sédition ne faisait que commencer, les Goths
étaient sans doute assez effrayés de ce qu’ils avaient fait, et si l’armée
romaine s’était montrée capable de reprendre les choses en main, tout se serait
peut-être arrêté là. Au contraire, non seulement Lupicinus ne parvint pas à
redresser la situation, mais il subit un tel désastre qu’il finit par la
compromettre définitivement. Il est difficile de dire comment il put échouer à
ce point. Peut-être les Goths étaient-ils vraiment trop nombreux, peut-être le
désespoir leur donna-t-il une énergie que les Romains, même s’ils étaient de
solides professionnels, n’avaient pas ; le fait est que, lorsqu’il arriva
en vue de l’ennemi, à quelques kilomètres à peine de Marcianopolis, Lupicinus
déploya ses troupes en ordre de bataille et attendit, certain de pouvoir
repousser l’assaut des barbares. Mais ceux-ci attaquèrent avec une telle
violence qu’à la longue les lignes romaines commencèrent à reculer, puis à
céder, et la plupart des soldats furent massacrés lors de la débandade qui s’ensuivit.
Lupicinus, lui, était déjà parti se réfugier derrière le mur d’enceinte de
Marcianopolis.
    Sur le déroulement concret du combat, nous savons fort peu
de choses. Le seul détail qui nous soit parvenu est que les Goths attaquaient
en utilisant leurs boucliers de bois : ils les poussaient sur les ennemis,
comptant aussi sur l’ombon, c’est-à-dire l’excroissance de fer ou de bronze
située au centre du bouclier, qui pouvait être munie d’une pointe acérée et
constituer une arme redoutable ; et ceux qui avaient des lances et des
épées s’en servaient pour frapper dans les espaces vides entre les boucliers. Mais
la vérité est peut-être tout simplement qu’ils étaient beaucoup plus nombreux
que ne l’avait prévu Lupicinus, si bien que la ligne des légionnaires ne put
tenir le choc indéfiniment. Le soir venu, les Goths, maîtres du champ de
bataille, dépouillèrent les morts de leur équipement ; et s’il est vrai, comme
on le pense, qu’une grande partie des troupes réunies par Lupicinus fut
anéantie, il y avait là de quoi armer de casques, d’épées et de cottes de
mailles la plupart des guerriers goths.
    Nous ne savons

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