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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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vit la
tête de son beau-
    frère apparaître
au-dessus de la clôture.
     
    - Il y a
quelqu'un? fît Bernard Brûlé en ouvrant la porte de la clôture de la cour
arrière.
     
    - Arrive,
Bernard, l'invita son beau-frère en lui faisant signe de venir le rejoindre sur
le balcon.
     
    - J'avais plus de
papier à cigarette, expliqua le gros homme en lui montrant un paquet de papier
Vogue.
     
    - Toi et tes
rouleuses, se moqua Gérard. Pourquoi tu fais pas tes cigarettes avec un tube?
Ça va ben plus vite et tu passes pas ton temps à brûler ton linge avec le tabac
qui tombe.
     
    - J'aime mieux
les rouler parce que comme ça, je fume moins, lui expliqua son beau-frère en
prenant place à ses côtés sur le balcon.
     
    - Comment ça se
passe pour ta femme? demanda son hôte en chuchotant.
     
    - Pas trop mal.
     
    - Viens. On va
aller rejoindre les femmes dans la cuisine, l'invita Gérard en se levant.
     
    Tout le monde
s'entassa autour de la table de cuisine.
     
    Pendant que les
hommes discutaient des matchs de lutte que le Palais des sports de la rue
Poupart allait présenter en septembre, les femmes parlaient à voix basse de
l'état
    354
    de Marie-Ange
dont la grossesse commençait à être visible.
     
    - Depuis trois
semaines, je suis malade comme un chien à chaque matin, fît Marie-Ange d'une
voix geignarde.
     
    Je comprends rien
là-dedans. Au commencement, ça arrivait jamais.
     
    - C'est pas
grave, décréta sa belle-soeur Pauline. Ça va passer. Pour ma dernière, j'ai eu
mal au coeur pendant neuf mois. Ça, ma petite fille, c'est dur à prendre.
     
    - Moi, j'ai
jamais eu mal au coeur pendant que j'étais en famille, déclara Laurette. S'il y
a de quoi, j'avais juste plus faim. J'aurais peut-être été mieux de moins
manger, reconnut-elle. Comme ça, j'aurais pas une couple de livres en trop aujourd'hui.
     
    Marie-Ange et
Pauline échangèrent un regard qui en disait long sur les quelques livres en
trop de leur hôtesse qui pesait largement plus de deux cents livres, à leur
avis.
     
    Pendant plusieurs
minutes, Marie-Ange s'étendit avec complaisance sur tous les maux qui la
frappaient depuis qu'elle était enceinte. A l'écouter, elle ne survivrait pas
aux trois derniers mois de sa grossesse. Laurette finit par éclater.
     
    - Bonyeu,
Marie-Ange, exagère pas! Avoir un petit, c'est pas les sept plaies d'Égypte!
Toutes les femmes finissent par en avoir et elles en meurent pas. On est toutes
passées par là. Dis-toi que t'es chanceuse. T'en n'as pas une trâlée à nourrir
et à habiller pendant que t'es en famille.
     
    T'as juste à
t'occuper de toi.
     
    Marie-Ange piqua
un fard. Elle n'était pas habituée de se faire rabrouer.
     
    - Es-tu pas mal
avancée pour le linge de ton petit? lui demanda Pauline pour changer de sujet
de conversation.
     
    - J'ai fait deux
douzaines de couches et j'ai tricoté trois ensembles, fit la future mère en se
reprenant.
     
    355
    - De quelle
couleur?
     
    - Jaune.
     
    - T'es plus
brillante que moi, reconnut Laurette.
     
    Moi, je voulais
tellement un gars que j'avais tout tricoté en bleu. Quand Denise est venue au
monde, j'ai eu l'air fine. Je te prêterais ben du linge de bébé, reprit-elle,
mais
    il a été usé à la
corde par mes petits.
     
    - T'es ben fine
d'y avoir pensé, dit Marie-Ange, mais Pauline m'a déjà offert de me prêter le
linge de ses filles si j'en ai besoin.
     
    Vers dix heures,
Bernard Brûlé donna le signal du départ.
     
    - On s'ennuie
pas, dit-il, l'air plaisant, mais le temps avance et je travaille demain matin.
On va aller reconduire Pauline jusqu'à son appartement avant de s'en retourner
chez nous.
     
    - C'est à vous
autres de venir faire votre tour, les invita Marie-Ange au moment de quitter
l'appartement des Morin.
     
    - Compte sur nous
autres, dit Laurette. On ira jouer aux cartes un bon samedi soir.
     
    Quand la porte
fut refermée derrière les visiteurs, Laurette abandonna son air aimable et
poussa un soupir de soulagement.
     
    - Tu parles d'une
idée de fou de venir en visite en plein coeur de semaine. Bout de viarge! Ils
savent ben que je travaille demain matin et que le soir, j'ai pas le goût
pantoute de recevoir après ma journée d'ouvrage.
     
    - Voyons,
Laurette, fit son mari. Tu peux pas dire qu'ils exagèrent. Il y a pas
longtemps, tu te plaignais qu'ils venaient jamais. À cette heure, tu te plains
du contraire.
     
    - Les fins de
semaine, c'est pas pour les chiens, trancha Laurette en ramassant

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