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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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nous ?
    Le vieux chevalier, pointant devant lui sa ridicule épée dans son fourreau bosselé, traversa la salle d’un pas décidé, faisant claquer ses doigts pour que Smithler lui procure un siège. Le tenancier lui en apporta un qu’il laissa retomber violemment sur le sol et s’éloigna en claquant les talons. Le vieillard s’assit, tenant toujours son épée par sa garde en forme de croix comme s’il s’agissait d’un bâton de magistrat.
    Kathryn cogna doucement Colum à la cheville pour le maintenir éveillé, puis elle demanda :
    — Quelle raison vous amène à la Taverne du Vannier , Sir Gervase ? Vous possédez des terres… ?
    — Oui, près d’Islip, tonna le vieux chevalier. Un manoir entouré de douves avec des écuries, des granges, des terres arables et des pâturages.
    — Dans ce cas, pourquoi vous rendre à Cantorbéry ? insista Kathryn.
    — Pour prier devant les reliques du saint martyr, fanfaronna Sir Gervase qui se pencha en avant pour baisser la voix. Je suis l’un d’eux, savez-vous ?
    — L’un de qui ? s’étonna Colum.
    — L’un des meurtriers, chuchota le chevalier sur un ton de conspirateur.
    — D’Erpingham, voulez-vous dire ?
    — Ne soyez pas stupide, mon garçon !
    Sir Gervase frappa le sol avec son épée.
    — Je suis descendant d’un de ces chevaliers qui assassinèrent Becket. Ma mère était née de Broc, l’ennemi le plus acharné de Becket. Aussi, tous les ans, au moment de Noël, c’est-à-dire à l’époque de la mort du bienheureux Thomas, je fais mon petit pèlerinage ici. Je descends à la Taverne du Vannier  ; Smithler ne m’aime pas et c’est réciproque, mais c’est une bonne auberge, les lits y sont propres, il n’y a pas de puces, et les rats savent rester à leur place. Ce n’est pas comme en France. Oh, mon Dieu, Maîtresse, je pourrais vous en raconter de belles…
    — Je m’en doute, oui, l’interrompit Kathryn avec tact. Et vous connaissiez Sir Reginald ?
    Le visage jovial du vieux chevalier se rembrunit, et il retroussa les lèvres.
    — Si je le connaissais ? Oh oui, je le connaissais ! gronda-t-il. Et je suis très heureux, savez-vous, Maîtresse ? Je suis très heureux que cet infâme gredin soit mort !

CHAPITRE IV
    Le ton plein de hargne du vieillard étonna Colum qui demanda :
    — Entendez-vous que vous souhaitiez la mort d’Erpingham ?
    — Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, Irlandais, gronda Sir Gervase en frappant un nouveau coup d’épée sur le plancher. Je suis seulement content que l’homme ait eu ce qu’il méritait, en ce monde et dans l’autre.
    — Pourquoi ?
    — Il était dur comme la pierre, froid comme la glace. Il ne craignait ni Dieu ni les hommes, et, par dessus tout, c’était un voleur.
    — Avez-vous des preuves de ce que vous avancez ? s’enquit Kathryn.
    Sir Gervase détourna les yeux.
    — Les bonnes langues le disent. Kathryn effleura la main du vieillard.
    — Vous êtes un sage, dit-elle pour le flatter, et un homme avisé aussi. Vous en savez davantage, n’est-ce pas ?
    Sir Gervase sourit, amadoué.
    — C’était un débauché. Que Dieu ait pitié de la pauvre veuve qui ne pouvait pas payer ses impôts. Erpingham lui demandait de le faire en nature. Il semblait trouver plaisir à harceler et à soumettre au chantage les jolies femmes sans défense.
    — Réglait-il leurs contributions de sa poche ? demanda Kathryn.
    — Montrez-moi un collecteur d’impôts démuni, répliqua Sir Gervase.
    — Pourquoi ne pas l’avoir confondu ?
    — Erpingham était juriste, il avait étudié aux Écoles de droit. Vous connaissez l’histoire, n’est-ce pas, Maîtresse Swinbrooke ?
    Kathryn secoua la tête.
    — Un jour le diable vit un juriste tuer une vipère devant une écurie ; le diable grimaça un sourire parce que le spectacle lui rappelait Caïn tuant Abel.
    — Vous n’aimez pas les juristes ? demanda Colum.
    — Non, je ne les aime pas, mais je haïssais Erpingham. Si j’avais eu des preuves, j’aurais porté plainte directement à la chambre du roi, à Westminster.
    — Pourtant, vous l’avez réconforté lorsqu’il a eu ce cauchemar ?
    — Oh, je lui ai donné une coupe de vin de Bordeaux, répliqua Percy qui se pencha, le visage maintenant défiguré par la haine.
    Il ajouta :
    — Mais j’ai eu de la satisfaction à le voir souffrir.
    — Et sa mort ? insista Colum.
    Sir Gervase tint son épée par sa garde en

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