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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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curieux contraste avec notre reine. Pour les audiences officielles, Élisabeth disposait d’une garde-robe somptueuse qui, sur elle, ressemblait aux défenses d’une citadelle. Ceux qui la connaissaient savaient aussi combien elle avait conscience de sa jeunesse, de sa fragilité. Elle se sentait vulnérable.
    La splendeur de Catherine, en revanche, était agressive. Elle disait : « C’est moi qui gouverne. Prenez garde ! »
    Je pris donc garde. Catherine de Médicis avait la réputation d’être à la fois subtile et implacable. Dans certains milieux, on l’appelait « la reine serpent ». Moi, l’émissaire d’Élisabeth, plongeant mon regard dans ses yeux, je ne me sentais pas de taille.
    J’étais aussi un peu souffrante, quoique la raison fût un soulagement. En m’éveillant ce matin-là, j’avais constaté que mes dernières retrouvailles avec Matthew n’auraient pas de conséquences. Pas d’enfant ni de fausse couche, cette fois. Mais je me sentais mal et j’éprouvais une douleur lancinante dans le ventre.
    Nous avions été annoncés, toutefois Nicholas Throckmorton nous présenta plus en détail. Il se montrait obséquieux. En vérité, Catherine de Médicis ne marquait pas grande considération à notre ambassadeur protestant. Détournant ostensiblement les yeux, elle contempla le crucifix en argent d’Hélène, qui plongea dans une nouvelle révérence. La reine mère déclara alors que c’était un plaisir d’accueillir à la cour une charmante jeune fille, à l’évidence très pieuse. Les courtisans alignés de part et d’autre du trône murmurèrent leur assentiment. « S’ils savaient ! » pensai-je avec amertume. Je me demandai quel goût reflétaient les tapisseries voluptueuses et les appliques en or, sur les murs. J’aurais parié que ce n’était pas celui de Catherine, mais qu’ils trahissaient l’influence de la célèbre maîtresse de son époux, Diane de Poitiers.
    Je portais à dessein la bague d’Élisabeth. Quand ce fut mon tour de prendre le bout des doigts royaux dans les miens pour les effleurer des lèvres, je fis en sorte que Catherine la vît.
    — Voilà un bel anneau, madame, me dit-elle sans que je pusse savoir si elle connaissait sa signification.
    Entre mon inconfort physique et mon extrême nervosité, je dus paraître mal à l’aise, car soudain la reine me sourit.
    — Inutile d’avoir peur. Tous les hôtes sont en sécurité dans notre cour, et nous honorons les messagers de notre chère sœur d’Angleterre.
    Ses yeux plongèrent dans les miens et me firent comprendre qu’elle avait reconnu la bague.
    — Car vous nous apportez un message, n’est-ce pas ? affirma-t-elle.
    Elle parlait français avec un fort accent italien. Sa voix était un contralto mélodieux, et malgré sa vilaine dentition, son sourire possédait un charme irrésistible. Je le lui rendis et j’aurais ouvert ma pochette si un jeune courtisan n’était apparu près de moi, la main tendue.
    — S’il s’agit d’une lettre, vous devez me la remettre en premier. Je la donnerai à Sa Majesté quand je serai sûr qu’elle est inoffensive. Telle est la règle.
    Sa voix m’était familière. Je levai la tête et découvris les yeux vairons et les traits froids du seigneur Gaston de Clairpont, que j’avais vu pour la dernière fois au Cheval d’or.
    Cependant, il ne fit pas allusion à notre précédente rencontre, mais ajouta d’un ton sec :
    — Je suis responsable de la sécurité personnelle de Sa Majesté. Je dois examiner tout ce que vous souhaitez lui présenter.
    Je tirai mes deux missives et choisis le message privé d’Élisabeth.
    — Voici. Néanmoins, mes instructions étaient de le remettre en main propre, répondis-je.
    Nicholas Throckmorton frémit d’indignation devant cette insulte implicite, et pourtant il se tut. Catherine déclara que Clairpont accomplissait sa tâche de façon admirable, mais que dame Blanchard ne craignait pas de toucher la lettre, même dégantée.
    — Cela étant, nous sommes convaincue que nous pouvons en faire autant. Nous ne soupçonnons pas notre sœur d’Angleterre de nous souhaiter du mal ; en tout cas, point n’est besoin d’isoler la lettre afin de s’assurer qu’elle n’est pas empoisonnée.
    Clairpont s’inclina avec grâce et Catherine m’adressa à nouveau ce sourire étonnant.
    — Nous prendrons ce message. Il nous le remettra sur-le-champ, madame. Vous pouvez le lui donner.
    Clairpont

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