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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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devant le feu. Elle lui lécha la main.
Etait-ce une goutte de lait sur ses doigts, ou l'odeur du souper ? Il
choisit d'y voir une caresse.
    « Si
jamais je trouve le chemin de cette école de païens, je te mets dans la
carriole, je tourne Cheval en direction de la Perse, et rien ne
m'arrêtera !
    Abu Ali
al-Husayn ibn Abdullah ibn Sina , se répéta-t-il, songeur. Puis il se leva.
    « Au
diable l'Arabe ! » Et il alla se coucher.
    Mais les
syllabes tournaient dans sa tête, obsédante litanie : Abu Ali al-Husayn
ibn Abdullah ibn Sina... jusqu'à ce que la mystérieuse répétition vînt à bout
de l'agitation de son sang, et qu'il sombrât dans le sommeil.
    Il rêva cette
nuit-là d'un corps à corps à la dague avec un horrible vieux chevalier dont
l'armure noire était mangée de rouille et de lichens. Le vieux pétait en se
moquant de lui. Leurs têtes étaient si proches qu'il voyait son nez sale et
osseux, ses yeux terrifiants, et respirait son haleine fétide. C'était un
combat sans merci. Malgré sa jeunesse et sa vigueur, Rob savait que la lame du
sombre spectre serait impitoyable et sa cuirasse invincible. Derrière eux, les
victimes du Chevalier : Mam, Pa, le petit Samuel, le Barbier, Tatus même
et Bartram l'ours. La rage décupla ses forces, mais il sentait déjà le fer
inexorable pénétrer dans sa chair.
    Il s'éveilla
au soleil, ses vêtements trempés de rosée et le corps mouillé des sueurs de la
nuit. Après ce rêve de défaite, il n'était pas vaincu pour autant ; il
n'abandonnait pas le combat. Les disparus ne reviennent pas, c'est la
vie ; mais quelle meilleure raison de vivre que la lutte contre le Chevalier
noir ? La médecine, à sa manière, pouvait remplacer une famille perdue.
     
    Le problème
semblait insoluble. Partout où il donnait son spectacle, il cherchait des
médecins, s'entretenait avec eux et comprenait vite que tout leur savoir ne
valait pas celui du Barbier. Après Northampton, Bedford, Hertford, il s'arrêta
à Maldon : le médecin de la ville avait une telle réputation de boucher
que les gens se signaient quand il demandait son adresse.
    Alors il lui
vint à l'esprit qu'un autre praticien juif accepterait peut-être ce que Merlin
avait refusé. Il s'approcha d'un groupe d'ouvriers qui construisaient un mur
sur la place.
    « Connaissez-vous
des Juifs ici ? » demanda-t-il au maître maçon.
    Celui-ci le
dévisagea, cracha et tourna les talons. Rob interrogea en vain plusieurs
passants. Enfin, l'un d'eux l'examina avec curiosité.
    « Pourquoi
des Juifs ?
    – Je cherche
un médecin juif.
    – Que le
Christ soit avec vous, dit l'homme avec une bienveillante compréhension. Il y a
des Juifs à Malmesbury et leur médecin s'appelle Adolescentoli. »
    Il lui fallut
cinq jours pour arriver, en faisant halte à Oxford et Alveston, où il donna des
spectacles et vendit du Spécifique. Il croyait se rappeler que le Barbier lui
avait parlé d'Adolescentoli comme d'un médecin célèbre, et c'est plein d'espoir
qu'il entra dans le petit village sur lequel tombait la nuit. On lui servit à
l'auberge un souper simple et réconfortant ; le Barbier aurait trouvé le
mouton mal assaisonné mais il était largement servi. Après quoi, Rob put dormir
sur un lit de paille fraîche dans un coin de la salle commune.
    Le lendemain,
il s'informa des Juifs de Malmesbury. L'aubergiste haussa les épaules comme
s'il 'y avait rien à en dire.
    « Cela
m'intéresse, insista Rob, car jusqu'à ces temps derniers, je n'en connaissais
aucun.
    – C'est qu'ils
sont rares dans notre pays ; le mari de ma sœur, qui est capitaine de
navire et a beaucoup voyagé, dit qu'ils sont nombreux en France et qu'on en
trouve partout dans le monde, surtout en allant vers l'est.
    – Isaac
Adolescentoli vit-il parmi eux, ici ?
    – Ce sont eux,
plutôt, qui vivent autour de lui et profitent de sa renommée.
    – Il est donc
célèbre ?
    – C'est un
grand médecin. Les gens viennent de in pour le consulter, dit l'homme
fièrement, et ils logent dans mon auberge. Les prêtres le dénigrent,
naturellement mais » – il mit un doigt devant sa bouche – « je sais
que, deux fois au moins, on est allé le chercher en pleine nuit pour
l'archevêque de Canterbury, qui a failli mourir l'an dernier. »
    Ayant demandé
le chemin de la colonie juive, Rob longea les murs gris de l'abbaye à travers
les bois, les champs et une vigne où les moines récoltaient du raisin. Un
taillis séparait le

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