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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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plongeant, pour n’en jamais
revenir, dans les montagnes écumantes.
    Ces
violentes tempêtes n’avaient laissé aucun répit à la flotte jusqu’au royaume du
Portugal. En arrivant à Lisbonne, quatre bateaux sur les dix étaient
endommagés, dont deux sévèrement. Là, il leur fallut rester près de trois mois
pour mener à bien les réparations. Durant ce temps, la plupart des chevaliers
et des sergents avaient remonté le fleuve Nabâo pour se rendre à Tomar, qui
abritait une forteresse du Temple.
    Pour
Will, c’était la meilleure chose qui puisse arriver.
    Quelques
mois plus tôt, tandis qu’il était malade à
    Orléans,
Robert de Paris s’était rendu dans l’une des commanderies du Temple au royaume
de Castille pour remplir une mission que lui avait confiée le visiteur. En
apprenant que la flotte mouillait à Lisbonne pour effectuer des réparations, il
demanda au maître l’autorisation, avec quelques autres, de rejoindre ses
camarades. Leur requête fut accordée et ils chevauchèrent à travers tout le
pays pour rallier Tomar. Ainsi, Robert avait retrouvé Will au château.
    Le
matin, ils s’entraînaient ensemble sur le champ à l’extérieur de l’enceinte
dominant la ville. Les muscles de Will s’étaient considérablement ramollis et
ses poumons le brûlaient dès qu’il grimpait quelques marches. Il était à peine
capable de monter un cheval, et encore moins de porter une lance. Néanmoins,
l’exercice et le soleil portugais avaient progressivement insufflé une vie
nouvelle en lui, et à mesure que ses muscles durcissaient et que sa peau se
hâlait, son esprit s’affermissait lui aussi. Un soir, Robert et lui s’étaient
assis sur les remparts du château pour contempler les collines inondées de
lumière et observer les lézards se faufilant entre les pierres, et Will lui
avait raconté l’épisode de la prostituée. Il lui avait également expliqué le
rôle de Garin, mais sans s’appesantir sur les raisons de sa trahison, faisant
simplement mention d’un manuscrit volé à Everard. Robert avait écouté en
silence, puis il lui avait passé une gourde de vin de Bourgogne confisquée à un
sergent.
    Après
cette confession, les choses avaient changé pour Will. Son désir de revanche
envers Garin ne l’avait pas quitté, mais il était parvenu à l’ensevelir assez
profondément en lui pour ne pas être harcelé en permanence.
    Comme
il avait enfoui Elwen dans un autre coin de sa tête.
    Le
jour, lorsqu’il s’entraînait avec Robert, qu’il péchait dans la rivière ou
qu’il discutait avec Everard et Simon, il réussissait à maintenir son fantôme à
distance. Mais la nuit, quand rien ne lui occupait plus l’esprit, elle s’immisçait
souvent dans ses pensées. Dans ces moments, il s’imaginait souvent revenir sur
ses pas, mais la crainte qu’elle ne lui pardonne pas le retenait, ainsi qu’un
appel pressant vers l’Orient et le désir sans cesse accru de voir la tombe de
son père.
    Quand
ils avaient levé l’ancre à Lisbonne, deux galères marchandes et un bateau de
pèlerins les avaient accompagnés. Leurs capitaines payaient une taxe pour
l’escorte armée jusqu’en Acre. En progressant vers le sud, la couleur de l’eau
avait changé : du gris ardoise des côtes françaises au bleu marine profond des
mers espagnoles, ils avaient ensuite transité par les eaux émeraude du Portugal
avant d’aboutir, enfin, dans l’azur méditerranéen.
    — Ça
ressemble à ce que tu imaginais ? demanda Robert en tendant à Will une gourde.
Tiens, c’est notre dernier bourgogne.
    — Ce
que j’imaginais ?
    — Acre...
fit Robert en désignant la ville, dont ils se rapprochaient de plus en plus.
    Les
rameurs avaient ralenti le rythme. Le bateau longeait une digue menant au port,
le plus grand et le plus animé que Will ait jamais vu.
    Will
but une lampée de vin et rendit la gourde à Robert.
    — Ça
ressemble à Paris. En plus jaune.
    — Je
pense qu’ils seront nombreux à être déçus, dit Robert en avalant les dernières
gouttes de vin et en se tournant vers un groupe de sergents attroupés sur la
dunette.
    Les
jeunes gens polissaient des épées en regardant la ville d’un air sinistre.
    — Un
des membres d’équipage me disait tout à l’heure qu’il y a quelques années, des
chevaliers ont refusé de quitter le bateau. Ils pensaient que c’étaient des
Sarrasins qui les attendaient sur la plage. Ils se sont mis à discuter pour
savoir s’ils

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