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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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peut-être accepterez-vous de m’entendre en confession ? – Maintenant ? » Il a secoué la tête. « Non, mon père, mais vous devriez m’absoudre un de ces jours et ouïr mes péchés. » Puis il est parti. Le lendemain on l’a occis dans le charnier.
    — Et à présent, qu’en pensez-vous ?
    — Eusebius voulait être absous. Il désirait s’agenouiller dans le confessionnal pour recevoir l’absolution parce qu’il savait ce qui s’était vraiment passé dans notre église. Je crois que Lanercost et Leygrave ont été assassinés. Comment, par qui ? Je l’ignore. C’est une affaire qui relève du souverain et, si la rumeur dit vrai, de vous, madame. Vous êtes le médecin de la reine, il me semble ?
    J’acquiesçai.
    — La conseillez-vous ?
    — Je m’y efforce, père prieur.
    — Bon, soupira-t-il, nous avons tous nos propres tâches. Quand la Cour sera partie, je ferai exorciser, bénir et sanctifier la tour du clocher.
    Il s’interrompit pour rassembler ses idées.
    — J’ai médité, jeûné et prié. Que voulait signifier Eusebius avec cette histoire de linotte et de chien ? Avec ces dessins gravés ? Regardez-les, madame. Vous les trouverez sur le mur du clocher. Un homme déchiré par la culpabilité et le doute s’exprime toujours d’une manière ou d’une autre.
    — Et, selon vous, Eusebius, à sa façon pitoyable, tentait de confesser ses péchés à travers ces gribouillages ?
    — Oui, je crois. Il a ainsi trouvé un peu de paix, mais, en fin de compte, il serait venu me consulter.
    Le prieur s’extirpa de sa chaire et glissa ses mains dans les manches de sa bure. Il sourit.
    — Madame, je ne serai point marri quand le roi et la Cour nous quitteront. Quoi qu’il en soit, l’office de vêpres doit être achevé. Pourquoi ne pas aller voir ce qu’Eusebius a gravé ? Peut-être cela vous en apprendra-t-il plus ?
    Bertrand et moi le remerciâmes et partîmes, accompagnés de sa bénédiction. Quand nous entrâmes dans l’église, l’air était encore lourd d’encens. Les frères étaient sortis en rangs ; seuls le sacristain et ses servants s’affairaient encore dans le sanctuaire, éteignant les cierges et préparant le maître-autel pour la première messe du lendemain. J’empruntai une lanterne et retournai au clocher. Comme d’habitude il était peu engageant, il y faisait froid et il sentait le moisi. Je me souvins de l’histoire d’Eusebius sur Theobald, le jeune novice. Son esprit avait-il été rejoint par celui d’Eusebius ? Je regardai autour de moi et aperçus la poussière sur le sol et les esquisses sur le plâtre, à droite du lit d’Eusebius. Je tendis la lanterne à Bertrand et m’agenouillai. Les deux dessins, rudimentaires, semblaient avoir été exécutés par un enfant ; l’un évoquait un oiseau, avec de grandes ailes déployées et des serres.
    — Une linotte, chuchota Demontaigu, ou un aigle ?
    Il pensait à Gaveston.
    Je déplaçai la lanterne. Le second était plus grand, sommaire, mais tracé d’une main ferme. La bête avait un long corps, une queue relevée, quatre pattes trapues et une tête de mastiff aux redoutables mâchoires.
    — Un chien ou un loup, observai-je à voix basse.
    — Il se peut que ce ne soit point un loup, déclara Bertrand. Eusebius n’était pas très adroit. Voulait-il peindre un léopard ? Quelque chose qu’il avait remarqué dans les armoiries royales ?
    J’étudiai avec grand soin les tracés en mémorisant les détails. Je m’en souviens encore maintenant, tant, tant d’années plus tard. Je me souviens aussi de ce clocher froid et humide, de la lumière déclinante dehors, des petits bruits qui venaient de la nef, et de ces ébauches grossières, confession d’une pauvre âme qui, à son insu, avait été destinée à une mort violente. Bien des jours pouvaient couler avant que je vienne à York et je voulais observer chaque trait.
    Bertrand me tira par la manche :
    — Mathilde, le temps passe. Si vous voulez rejoindre le Pèlerin au Pot-au-feu…
    J’avais vu ce que je devais voir. Cela n’avait alors pas le moindre sens. Nous regagnâmes nos logements. Demontaigu alla quérir son ceinturon. Je me changeai pour enfiler une paire de solides bottes et une mante à capuchon plus chaude. Je glissai aussi mon poignard dans son fourreau secret pendu à ma ceinture. Une fois prête, je courus chez la reine, mais une dame d’honneur m’annonça qu’Isabelle dormait et

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