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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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envie : en finir, ébranler ce bel édifice de chairs suantes, le faire craquer, crisser dans toutes ses membrures. Elle le repoussa un instant, les lèvres reculées, comme craintives, à portée d’épieu tandis qu’il insistait :
    – Comme quoi ? Un prud’homme ou un homme ou juste un braquemart ?
    Elle le contraignait à une grossièreté qui lui agréait sans doute, car elle eut un petit ricanement sec et avoua :
    – Tout à la fois… Non, ne recule pas… Je m’étais juré de t’obtenir. Je me disais que ta présence auprès de moi serait comme une ombre douce, capiteuse, au fond de laquelle je me réfugierais…
    – C’est moi, maintenant, qui suis réfugié au fond… de ton domaine.
    – Reviens… Reviens… Continue lentement… N’aimes-tu pas ce petit trot sur ta haquenée ?
    Son rire devenait couinement tandis qu’elle semblait prête à se pâmer, contractant autour de lui son fourreau brûlant, soupirant s’il soupirait, soufflant s’il soufflait, lui comprimant les reins dans ses paumes impérieuses. Une haquenée, elle ? Il y avait belle heurette qu’elle en avait perdu la douceur. Par la male faim dont elle faisait preuve à présent, elle l’obligeait à se comporter comme un étalon à la monte. Elle s’accrochait à lui, vivante, véhémente. « Rue ! », disait-elle. « Rue ! »… à moins que ce ne fût rut ou quelque chose d’autre.
    – Va ! Va… Galope !
    Décidément, elle aimait les chevauchées !
    Il décida d’en finir. Trouver la paix. Faire cesser le mal qui le mordait à l’épaule… Le mal ? Non pas : c’était elle qui plantait ses dents tout près de sa blessure tandis que ses gémissements signifiaient qu’il l’avait amenée au seuil des félicités dont elle avait rêvé. Il ne voyait pas son visage – pas plus que si eût porté un de ses couvre-faces –, mais il l’imaginait tout aussi tendu que son corps, attentif et même grinçant, à l’aguet du grand saccage et des convulsions qui tardaient, tardaient…
    – Cesse un peu… J’en perds le souffle…
    Décidément, ses nuits promettaient d’être occupées. La sueur perlait à son front. Peut-être avait-il la fièvre. L’amour ainsi fourni – comme une tâche… et d’ailleurs ne disait-on pas « besogner une femme » – ne lui donnait aucun émoi. C’était peut-être, c’était surement parce qu’elle n’avait jamais connu la plénitude amoureuse que Mathilde en était si friande. Eh bien soit : toute la miséricorde, toute la patience dont il était pourvu, tous les gestes dont il était capable, il les emploierait à son service, puisqu’elle n’attendait de lui que des satisfactions de cette espèce.
    Elle râlait, s’enfonçant mollement dans une béatitude qu’elle confondait avec cette jouissance, laquelle, à l’amble, au trot et au galop, elle avait une quête orgueilleuse, pitoyable et vaine.
    – Comme tu es chaud ! dit-elle alors qu’il éclatait en elle tout en essayant de retenir une espèce de soupir qui n’exprimait qu’un pâle contentement. Reste ainsi… Mais tire un peu la courtine : j’étouffe.
    Et lui, donc !
    Sans se séparer de lui, elle le contraignit à basculer sur le flanc. Il put ainsi entrevoir le ciel de nacre prisonnier d’une étroite fenêtre. Et dans la pièce froide où la nuit s’installait, il n’entendit plus rien quelques souffles épars, les craquements légers d’une boiserie du plafond, et dans la cour, une toux volon tairement forte, insistante, qui ne pouvait être que celle de Panazol, les yeux levés, sans doute, sur le mitan du donjon.

III
     
     
     
    Le lendemain, sitôt le coucher du soleil, Tristan devina que sa seconde nuit de noces serait à l’opposé de la précédente où, sans barguigner, il avait rendu un triple hommage à sa bienfaitrice.
    D’emblée, Mathilde se montra moins prolixe et plus décidée, réfutant à plaisir la première opinion d’un époux ébahi avant que d’être ébloui. Alors qu’il avait cru percevoir en elle, lors de leurs étreintes, une détestation des clartés, elle exigea de la lumière. Il dut ouvrir en grand les courtines et enflammer le luminaire. Bien que tout y eût progressivement resplendi, la chambre ne demeura pas moins pour lui une espèce de bordeau équivoque et princier.
    – Tout brille, dit-il en repiquant sur son pigou, après l’avoir soufflée, la chandelle avec laquelle il avait embrasé la pièce. On se croirait dans une

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