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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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garde.
    — Personne ne doit partir sous aucun prétexte.
    Il avait parlé d’une voix si sombre, avec un air si menaçant, que nul n’osa protester. Blanche Smithler remplit les coupes d’hypocras, et Kathryn et Colum allèrent s’asseoir sous la fenêtre, soulagés de s’écarter du feu ronflant.
    — Vous paraissez épuisé, Colum, murmura Kathryn.
    — Je pourrais dormir un mois entier, me semble-t-il, soupira l’Irlandais.
    Il but une gorgée de sa boisson fumante.
    — Cette histoire est un casse-tête digne du diable, dit-il encore.
    Kathryn porta son regard sur les clients qui s’étaient rapprochés et discutaient à voix basse.
    — L’un d’entre eux est le meurtrier, chuchota-t-elle, un, deux, ou peut-être tous.
    Elle ferma les yeux et se remémora le cadavre taché de rougeurs, qui gisait raide sous les draps, dans cette sinistre chambre.
    — Si je n’étais pas si lasse… commença-t-elle.
    — Que feriez-vous ? demanda Colum, taquin. Kathryn soupira.
    — Je ne sais pas.
    Elle lissa le devant de sa robe.
    — Quelque chose me tourmente, Irlandais, quelque chose que je ne saurais définir. Comme ce jeu où il faut sortir un objet glissant d’un baquet d’eau avec les yeux bandés. On éclabousse partout, sans jamais saisir l’objet. Par la fenêtre à meneaux, elle regarda, au-delà du portail, le tapis de neige qui recouvrait la route et les champs.
    Sans se retourner, elle reprit :
    — Les clients sont liés par  une sorte de conspiration. Ne trouvez-vouspas singulier, Colum, que tous semblent connaître Erpingham? Cependant, bien qu’il ait été ignoblement assassiné, pas un n’a un mot bienveillant pour lui.
    Colum lui effleura doucement le genou.
    — Kathryn, ne faut-il pas prier Luberon de nous rejoindre ? Il a l’air désemparé comme une poule qui a perdu son oeuf.
    Pivotant, Kathryn sourit au petit clerc et lui fit signe de venir. Il était assis à l’écart des clients et regardait la jeune femme et l’Irlandais avec un air boudeur.
    Quand il approcha en se dandinant, sa démarche était si rapide et si joyeuse que Kathryn songea à un petit chien qu’elle avait eu autrefois. Il tira un tabouret pour s’installer près d’elle, qui le dominait, sur la banquette de la fenêtre.
    — Que pensez-vous, vous le plus perspicace des clercs ? le taquina la jeune femme.
    — On vous a mandé à la taverne ce matin et vous avez vu la chambre, n’est-ce pas ? demanda Colum.
    — Certes. Standon montait la garde devant la porte. Je puis vous garantir, Maîtresse Swinbrooke, que j’ai inspecté la pièce très minutieusement : rien n’y avait été touché quand j’y suis revenu avec vous.
    — Je vous crois, dit Kathryn. Je sais aussi que le vin dans le gobelet d’Erpingham s’y trouvait depuis un certain temps : de la poussière s’y était mêlée.
    — Et le fantôme ? interrogea Colum.
    — Il s’agit d’une hallucination, déclara Kathryn. Sir Reginald n’était pas un ange, et même s’il avait un coeur de pierre, nous avons tous des fantômes tapis au fond de notre âme. Peut-être cette vision lui est-elle venue d’un sentiment de culpabilité ou d’un cauchemar qu’il a eu jadis.
    Kathryn regarda le clerc.
    — Tous les clients semblent connaître Erpingham, et le haïr, Maître Luberon.
    — C’est qu’il était collecteur d’impôts, fit observer Luberon. Montrez-m’en un qui soit populaire, Maîtresse Swinbrooke, et je rembourserai de ma poche l’argent volé. N’oubliez pas que tous les clients sont natifs du Kent, comme l’était Erpingham. Il est normal qu’ils l’aient bien connu.
    — Reprenons depuis le début, proposa Colum.
    — Attendez ! s’exclama Kathryn. Sommes-nous sûrs pour la chambre ? Simon vient de dire que tous les clients sont nés dans le Kent et qu’ils descendent régulièrement ici.
    La jeune femme sursauta : un rat venait de surgir entre les planches sous la banquette de la fenêtre, et galopait sur les joncs pour disparaître dans un recoin sombre près de la cheminée.
    — Je fouillerai cette chambre de fond en comble, dit Colum, j’en retournerai chaque pierre. S’il existe un passage secret, je le trouverai.
    Luberon reprit :
    — Et si le fantôme avait été forgé de main d’homme pour terrifier Erpingham ?
    — Pour le moment, occupons-nous des vivants, répliqua Kathryn. Sir Gervase, appela-t-elle, élevant la voix, auriez-vous l’amabilité de vous joindre à

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