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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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début du XIII e  siècle, à cause de la dynastie capétienne, va
être au contraire une période de décadence et de destruction. Par suite des
erreurs de Jean sans Terre, le dernier des fils d’Henry II, le duché de
Normandie est annexé au royaume de France par Philippe Auguste. Et l’allié
principal du roi de France est Guy de Thouars, troisième époux de
Constance, la duchesse de Bretagne [4] . Guy de Thouars, à
la tête des troupes bretonnes, se lance vers le Cotentin, et, en passant, il
fait le siège du Mont, s’empare du village dont les habitants sont massacrés, mais
s’arrête sous les murs de l’abbaye, décidément imprenable. Malheureusement, l’incendie
qui a été allumé dans la ville s’étend bientôt à tout l’édifice sacré dont les
toitures et les charpentes deviennent la proie des flammes. C’est la catastrophe.
    Pour réparer les exactions de son allié, Philippe Auguste
fait don à l’abbé Jourdain d’une immense somme d’argent destinée à la
restauration des bâtiments. C’est alors qu’est décidée la construction, sur la
face nord, de ce qu’on appellera plus tard la Merveille. Il faut dire que la
rapidité avec laquelle ces bâtiments ont été réalisés, entre 1210 et 1228, avec
la perfection technique et la beauté artistique que l’on sait, a tout de suite
provoqué l’admiration et l’émerveillement. Mais cela n’a pas été sans conséquence
sur la vie monastique elle-même.
    En effet, à la mort de l’abbé Jourdain, en 1212, l’état de l’abbaye
laisse à désirer : la plupart des biens ont été dilapidés, non seulement
pour entreprendre et payer d’avance les travaux, mais aussi pour subvenir aux
frais énormes des réceptions organisées par l’abbé, grand amateur d’art et de
luxe. La communauté des moines est déchirée par d’incessantes querelles de
clans et la règle n’est plus guère observée. C’est la décadence. Heureusement, le
successeur de Jourdain, l’abbé Raoul des Îles, à force de patience et de
rigueur mêlée de bonté, parvient à rétablir la paix parmi les moines et faire
appliquer de nouveau la règle, tout en poursuivant activement les travaux
entrepris.
    Au mois d’avril 1256, saint Louis accomplit un pèlerinage au
Mont-Saint-Michel et déposa sur l’autel un sac rempli d’or, voulant ainsi
témoigner son attachement au culte michaélique et l’intérêt qu’il prenait à l’abbaye.
Les travaux purent donc se poursuivre, mais ils furent doublés, par la volonté
du roi de France lui-même, d’une militarisation : un système complet de
fortifications fut élaboré en quelques années. Ainsi l’abbaye du
Mont-Saint-Michel fut-elle désormais une abbaye militaire qui eut, sous les
ordres de l’abbé, un gouverneur nommé par le roi de France et une garnison entretenue
aux frais communs du roi et du monastère.
    Le 13 juillet 1300, la foudre frappa de nouveau sur la
tour centrale : l’incendie qui s’ensuivit fut si violent que les cloches
fondirent, toutes les charpentes brûlèrent, et le village fut détruit en entier.
Il fallut donc se remettre au travail. Grâce à la ténacité de l’abbé Guillaume
du Château, la restauration est entreprise dans les plus brefs délais, et, en
1306, lorsque le roi Philippe le Bel vient accomplir un pèlerinage au Mont,
l’église abbatiale est rétablie à peu près dans son état antérieur. Apparemment,
le Mont-Saint-Michel reprenait sa splendeur première.
    Mais les apparences sont trompeuses. De graves problèmes
continuaient à bouleverser la vie des moines. Lorsque le Mont se trouvait en
territoire anglo-normand, les rois-ducs s’y intéressèrent de très près et
furent les véritables protecteurs de l’abbaye. Les rapports de ces rois-ducs
avec les abbés du Mont furent toujours excellents. Mais maintenant que le Mont,
comme la Normandie tout entière, appartenait au royaume de France, la situation
s’en trouvait changée. D’abord, les tentations politiques des abbés les
situaient toujours dans la mouvance anglaise, quitte parfois à lorgner du côté
de la Bretagne toute proche et qui était indépendante. Ensuite, du fait de son
éloignement, le roi de France n’avait guère l’occasion, en dehors de quelques
pieux pèlerinages, de participer activement à la vie de l’abbaye. La place vide
fut occupée par le clergé séculier. C’est une vieille querelle : les
séculiers, souvent frustrés d’importants revenus par

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