Le retour

à l'intention de
son nouveau collègue avant de quitter le bureau du directeur du personnel.
     
    Après le départ
du gardien, Henri Boileau invita Gérard à regagner la pièce réservée aux
gardiens pour y attendre le début de son quart de travail.
     
    A six heures,
l'usine et les bureaux se vidèrent de leurs occupants. Ronald Bilodeau fut le
dernier à quitter l'endroit.
     
    Gérard Morin se
retrouva seul dans le grand bâtiment.
     
    Il fît sa
première tournée des portes en utilisant consciencieusement sa poinçonneuse et
revint, tout heureux, vers ce qu'il appelait déjà "son bureau". Il
alluma la radio et déballa son repas du soir, content de pouvoir manger dans la
quiétude. A sept heures, il partirait exécuter sa deuxième ronde de
surveillance.
     
    La soirée se
passa très bien. Il trouva bien la chaise en bois un peu inconfortable à la
longue, mais il se raisonna en se disant qu'un fauteuil ou une bonne chaise
berçante l'aurait peut-être incité à s'endormir. Il regretta de n'avoir pas
apporté un journal à lire et surtout du café. A une heure du matin, après sa
tournée, il eut toutes les peines du monde à combattre le sommeil. Il dut
marcher durant de longues minutes dans le couloir pour se tenir éveillé. A
certains moments, il fut même obligé de s'asperger le visage d'eau froide pour
garder les yeux ouverts.
     
    Quand les
premières lueurs de l'aube éclairèrent la fenêtre du poste de garde, il se leva
et s'étira avant d'aller vérifier les portes une dernière fois.
     
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    Le gardien de
jour apparut à la porte d'entrée au moment où il revenait dans sa pièce. Les
deux hommes parlèrent quelques instants avant de prendre congé l'un de l'autre.
     
    Moins de quarante
minutes plus tard, Gérard rentra chez lui, fatigué, les yeux lourds de sommeil.
Il retrouva sa femme et ses enfants assis autour de la table de cuisine, en
train de déjeuner. Malgré l'heure matinale, Laurette semblait d'excellente
humeur.
     
    - Viens t'asseoir
et nous raconter ça, dit-elle à son mari en se levant pour lui servir une tasse
de café. J'ai encore un bon dix minutes avant de partir travailler. Veux-
    tu manger quelque
chose avant d'aller te coucher?
     
    - Non. J'ai pas faim.
J'ai juste envie de dormir.
     
    - Puis p'pa? De
quoi a l'air votre job? lui demanda Richard.
     
    Le billet laissé
sur la table la veille avant son départ ne précisait pas quel genre d'emploi il
avait décroché chez Elroy. Le père de famille s'était borné à dire qu'il
s'était trouvé du travail et qu'il reviendrait le lendemain matin.
     
    Après avoir bu
une bonne gorgée de café, Gérard expliqua aux siens avec fierté en quoi
consistait son nouveau travail. La joie de Laurette et de ses enfants faisait
plaisir à voir.
     
    - Enfin, on va
être d'aplomb et on va pouvoir vivre comme du monde, conclut Laurette, la mine
satisfaite, en se levant pour se préparer à partir. En plus, t'as l'air d'avoir
trouvé une job pas trop éreintante.
     
    - Avec un bon
salaire, compléta son mari, heureux.
     
    - En tout cas,
t'es chanceux qu'on n'ait pas de jeunes enfants à la maison, reprit-elle. Comme
ça, tu vas pouvoir dormir tranquille durant la journée, sans personne pour te
déranger.
     
    - Parlant de job,
reprit Gérard en se levant à son tour.
     
    Tu peux lâcher la
tienne n'importe quand à cette heure que
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    j'en ai une. T'as
ben assez d'ouvrage ici dedans. Je vais
    gagner assez pour
te faire vivre.
     
    - C'est ben
correct, accepta Laurette avec empressement en s'emparant du sac dans lequel
elle avait mis son dîner. Je finis ma semaine à soir et je lâche.
     
    - Bon. On se
reverra demain matin. Quand tu vas revenir de l'ouvrage, je vais être parti,
dit Gérard en se dirigeant vers la chambre à coucher. Faites pas trop de bruit
en partant, prit-il la peine d'ajouter à l'endroit de ses enfants avant de
refermer la porte de la pièce derrière lui.
     
    Laurette arriva à
la biscuiterie Viau, tout excitée à l'idée d'annoncer à ses deux amies qu'elle
en était à sa dernière journée de travail. Elle retrouva Lucienne et Dorothée
en train d'enfouir dans leur casier leurs objets personnels quand elle poussa
la porte de la salle commune où les employés prenaient aussi leur repas.
     
    - Aïe, les
filles! J'ai toute une nouvelle à vous apprendre, leur chuchota-t-elle en les
tirant un peu à l'écart des autres. Mon mari s'est trouvé une bonne job et il
veut que je lâche l'ouvrage