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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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l’ombre, de sorte que nous ne serions que trois à être présentés : Hélène, Luke Blanchard et moi. Accompagnés par Throckmorton et escortés par la suite de l’ambassadeur, nous partîmes le jour dit, en tenue d’apparat, dans un navire de louage sur la Seine. Ma jupe de dessus comportait l’habituelle poche secrète, mais je n’y cachais que ma bourse. J’avais laissé les crochets et ma dague dans ma tenue de voyage. J’allais me présenter devant une altesse royale. Je portais désormais les messages de la reine Élisabeth au grand jour, dans une pochette brodée.
    La Seine est un fleuve sinueux. Dans son voyage vers l’ouest, entre Paris et la mer, elle trace tant de méandres que par moments elle coule en direction du nord. Saint-Germain se trouve sur sa rive gauche, sur un plateau, avec une petite ville en contrebas. Au nord, une forêt profonde occupe une grande boucle du fleuve.
    La résidence était aussi splendide qu’intéressante : une forteresse mise au goût du jour. L’étage inférieur, avec ses murs épais, ses meurtrières et ses tours d’angle imposantes, était bâti pour soutenir un siège médiéval. Mais entre les tours s’élevait un palais aux larges fenêtres ornées de balcons, conçu pour des temps paisibles et une vie gracieuse. L’effet, combiné à la dimension du lieu, suggérait la puissance et le raffinement. Si habituée que je fusse aux palais d’Élisabeth, celui-ci me rendit nerveuse. À l’évidence, mon beau-père éprouvait la même sensation.
    — Quel endroit ! s’exclama-t-il, mal à l’aise.
    Cependant, malgré ses contraintes, la procédure se déroula sans encombre. On nous laissa entrer, on nous remit entre les mains d’un huissier, on nous guida au travers d’une cour et, à une autre porte, un nouvel officier nous reçut. Après quoi nous traversâmes des galeries et des antichambres merveilleusement décorées, changeant d’escorte à plusieurs reprises et souvent contraints d’attendre entre-temps. Throckmorton nous rappela ce que nous devions dire en fonction du protocole. Au bout d’une heure, nous arrivâmes devant la reine Catherine.
    Elle siégeait au fond d’une longue salle ornée des plus remarquables tapisseries que j’eusse jamais vues. Leur thème était surtout biblique, mais elles vibraient de couleurs et certaines des silhouettes exprimaient une extrême volupté. La salle était éclairée, outre les fenêtres, par une multitude de lampes au pied doré, et des chandelles dans des torchères ciselées en spirale. Les courbes lisses invitaient la paume à les caresser, les cannelures à explorer leurs reliefs du bout des doigts, et chaque objet rutilait, comme s’il venait d’être poli.
    Une foule se pressait, incluant une quarantaine de dames vêtues avec une élégance recherchée. Ici, le bon goût et la retenue en vigueur à Douceaix n’étaient pas de mise. J’avais prévu une robe pour l’occasion, en damas bleu brodé d’argent, avec un vertugadin raisonnable et une fraise bordée d’argent. Cette toilette m’avait paru assez belle pour faire tourner les têtes n’importe où. Au milieu des immenses paniers et des traînes froufroutantes, des manches bouffantes et des cols montant jusqu’aux oreilles, je me sentais telle une servante. Même Hélène faisait meilleure figure que moi, en raison de sa jeunesse. Pour elle, le blanc virginal rehaussé d’argent choisi par Marguerite semblait approprié.
    Il était trop tard pour y remédier. Avec Throckmorton, nous remontâmes une allée couverte d’un tapis au milieu de la foule, pour saluer au pied de l’estrade, puis nous lever et baiser la main grasse qui se tendit vers chacun de nous tour à tour.
    Cela me rappela étrangement ma présentation à Élisabeth. Catherine de Médicis était à l’opposé de la reine anglaise, non point tant parce qu’elle avait plus de quarante ans, était mariée et avait des enfants, mais de par sa nature même. Élisabeth évoquait une fée, or il n’y avait rien de magique chez Catherine de Médicis.
    La première avait besoin de déployer des jupes immenses afin que le trône ne paraisse pas vide ; la seconde occupait presque chaque pouce du large siège. Élisabeth était pâle et avait les traits fins. Catherine avait une peau mate, luisante, aux pores dilatés ; son nez et ses lèvres étaient épais et ses yeux saillants.
    Elle portait du violet surchargé de broderies d’or. Là encore, elle formait un

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