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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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bruit.
     
    L'obscurité était
tombée brusquement. De violentes rafales de vent faisaient tournoyer des
papiers gras dans la grande cour. La pluie formait un rideau presque opaque et
venait tambouriner sur les marches de l'escalier et le garde-fou du balcon.
Laurette dut repousser sa chaise pour ne pas être éclaboussée. En quelques
minutes, la température chuta de plusieurs degrés, apportant enfin le répit si
longtemps attendu par les gens.
     
    La porte d'entrée
s'ouvrit avec fracas au moment où la pluie était la plus forte.
     
    - M'man! M'man!
Où est-ce que vous êtes? demanda Carole, trempée de la tête aux pieds.
     
    - Sur le balcon,
fit Laurette d'une voix lasse. J'entre.
     
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    Elle quitta sa
chaise et pénétra dans la cuisine où elle vit Carole, Denise et Gilles, les
cheveux plaqués sur le crâne et les vêtements dégoulinant d'eau.
     
    - Ma foi du bon
Dieu! s'exclama-t-elle. Vous êtes pas assez fins pour vous mettre à l'abri
quand il mouille comme ça. En plus, vous dégouttez partout sur mes planchers.
     
    - Mireille et
moi, on était rendues au coin de Sainte-
    Catherine quand
ça a commencé à tomber, expliqua Carole.
     
    Ça nous servait à
rien de retourner au bain. Il fermait.
     
    - Riendeau venait
me reconduire en truck quand j'ai vu Denise qui sortait de chez Woolworth, fit
Gilles. On l'a fait monter avec nous autres. On a aussi fait monter Carole et
Mireille dans la boîte en passant. Juste le temps de débarquer du truck, on
s'est fait mouiller comme ça.
     
    - Ton père et
Richard vont être beaux à voir quand ils vont revenir du stade, lui fit
remarquer sa mère. Ça leur apprendra à aller perdre leur temps à voir du monde
courir après une petite balle.
     
    - On va juste
essuyer le plancher, m'man, offrit Carole.
     
    De toute façon,
demain, après le lavage, il va falloir le laver et le cirer.
     
    Quelques minutes
plus tard, Gérard et Richard rentrèrent à leur tour à la maison, tout trempés.
     
    - Cybole! Avec
cette maudite pluie-là, la partie a été arrêtée à la sixième manche, se
plaignit Gérard.
     
    - Vous avez l'air
fin, tous les deux! s'exclama Laurette en leur tendant une grande serviette.
Essuyez-vous et enlevez au moins vos souliers pour pas salir partout.
     
    - Les Royaux ont
tout de même gagné trois à un, fit Richard. La partie compte, même si elle a
été arrêtée.
     
    - Ça en fait
toute une affaire, ça, répliqua sa mère, sarcastique.
     
    Ce soir-là,
Laurette Morin se mit au lit avec l'espoir que la fraîcheur apportée par
l'orage allait enfin lui
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    permettre de
connaître une nuit reposante. Elle n'avait pas soufflé mot de son altercation avec
Vital Beaulieu à Gérard et elle espérait que sa voisine ne lui en voudrait pas
trop d'avoir secoué son ivrogne de mari.
     
    Chapitre 15
    La fin de l'été
     
    Le début de
septembre arriva. Les jours semblèrent subitement se mettre à raccourcir. Il y
avait encore de très belles journées ensoleillées, mais les gens se rendaient
compte que l'été tirait déjà à sa fin. Les enfants du quartier savaient que
leurs vacances scolaires achevaient et ils se faisaient de plus en plus
bruyants dans leurs jeux. On aurait dit qu'ils cherchaient à faire le plein des
plaisirs qui allaient bientôt leur être refusés.
     
    Pour leur part,
Carole et Gilles n'abandonnèrent leur emploi estival que l'avant-veille de la
fête du Travail. Les deux adolescents s'apprêtaient à retourner à l'école avec
joie. Pour la première fois depuis deux ans, leur mère n'avait pas mis en doute
la nécessité pour eux de poursuivre leurs études. À dix-huit ans, Gilles allait
entreprendre sa douzième année tandis que sa soeur allait fréquenter, encore
une fois, l'école Lartigue pour y faire sa neuvième année.
     
    L'un et l'autre
avaient économisé suffisamment d'argent durant l'été pour payer leurs articles
scolaires et leurs vêtements.
     
    Le soir de la
fête du Travail, Gérard ne put s'empêcher de faire remarquer à sa femme:
     
    - Je te dis que
ça leur a pas fait de ben longues vacances aux enfants cet été.
     
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    - Ils se
reposeront en allant à l'école, fit Laurette. Est-
    ce que j'en ai
des vacances, moi? ajouta-t-elle, vindicative.
     
    - Seulement deux
jours...
     
    - Il y avait pas
moyen de faire autrement, trancha sèchement sa femme. On avait besoin de leur
paye pour arriver. On dirait que t'as oublié que l'argent pousse pas dans les
arbres. Je me demande

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