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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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termine pas là toutefois, continua le baron d’une voix fissurée. Quelques
mois plus tard, Kerstall est revenu me voir, accompagné d’un autre homme. Ils
ont surgi dans ma chambre un soir. J’ai voulu appeler à l’aide, mais ils m’ont
bâillonné, puis torturé…
    Le
vieillard releva l’une des manches de sa chemise, découvrant un bras
squelettique lacéré de cicatrices livides et de marques rougeâtres.
    –  Le
compagnon de Kerstall s’est chargé de cette lâche besogne tandis que lui-même observait
la scène et ne cessait de me demander où était caché le tableau. Parfois…
parfois lui aussi me torturait, mais avec ses paroles. Il évoquait Florentine
en des termes moqueurs ou injurieux, me relatait en détail la manière dont il
l’avait séduite puis abandonnée. Chacun de ses mots me faisait mille fois plus
souffrir que les supplices physiques auxquels j’étais soumis.
    Il fit encore une pause
et secoua doucement la tête comme pour chasser une vision.
    –  Ce calvaire a duré toute
la nuit, mais je n’ai pas parlé, lança-t-il d’un ton farouche. Mes ancêtres ont
combattu pour le royaume de France lors des plus illustres batailles. Jamais au
cours de l’histoire ma famille n’a plié devant l’ennemi. Je n’ai pas dérogé à
cette règle. Kerstall a fini par céder avant moi. Il est parti, me laissant en
cadeau la cécité, et je n’ai plus jamais entendu parler de lui. J’ignore
toujours qui il était en réalité.
    Sa respiration
s’accéléra subitement, et il ferma les yeux.
    –  Pourquoi nous
racontez-vous tout cela ? demanda Cassandra.
    –  Parce que je suis
malade, haleta le baron. Condamné. Il ne me reste que quelques mois à vivre,
peut-être quelques semaines. Et comme je vous l’ai dit, je suis la seule
personne à connaître l’emplacement du tableau ; quand je mourrai, ce
secret disparaîtra avec moi.
    Il se pencha brusquement
en avant, son regard aveugle braqué sur ses visiteurs.
    –  Aussi ai-je réfléchi, et
je vous propose un marché : ma fille contre le tableau.
    Cassandra et Julian se
regardèrent de nouveau. Un long silence plana sur la pièce.
    –  Si je comprends bien,
dit lentement Cassandra, vous nous remettrez le tableau à la condition que nous
retrouvions Florentine.
    –  Exactement. Mes hommes
ont perdu sa trace à Londres. Il est certain qu’elle y a débarqué, mais ensuite
elle s’est évaporée. Ils ont fouillé toute la ville, sans résultat.
    –  Pourquoi
réussirions-nous là où ils ont échoué ? intervint Julian. Londres est une
ville colossale, et peut-être n’y vit-elle même plus depuis longtemps. Elle
peut se trouver n’importe où à l’heure actuelle.
    –  Je
veux parler à ma fille avant de mourir, s’obstina le baron. Ramenez-la moi, par
tous les moyens possibles.
    Sur
un signe de sa part, le domestique apporta un tableau à l’encadrement doré.
    –  Voici
le portrait de Florentine, annonça le vieillard. Il a été achevé la veille de
son dix-huitième anniversaire. Un mois après, elle quittait la maison pour
rejoindre Kerstall.
    D’un
même mouvement, Julian et Cassandra se penchèrent sur la toile que leur présentait
le valet. Rien d’exceptionnel ne caractérisait Florentine de Saujac : une
chevelure blond roux qui aurait pu être superbe si elle n’avait été si terne,
des yeux bleu pâle à l’expression rêveuse, des traits agréables mais un peu
lourds. Passablement jolie, certes, mais sans doute pas au point de marquer les
esprits.
    –  Quel âge aurait-elle
aujourd’hui ? demanda Cassandra.
    –  Quarante
ans, répondit doucement le vieillard, une soudaine émotion peinte sur son
visage parcheminé. Quarante ans…
    Chacune de ses
inspirations s’accompagnait d’un râle sourd.
    –  Mes
domestiques vous indiqueront les vêtements et bijoux que Florentine a emmenés
avec elle en Angleterre, ajouta-t-il au prix d’un violent effort. Cela vous
sera peut-être utile.
    –  Et
si elle est morte ? objecta froidement Cassandra, qui n’appréciait guère
qu’on lui force la main.
    Le
baron de Saujac se redressa sur son siège, très pâle, et ses doigts décharnés
se crispèrent davantage sur les accoudoirs du fauteuil.
    –  Alors apportez-m’en la
preuve.

XXXII
    Le
rideau venait de se lever sur la scène lorsque Aerith pénétra dans la loge qui
lui était réservée au théâtre royal italien de Covent Garden. Ce soir-là, la
mezzo-soprano Désirée Artôt y

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