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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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aujourd'hui. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
     
    - Chanceuse!
s'écria Dorothée. C'est pas à mon mari qu'une affaire de même arriverait. Il en
cherche même plus.
     
    Laurette allait
dire quelque chose quand elle saisit le regard d'avertissement que lui
adressait Lucienne Dubeau.
     
    Elle se contenta
de dire à Dorothée:
     
    - Inquiète-toi
pas, ma noire, ton mari finira ben par trouver quelque chose qui l'intéresse.
     
    - C'est pas à moi
non plus que ça risque d'arriver, fit Lucienne avec une nuance d'envie dans la
voix. Quand t'es
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    veuve, t'es
condamnée à travailler jusqu'à temps que tu sois mûre pour l'hospice.
     
    - Remarie-toi,
lui conseilla Laurette. T'as juste cinquante ans. Tu me feras pas croire que tu
connais pas un vieux veuf dans ton coin qui serait pas content d'avoir une
femme pour prendre soin de lui.
     
    - Arrête-moi ça,
toi! s'exclama Lucienne Dubeau en riant. J'aime encore mieux venir travailler
chez Viau cinq jours par semaine que d'endurer les manies d'un vieux vicieux.
En plus, je suis trop vieille pour réapprendre à jouer à la servante.
     
    Laurette se
souvint vaguement avoir entendu son amie dire le contraire quelques mois
auparavant, mais elle se retint de lui en faire la remarque.
     
    - En tout cas,
c'est le fun pour toi de faire ta dernière journée, reprit Dorothée avec
enthousiasme. Mais t'as pas peur de t'ennuyer à rien faire à la maison?
demanda-t-elle, ingénue.
     
    - Pas de saint
danger! répondit Laurette. Je vais reprendre ma routine.
     
    - Chanceuse!
répéta sa jeune amie.
     
    - Mais avant de
partir, j'ai des comptes à régler avec Gendron et la Sauvé, reprit Laurette,
l'air soudainement mauvais. C'est aujourd'hui que la grande vache va me payer
tout ce qu'elle m'a fait endurer depuis que je travaille ici dedans. À cette
heure, ils peuvent plus me mettre dehors, c'est moi qui pars.
     
    La mine soudain
inquiète de ses deux amies ne sembla nullement déranger Laurette. La sonnerie
annonçant le début de la journée de travail incita les femmes présentes dans la
pièce à se diriger vers les doubles portes qui s'ouvraient sur l'usine. Les
retardataires claquèrent bruyamment les portes de leur casier métallique avant
de se joindre au groupe. Lucienne saisit Laurette par un bras
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    au moment où elle
allait se précipiter à la suite des autres.
     
    - Fais pas de
niaiserie, Laurette. On le sait que Gendron est un gros vicieux, mais si tu lui
mets ta main sur la gueule, tu vas te faire sacrer dehors tout de suite et tu
vas perdre ta dernière journée de salaire. En plus, tu sais jamais si t'auras
pas besoin de te chercher une job un beau jour.
     
    Personne connaît
l'avenir. Si ça t'arrive, tu seras pas capable de t'en trouver une parce qu'on
va demander des recommandations à Viau et quand on va apprendre ce que t'auras
fait à un foreman, on voudra jamais t'engager. Penses-y.
     
    - Ouais, se
contenta de dire Laurette, l'air soudain songeur.
     
    - Pour Madeleine
Sauvé, tu lui feras ben ce que tu voudras, mais je te conseille d'attendre la
fin de la journée pour lui régler son compte. C'est une question de charité.
     
    Ça lui donnera
toute la fin de semaine pour maquiller son oeil au beurre noir, ajouta-t-elle
en riant.
     
    - Elle, ça fait
tellement longtemps que je m'en promets, dit Laurette, la voix menaçante. Quand
je vais lui mettre la main dessus, elle va y goûter, je te le garantis.
     
    - On est mieux
d'y aller, fit Dorothée Paquette en poussant en avant ses deux copines. On va
finir par se faire engueuler par le gros Gendron.
     
    Laurette prit sa
place habituelle au bout de la chaîne tout en surveillant du coin de l'oeil les
allées et venues de Maxime Gendron. Malgré l'avertissement de son amie
Lucienne, elle était bien décidée à faire un esclandre si le contremaître
essayait de la frôler au passage, comme par inadvertance, comme il lui était
souvent arrivé par le passé.
     
    Elle en fut pour
ses frais. Il ne s'approcha pas d'elle une seule fois de l'avant-midi. Il ne
lui adressa même pas un reproche, comme s'il avait senti intuitivement le
danger qu'elle représentait.
     
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    Lorsqu'elle
quitta son poste à l'heure du dîner, Laurette s'empressa d'aller prendre son
repas dans son casier pour aller s'installer en compagnie de Lucienne et
Dorothée à l'extérieur.
     
    Malgré un ciel
nuageux, le temps était doux et agréable.
     
    En prenant place
au pied du talus, près de la descente où

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