Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le marquis des Éperviers

Le marquis des Éperviers

Titel: Le marquis des Éperviers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Paul Desprat
Vom Netzwerk:
aussi, presque chaque jour à Notre-Dame-des-Mesches. Les démêlés de Victor, l’activité qu’avait déployée Jean-Hercule pour le sauver, le flot de confidences engrangées chaque jour au cours de leurs entretiens seul à seul, achevèrent de souder l’amitié des deux garçons.
    Notre héros, avec un art de mener son récit et ménager ses effets digne d’un historien, narra enfin, sans fard, l’histoire de Maximilien de Carresse, sa liaison avec madame de Gargilesse, les premiers émois éprouvés en compagnie de Marie, puis la fantasmagorique scène du roc d’Ambayrès. Le vidame, réfugié sur un coin de sa couche, l’écoutait bouche bée.
    – Ah ! conclut-il, sous le coup du bouillonnement de ces images fortes, quelle chance vous avez eue de rencontrer ce personnage… C’est un caractère propre à passer des couleurs sur l’égoïste grisaille de ce siècle.
    – Je vous l’avoue, Hercule, reprit Victor, s’il me fallait, toute modestie rangée, racheter comme Notre Seigneur la félicité par la souffrance, j’accepterais encore dix fois de recevoir le coup que m’a donné le Calabrais pour la joie d’avoir connu ceux qui m’ont aidé depuis que j’ai quitté mon père… Maximilien fut le premier sur ma route, lui que j’ai si mal servi depuis que je suis ici.
    – Ne dites pas cela ! trancha le vidame, grâce à vous, Vendôme s’en retourne en Italie et il ne pourra avant longtemps nuire au chevalier ni à Brandelis de Grandville. D’ailleurs, vous n’avez plus le droit de vous livrer au tourment. Vous ne devez songer qu’à guérir et conserver vos loisirs à ceux qui se morfondent de vous.
    – Qui ? demanda le blessé sans pouvoir contenir un mouvement de surprise.
    – Vous le savez fort bien, gronda aimablement Hercule, depuis que j’ai vu Clémire de Grandville, je sais que, à Paris comme à Rignac, on a de l’intérêt pour vous…
    – Qu’a-t-elle dit que vous ne m’avez point rapporté ? s’inquiéta Victor avec vivacité.
    – Rien ! rien du moins de ce dont vous souhaiteriez être tout à fait certain à son sujet, mais ses yeux ont parlé pour elle.
    – Vous ne pouviez me toucher davantage. Je ne suis en effet jamais parvenu à me persuader que les choses puissent être un jour avec elle au point où je l’ai osé rêver.
    – Votre innocence vous a mis des œillères, répliqua Jean-Hercule en considérant avec émotion l’exaltation qui venait de se peindre sur le visage de son ami, et que diriez-vous, à présent que la chose est avérée, si vous la voyiez entrer dans cette pièce ?
    – Maintenant ?
    – Tout de suite ! confirma le vidame, elle vous attend dans le chauffoir… Elle a tenu à m’accompagner aujourd’hui pour vous remercier de ce que vous avez exécuté pour son frère.
    Jean-Hercule alla jusqu’à la porte et ramena Clémire en la tirant par une main.
    – Malheureux ! dire que vous avez enduré tout cela pour nous, soupira la nouvelle venue lorsqu’elle se fut agenouillée près du blessé.
    – Vous ne devez rien vous reprocher, protesta celui-ci sous le coup d’une tension qui le fit parvenir à se soulever sans aide, je me suis trouvé sur le chemin de la méchanceté, voilà tout !… J’y étais pour la défense de Brandelis mais aussi pour celle de Maximilien de Carresse dont je vous ai conté l’histoire… Hercule vous a déjà confié que ces affres n’avaient pas été inutiles puisque notre ennemi avait dû s’en retourner en Italie. Mon oncle tient désormais pour certain que le procès de votre frère pourra être refait.
    – Grâce à vous, l’avenir de l’abbé s’éclaircit, murmura-t-elle en s’empressant de le soutenir par les épaules lorsqu’elle le vit sur le point de retomber en arrière, il ne reste plus maintenant qu’à attendre qu’il se manifeste.
    – Depuis quand ne l’avez-vous pas vu ? s’enquit-il sans pouvoir dissimuler sa surprise.
    – Sept jours ! répliqua-t-elle. La dernière fois qu’il est venu à Colombes, c’est dans la nuit qui a précédé votre accident. Il m’avait promis de repasser le surlendemain et il ne l’a pas fait…
    – Sans doute se montre-t-il prudent, hasarda le vidame dans le dessein de rassurer.
    – Non ! je suis inquiète, appuya Clémire.
    – Cela est surprenant, opina Victor, Brandelis en effet n’est pas homme à manquer ses rendez-vous… Il faut demander à François Guyot s’il sait quelque chose et, au cas où lui non plus n’ait pas

Weitere Kostenlose Bücher