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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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de
cheveux.
     
    - Oui, l'approuva
sa mère, si t'avais été moins tête folle.
     
    - J'haïssais ça.
Ils nous faisaient perdre notre temps à apprendre toutes sortes de niaiseries.
A quoi ça servait d'apprendre les neuf cents questions du petit catéchisme, par
exemple?
     
    - Fais attention
à ce que tu dis, toi! le mit en garde sa mère. La religion, c'est important.
     
    - Je dis rien
contre la religion, m'man, protesta l'adolescent. Il me semble que je passais
plus de temps à
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    trouver de
l'argent pour acheter des petits Chinois pour la Sainte-Enfance qu'à apprendre
l'arithmétique.
     
    - Exagère donc!
se moqua Laurette. Moi, je me rappelle à quoi tu perdais ton temps. T'étais ben
meilleur à faire des mauvais coups avec tes chums qu'à étudier. Si t'avais
travaillé comme du monde, t'aurais pas doublé ta sixième année.
     
    Richard se
rengorgea comme si sa mère venait de le complimenter.
     
    - Te souviens-tu
du mauvais coup que t'avais joué au pauvre monsieur Bérubé? lui demanda Denise
qui intervenait pour la première fois dans la discussion.
     
    - Quel Bérubé?
     
    - Aïe, Richard
Morin, fais pas l'innocent, reprit Gilles en souriant. Denise te parle du vieux
Bérubé qui restait au deuxième étage, sur Archambault. Tu viendras pas nous
faire croire que tu te rappelles pas que tu t'amusais à attacher la poignée de
sa porte, en bas de l'escalier, à la poignée de la porte des Roy, à côté. Tu
sonnais et tu te poussais sur le trottoir de l'autre côté de la rue.
     
    - Moi, j'ai fait
ça? demanda Richard en prenant l'air de celui qu'on accuse faussement.
     
    - T'oublies que
j'y étais et que je t'ai vu, lui fît remarquer son frère. Le père Bérubé tirait
sur la corde en haut de son escalier pour faire ouvrir sa porte. Comme ça
marchait pas, il était obligé de descendre l'escalier. Là, il avait beau
essayer d'ouvrir, la porte ouvrait pas parce que la poignée était attachée. Il
remontait chez eux et criait aux Roy d'essayer d'ouvrir sa porte. Eux autres
aussi pouvaient pas sortir de chez eux par en avant. Us étaient obligés de
faire le tour par la ruelle pour venir détacher la corde. Tout le monde était
en maudit. Tu leur as fait le coup au moins deux ou trois fois, ajouta Gilles.
     
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    - Et toi, beau
niaiseux, tu trouvais ça drôle! fit Laurette en s'adressant à son plus jeune
fils.
     
    - C'est drôle, je
me souviens plus pantoute de ça, mentit Richard.
     
    - Si j'avais su
ça, t'aurais eu une méchante claque sur les oreilles, je te le garantis,
l'assura sa mère.
     
    Après le repas,
la mère et ses filles remirent de l'ordre dans la cuisine pendant que Gilles
allait remplir la cruche d'huile à chauffage dans le hangar.
     
    Denise se dépêcha
d'essuyer la vaisselle avant de se retirer dans sa chambre dans l'intention de
finir de lire le roman-photo que sa collègue Jacqueline lui avait prêté la
veille. La jeune fille s'ennuyait de son amoureux. Pierre était parti depuis
déjà trois semaines et elle n'avait reçu aucune nouvelle de lui. Elle comptait
maintenant les jours qui la séparaient de son retour. Il avait dit qu'il serait
absent un mois, au maximum. Donc, au pire, il ne lui restait qu'une semaine à
l'attendre. A la fin de la semaine suivante, il serait là, à ses côtés.
     
    Le lendemain,
Gérard Morin quitta la maison en même temps que tous les siens, bien décidé à
trouver un emploi, n'importe lequel, le plus rapidement possible. La veille, il
avait dressé une courte liste des compagnies où il avait l'intention de
demander un emploi. Il s'agissait d'endroits où il avait postulé au mois de mai
précédent. Il voulait y retourner parce qu'on lui avait laissé entendre qu'il y
aurait peut-être quelque chose pour lui à l'automne. On était presque en
automne. Peut-être pourrait-on l'employer.
     
    Évidemment, la
Dominion Rubber venait en tête de liste. Le directeur du personnel lui avait
dit en personne qu'il pourrait y avoir quelque chose pour lui à la compagnie.
     
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    Malheureusement,
cette première journée de recherche d'emploi allait être aussi décevante que
les journées de mai consacrées à la même tâche. On lui fit partout la même
réponse: pas de travail. Le plus frustrant était peut-être qu'on n'avait
conservé nulle part une trace de sa demande précédente.
     
    A la fin de
l'après-midi, il rentra à la maison, le moral à zéro. Il ne dit rien à sa femme
et à ses enfants de ses recherches

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