Le Maréchal Berthier
d'armée.
À la fin du mois de mars, l'état de santé de Berthier lui permit de se rendre quotidiennement aux Tuileries dans l'après-midi et d'y avoir une conférence d'une heure ou deux avec l'empereur. Celui-ci avait déjà réarticulé ses troupes en deux armées, la première concentrée sur l'Elbe et comprenant cinq corps d'armée plus deux corps de cavalerie, et la seconde sur le Main à trois corps d'armée. Tout cela était assez impressionnant sur le papier. Mais Berthier ne tarda pas à constater que l'ensemble de ces unités manquaient d'équipements et que Napoléon avait désormais une curieuse propension à surestimer systématiquement les effectifs. Il conclut assez vite que la nouvelle « Grande Armée » ne vaudrait pas et de loin l'ancienne.
Le 6 avril, Berthier fut invité à se rendre à Mayence, mais il lui fallut d'abord compléter son état-major et mettre au point certaines questions avec Clarke toujours ministre. De ce fait, il n'y arriva que le 14, précédant de deux jours l'empereur. Sur place, il comptait trouver ses anciens adjoints qui, jusque-là, étaient demeurés aux côtés d'Eugène, mais celui-ci les avait retenus, et ils n'arrivèrent qu'une quinzaine de jours plus tard.
Tel quel, l'état-major comptait déjà une vingtaine d'officiers et de civils que le major général mit immédiatement au travail. La situation politique se clarifiait. La Prusse avait déclaré la guerre à la France, se joignant à la Russie et à la Suède. Berthier se dépêcha de transporter le gros de l'état-major à Francfort et ensuite plus près des corps d'armée. Ce déplacement s'effectua avec un minimum de matériel. Le maréchal ne se souvenait que trop de l'encombrant train de voitures que l'armée avait traîné derrière elle lors de la précédente campagne. Les chiffres que lui communiquèrent les différents chefs de corps étaient plutôt pessimistes. Ney n'avait que 48 000 hommes au lieu des 60 000 annoncés par Napoléon ; le quatrième, 45 000 au lieu de 50 000 ; le sixième, 32 000 au lieu de 40 000. Pour la garde, c'était encore pis : 15 000 au lieu de 40 000. Le reste était à l'avenant. Il manquait 80 000 hommes sur la quantité avancée par l'empereur. Et, parmi les présents, il y avait trop de conscrits. Pourtant, avec ces troupes, la surprise serait heureuse, tenant plus à la médiocrité du commandement chez les alliés qu'à la valeur des soldats de Napoléon.
Dans cette période initiale, l'empereur comptait faire sa jonction avec Eugène alors que précisément les alliés cherchaient à l'en empêcher. Mais une fois encore Napoléon se révéla meilleur manoeuvrier et réussit à rallier les troupes du vice-roi. Le 2 mai, les armées ennemies se heurtèrent à Lützen. De part et d'autre les pertes furent importantes et les Français restèrent maîtres du terrain, les alliés étant contraints à la retraite. Faute de cavalerie, Napoléon ne put se lancer à leur poursuite. Le lendemain, Berthier, tout en mettant Oudinot au courant, lui demanda d'avancer sur Hambourg. L'attitude toujours ambiguë de l'Autriche inquiétait Napoléon qui décida alors de renvoyer Eugène en Italie. Son armée fut dissoute et incorporée dans celle de l'empereur et son état-major rallia le quartier général, ce qui ravit Berthier, tout heureux de récupérer dans ces instants difficiles des éléments de valeur. Le major général fut également chargé d'annoncer à Davout qu'il était envoyé à Hambourg pour organiser la défense des villes hanséatiques. Il allait y réussir admirablement, tenant la région contre toutes les attaques alliées et ne rendant la place que plusieurs mois après la chute de l'Empire. Mais en nommant cet excellent officier dans le nord, Napoléon toujours rancunier continuait à le poursuivre de sa vindicte en raison de la manière dont il lui avait tenu tête pendant la campagne de Russie. Comme les instructions que reçut Davout étaient rédigées par Berthier et signées par lui, le prince d'Eckmühl resta persuadé qu'il fallait voir en lui l'auteur de sa disgrâce.
L'armée suivit lentement les alliés en retraite et, le 8 mai, le quartier général s'installa à Dresde avec l'intention d'y demeurer plusieurs jours afin de redonner aux corps d'armée la cohésion dont ils avaient besoin. Les armées russes et prussiennes s'étaient arrêtées autour de la ville.
De Bautzen, Napoléon qui les suivait toujours arriva, le 19 mai, et la bataille
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