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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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j’ai souhaité ardemment oublier dans ses bras ma géhenne… Et j’ai tout oublié durant quatre ou cinq mois. Ensuite, il s’est révélé tel qu’il était : retors, méprisant… Tout ! Un routier, sans plus !… Avait-il envie d’une femme ? Il la prenait. D’un château ? Il le conquestait. D’un joyau ? Il le robait pour l’offrir à quelque dame réticente… J’étais apeurée par sa venue dans ma chambre quand il ne trouvait pas de proie. Il avait une façon de me prendre et de me rejeter qui me mortifiait…
    Mathilde rendit les rênes à Aiglentine.
    – Nous vivions en ennemis.
    « Et nous ? » se demanda Tristan. La détresse cette femme le touchait, certes, mais à peine. Ses voluptueuses humeurs ne pouvaient constituer une revanche sur tout ce qu’elle avait enduré avec d’autres si toutefois ses confidences étaient vraies. Il s’était appliqué à la satisfaire. À lui fournir sa suffisance de convulsions. Davantage qu’elle n’en avait espéré, sans doute, et au-delà de ce qu’il s’était cru capable de donner. S’il parvenait à un degré de rassasiement qui l’inquiétait, sa boulimie à elle semblait la même qu’au premier soir. Sans doute était-il parvenu à la satiété parce qu’il n’était ni un amant sincère ni un jouisseur immodéré.
    « Ses deux premiers époux n’ont pas eu mes scrupules ! »
    Pour judicieuse qu’elle fut, cette remarque ne le rasséréna pas. Une phrase d’Oriabel, toute simple, toute menue, lui revint en mémoire. À un autre moment dans un autre lieu, il se fut abstenu d’en faire usage pour cette question toute simple et menue, elle aussi :
    – Et Marie ?
    Quelque éloigné qu’il fut de Mathilde, il la vit tressaillir. Et pâlir : on eût dit que ses fards s’étaient dissous d’un coup.
    – Comment sais-tu ? s’enquit-elle d’une voix qu’il trouva mal affermie. Nul n’en parle à Montaigny D’ailleurs, Ydoine et Panazol n’ont jamais échangé seul mot avec toi !… Ah ! Je comprends… C’est elle !
    Tandis qu’il acquiesçait d’un court mouvement de la nuque, l’esprit de Tristan émigrait bien loin des grands arbres pour atteindre, il ne savait où, une Oriabel éplorée.
    – Que t’a-t-elle dit ?
    – Que tu vivais avec ta nièce ou ta cousine. C’est tout.
    Bien que ce fût la vérité, Mathilde devait se demander s’il était sincère. Ce qui le frappait, lui, c’était l’espèce de pétrification de ce visage souriant quelques moments plus tôt ; ces yeux vifs soudain ensommeillés par il ne savait quel sortilège. Elle revoyait Marie qu’elle avait oubliée. Et ses traits tirés, fortement apparents, trahissaient une angoisse. Elle prévint une question supplémentaire :
    – Elle est partie chez les siens quelques jours avant que les routiers d’Héliot ne me prennent… Es-tu satisfait ?
    Il répondit par un hochement de tête qui pouvait tout signifier avant de talonner Malaquin.
    – Quand je dis chez les siens, ajouta Mathilde (et blésant, tout à coup, elle avait dit : les chiens ), ce ne sont plus son père et sa mère, emportés par la pestilence noire, mais son oncle et sa tante, en Bourges… Et sache-le, puisque tu fourres ton nez partout, elle n’était nullement ma parente. C’était ma chambrière au temps de ma vacuité… entre Crécy et Poitiers puisque je parle à un homme de guerre !
    Elle rit, mais avec un effort certain, et derechef Tristan hocha la tête. Pourquoi, cependant, cette explication innocente et des plus ordinaires lui semblait-elle un tantinet impudique ? Parce que Marie avait fréquenté la chambre de Mathilde au-delà, peut-être, du nécessaire ?
    – Nous nous aimions bien. Ce fut pour lui complaire que j’ai répandu cette fausseté qu’elle était ma cousine. Je ne la reverrai plus.
    – Tu en parles comme d’une morte.
    – Oh !
    En fait de réfutation, c’était maigre. Oriabel lui avait succinctement décrit les deux « cousines » comme des compagnes inséparables, l’une – Mathilde – du double de l’âge de l’autre. Il avait même été question de jalousie à propos d’un chevalier qui leur rendait parfois visite. La nature de Mathilde, froide et cri blée d’aspérités comme les pierres de Montaigny – sauf au lit –, répugnait, semblait-il, à toute espèce d’affection immatérielle. Marie lui ressemblait-elle ? Qui, des deux, avait de l’ascendant sur l’autre ? Avaient-elles été

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