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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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ailleurs, ça
aurait fait tout un drame.
     
    - T'as aimé mieux
attendre qu'on soit tous sortis pour partir en cachette?
     
    - C'était pas
voulu comme ça, p'pa. Jacques a pu emprunter le char de son père et il pouvait
juste me déménager hier après-midi.
     
    - Est-ce qu'on
peut savoir où tu restes à cette heure?
     
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    - Jacques m'a
offert de rester chez eux. Il avait une chambre de libre. Son logement est à
trois rues. J'ai même plus à prendre les p'tits chars pour venir travailler. Ça
me coûte pas mal moins cher.
     
    - T'es majeur,
laissa sèchement tomber son père. Tu peux rester où tu veux. Mais ta mère dans
tout ça? Y as-tu pensé? Elle a pas fermé l'oeil de la nuit.
     
    - Ben...
     
    - Ben, il
faudrait que tu l'appelles ou que tu viennes lui parler à la maison. Elle est
ben inquiète pour toi.
     
    - Dites-lui que
je vais passer à la maison aussitôt que je vais pouvoir, promit son fils. À
cette heure, il faut que j'y aille, p'pa, sinon je vais être en retard et mon
boss va me couper du salaire, ajouta-t-il en jetant un coup d'oeil à sa montre.
     
    - C'est correct,
accepta Gérard. Mais oublie surtout pas ta mère.
     
    Ce disant, le
père de famille aperçut Jacques Cormier, le dos appuyé contre l'une des
vitrines du magasin à rayons, une vingtaine de pieds plus loin, attendant, de
toute évidence, que Jean-Louis se libère. Gérard Morin lui jeta un coup d'oeil
dépourvu d'aménité avant de se diriger vers le coin de la rue dans l'intention
de la traverser pour prendre un tramway qui le ramènerait vers l'est de la
ville.
     
    Ce soir-là, c'est
une Laurette épuisée qui rentra du travail. Ses traits tirés et ses yeux cernés
étaient éloquents.
     
    Elle trouva ses
deux filles occupées à préparer le souper à son arrivée à la maison.
     
    - Qu'est-ce que
vous préparez? demanda-t-elle en déposant son sac à main sur la table.
     
    - Du pâté
chinois, m'man, répondit Denise. On a pensé que c'était ce qu'il y avait de
mieux à faire avec le reste de boeuf haché qui traînait dans le frigidaire.
     
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    - C'est correct.
Où est votre père?
     
    - Dans le hangar.
Il est parti chercher de l'huile pour le poêle.
     
    Laurette sortit
de l'appartement par la porte arrière et alla rejoindre son mari dans le
hangar.
     
    - T'as vu
Jean-Louis, à matin? lui demanda-t-elle sans préambule.
     
    - Oui.
     
    - Puis?
     
    - Puis. Il a
décidé de rester chez Cormier un bout de temps.
     
    - Pourquoi?
     
    - Parce que ça
lui tente et parce qu'il a pas à payer de billets de p'tit char pour aller
travailler. Tu le connais. Il est toujours prêt à sauver une cenne.
     
    - Oui, mais
l'autre le gardera pas pour rien, lui.
     
    - Ça, c'est pas
notre maudit problème, répliqua son mari. Qu'il se débrouille avec ses
troubles. On l'a pas obligé à aller rester là.
     
    - Comme ça, il
veut pas revenir?
     
    - Non. Mais il
m'a dit qu'il viendrait te voir aussitôt qu'il va avoir une chance.
     
    Les traits du
visage de Laurette se durcirent et elle rentra dans la maison sans rien ajouter
en laissant claquer la porte-moustiquaire derrière elle.
     
    Le lendemain
soir, quand il fut bien évident que Jean-
    Louis ne
reviendrait pas à la maison, Richard se décida à aborder un sujet délicat à
l'heure du souper.
     
    - M'man, il y a
plus personne qui dort dans la chambre d'en avant.
     
    - Oui, puis?
     
    - Ben, nous
autres, on est tassés dans notre petite chambre, au fond, avec la laveuse. En
plus, on étouffe parce qu'on a pas d'air. Il y a juste dans l'autre chambre
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    qu'il y a une
fenêtre. Il me semble qu'on pourrait avoir chacun notre chambre.
     
    - Je suppose que
tu voudrais l'avoir pour toi tout seul parce que tu paies une pension? lui
demanda sèchement sa mère.
     
    - Non. J'en ai
parlé avec Gilles. Même si je paye une pension toute l'année et lui en paye
pas, ça me dérange pas pantoute qu'on change de chambre tous les mois.
     
    - Et les filles,
elles?
     
    - Denise et
Carole ont une fenêtre dans leur chambre, fit remarquer l'adolescent. Mais si
elles veulent s'installer dans les deux chambres en avant et que le bruit de la
rue les dérange pas, nous autres, ça nous fait rien de venir nous installer en
arrière.
     
    - On y tient pas
pantoute, dirent les deux filles après s'être consultées du regard. On aime
mieux notre chambre.
     
    - Et quand
Jean-Louis va revenir? demanda la mère de famille, le visage devenu soudain
plus sombre.
     
    - S'il

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