Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
salon.
*
Cassandra
et Aerith avaient pris place de part et d’autre d’une table et s’observaient
mutuellement.
Partagée
entre curiosité et répulsion, Cassandra ne pouvait s’empêcher de scruter
Aerith. Comment ce visage aux traits si purs pouvait-il dissimuler une telle
fourberie ? Comment avait-elle pu briser en quelques jours à peine le lien
qui s’était tissé entre Julian et Gabriel ? Le pouvoir nocif de cette
femme était impressionnant. Elle devait se tenir sur ses gardes.
Aerith parla la
première.
– Je
suppose que Julian vous a exposé les résultats du décryptage du parchemin.
Trois œuvres, dont l’une est en votre possession…
– Oui,
la coupa sèchement Cassandra, je suis au courant. Venez-en au fait.
Aerith sourit.
– Calmez-vous,
Mrs. Ward, j’ai besoin que vous conserviez votre sang-froid. Vous allez m’aider
à récupérer les trois gravures d’Isis.
Cassandra la considéra
avec une surprise sincère.
– Vous
aider ? Pourquoi ferais-je une chose pareille ? Et ne me répétez pas
que vous agissez pour le compte de l’Angleterre, cela m’est complètement égal.
– Mais
vous pourriez en tirer avantage. Il va de soi que votre coopération serait
récompensée…
Cassandra secoua
dédaigneusement la tête.
– Quoi que vous puissiez
m’offrir, je ne suis pas intéressée.
– Vous
vous trompez, repartit Aerith. Je pense au contraire être capable d’exaucer un
vœu qui vous est cher.
Pas un trait du visage
de Cassandra ne bougea.
Aerith
croisa ses bras gantés de blanc sur la table et se pencha en avant. Elle était
si proche que Cassandra distinguait les paillettes dorées qui parsemaient ses
yeux.
– Ecoutez-moi
attentivement, Mrs. Ward… Vous rappelez-vous d’un séjour à Bath, il y a
quelques années de cela ?
*
La
nuit tombait quand Julian eut la surprise de voir Cassandra se présenter à sa
résidence de Birdcage Walk, située à la lisière de St Jame’s Park et à quelques
encablures de Buckingham Palace. Il se trouvait dans la bibliothèque, un livre
à la main, lorsque le majordome l’introduisit. Aussitôt qu’il l’aperçut, il
reposa son ouvrage et s’approcha d’elle avec inquiétude.
– Cassandra, que se
passe-t-il ?
Hagarde, elle le
regardait sans le voir.
– Cassandra ?
Elle ne répondit pas.
Julian lui prit alors la main et la fit asseoir. Puis il lui servit un verre de
cognac qu’elle but machinalement. Ses joues retrouvèrent un peu de couleur et
elle parut reprendre ses esprits.
– J’ai reçu la visite
d’Aerith, souffla-t-elle enfin.
Le visage de Julian se
durcit.
– Ne
nous laissera-t-elle donc jamais en paix ? Que voulait-elle encore ?
– Mon
aide pour réunir les trois gravures d’Isis. Et… elle s’est montrée très
convaincante.
– Convaincante ? Vous
moquez-vous, Cassandra ?
– Elle m’a promis quelque
chose que je ne peux refuser…
– Et
qu’est-ce donc ? s’enquit Julian en la considérant avec une méfiance
nouvelle.
– Je ne peux pas vous le
dire, je suis désolée…
– Cassandra,
je ne peux croire ce que je viens d’entendre. Vous, travailler pour
Aerith ?
Il
la regardait comme si elle l’avait trahi, et Cassandra en fut blessée. Un peu
honteuse, elle détourna les yeux mais demeura ferme dans sa résolution.
– Avez-vous
récupéré L’Homme au turban rouge chez votre mère ?
– Oui,
mais j’hésite à en extraire la gravure d’Isis, si elle s’y trouve. Mieux vaut
peut-être qu’elle reste cachée là où elle est.
– C’est
impossible, Julian. J’ai besoin que vous me donniez cette gravure.
– Pour
que vous la remettiez à Aerith ? Il n’en est pas question. Je n’aiderai
plus jamais cette femme, jeta-t-il d’un ton farouche. Plus jamais !
– Julian, je vous en prie…
Cassandra s’était levée
et tendait vers lui une main implorante.
– Vous
ne pouvez imaginer à quel point l’enjeu est pour moi essentiel…
Ses
yeux brillaient de larmes contenues. Mal à l’aise, Julian éluda sa requête.
– Aerith
vous a-t-elle révélé où se trouvait le troisième tableau, L’Adepte de Jérôme Bosch ?
– Selon
ses informations, il est en France. Elle veut que j’aille là-bas le récupérer,
et j’aimerais que vous m’accompagniez… Vos connaissances peuvent m’être
précieuses…
De la tête, Julian lui
signifia son refus.
– Même
si j’approuvais votre idée, ce qui
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