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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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sans l’usage
de ses yeux, son regard ne quittant pas Olivier, comme si elle eût craint que
je le laissasse choir et à terre verser. Je le lui rendis enfin et le pitchoune
s’ensommeillant, la gentille Florine vint le prendre pour le placer au bas bout
de la pièce en sa jolie barcelonnette, laquelle elle balançait quand et quand
du bout du pied, tandis qu’elle filait sa quenouille, n’étant pas fille à
s’apparesser.
    — Je ne vois pas tant d’où
vient ce tracasseux problème pour la succession du Roi, dit Catherine, à
supposer que le ciel ne baille pas de fils à Henri. J’ai ouï dire par Monsieur
mon père que les Bourbons succéderaient alors aux Valois, et qu’Henri de
Navarre, étant son légitime héritier, monterait après lui sur le trône.
    — Hélas, mon petit cœur !
dit Quéribus, tirant une escabelle et s’asseyant à son pied, Navarre s’est
converti au culte romain après la Saint-Barthélemy, le cotel sur la gorge.
Mais, s’étant échappé du Louvre qui lui était une geôle dorée, il s’est
reconverti à la Réforme et de ce fait, s’encontre non seulement hérétique, mais
relaps, et en grand danger d’être excommunié. Verra-t-on un hérétique sur le trône
de France ? Se peut que partie de la noblesse l’agrée par respect pour son
sang, mais le peuple n’en voudra pas ! Et le clergé le vouera à
l’exécration. D’où il est venu que le Guise qui convoite lui-même le trône,
mais ne peut l’avouer, pousse en avant ce grand benêt de cardinal de Bourbon,
lequel est Bourbon de la branche cadette, et l’oncle de Navarre.
    — La branche cadette ! dit
Angelina en souriant.
    — Et un cardinal ! dit
Catherine.
    — Et vieil ! dit Quéribus
en riant.
    — Ayant, dis-je en riant aussi,
tant si peu de cervelle qu’il ne saurait même se cuire un œuf, étant le plus
rassotté et radoteux vieillard de la création !
    — Et, dit Quéribus de plus
belle s’esbouffant, de trente ans plus âgé que le Roi auquel il prétend
succéder, son chef tant branlant qu’il ne pourra supporter la couronne, ni son
bras soutenir le sceptre, ayant tout juste la force d’un poulet et n’en ayant
même pas l’esprit ! Tudieu ! Je sais pourquoi le Guise pousse sur le
trône ce gros coussin de vaine pourpre. C’est pour y être plus commodément
assis !
    À quoi nous rîmes tous quatre à
gorge déployée, si gros d’immenses périls, troubles, guerres et destructions,
fût pour le royaume ce problème de la succession.
     
     
    Nous achevions à peine ces rires,
quand mon gentil Miroul (lequel depuis dix ans qu’il avait épousé sa Florine,
baignait dans une liesse infinie, et se réveillait chaque matin comme étonné de
son bonheur) nous vint dire que Samson, Gertrude et sa Zara nous venaient
visiter. Je vous laisse à penser la noise et la vacarme que fit cette annonce
et les bruissements de soie et de brocart quand les dames se levant et sur
elles-mêmes virevoltant, s’entrembrassèrent à la fureur et nous-mêmes,
j’entends Quéribus et moi, ne donnant point au chat langue que l’on peut bien
apenser être mieux employée ailleurs. Enfin, quand nous nous fûmes tous
mignonnés, poutounés et contre-poutounés et en outre caressés irrassasiablement
de l’œil, tant nous étions heureux de nous remplir le regard des
nouveaux-venants et eux de nous, car encore que Montfort-l’Amaury ne fût pas
aux antipodes, il y fallait bien une journée de coche et de cheval pour
atteindre Paris et je ne voyais que cinq à six fois l’an mon Samson, lequel,
lectrice, était tout aussi joli qu’en ses vertes années quoiqu’il eût, comme
moi-même, (et le Roi) passé trente-trois ans déjà, et Gertrude fort belle
encore et ma Zara, indestructiblement séduisante, ce que je lui dis tout de gob
en la baisottant mille et mille fois sur ses suaves joues, mon Angelina n’étant
pas jaleuse, sachant bien que Zara n’avait guère goût à l’homme. Et y
apparaissant à la parfin, qu’après tout le glosage, babillage, et badinage, les
gorges étaient sèches et les dents émoulues, on passa à table où l’on gloutit à
tas je ne sais combien de viandes succulentes et de pichets de vin, sauf que je
mangeai sobrement, devant faire assaut après la repue avec le maestro Giacomi,
lequel survenant et son œil s’éclairant à voir toutes ces bruissantes beautés à
table, il s’attrista tout soudain de ne point parmi elles découvrir Larissa,
comme assurément il

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