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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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s'effectuaient les livraisons,
Laurette regarda avec soin autour d'elle pour tenter de repérer Madeleine
Sauvé. Elle ne la vit pas.
     
    - Cherche-la pas
pour rien, lui dit Dorothée, qui avait suivi son regard. J'ai parlé tout à
l'heure à Carole Lambert qui voyage d'habitude avec elle. Elle est malade
aujourd'hui.
     
    Elle est pas
venue travailler.
     
    - C'est pas vrai!
s'exclama Laurette, sincèrement déçue. Bout de viarge! Viens pas me dire
qu'elle va s'en sauver.
     
    - On le dirait,
dit Lucienne en riant. Le bon Dieu a eu pitié d'elle. Sans le vouloir, ça va
être ta bonne action de la journée.
     
    - Et t'auras pas
à t'en confesser, ajouta Dorothée, moqueuse. Au fond, c'est aussi ben comme ça.
T'aurais fini par le regretter, ajouta la jeune femme avec un sourire complice.
     
    - Je suis pas
sûre de ça pantoute, fit Laurette, bougonne. J'ai presque envie de revenir
l'attendre après l'ouvrage, lundi prochain.
     
    Les trois femmes
mangèrent leur goûter avec appétit avant de rentrer se mettre au travail.
     
    Lorsque la
sonnerie annonça la fin de la journée et de la semaine, Laurette se dirigea
vers le bureau du personnel
    après avoir
demandé à ses amies de prendre son enveloppe de paye. Déjà, Maxime Gendron,
campé sur ses petites jambes près de la porte de son bureau, avait commencé la
distribution des petites enveloppes beiges.
     
    383
    Moins de cinq
minutes plus tard, Laurette vint rejoindre Lucienne et Dorothée qui l'avaient
attendue. En un instant, elle déposa le contenu de son casier dans un grand sac
après avoir pris l'enveloppe que lui tendait Lucienne.
     
    - Vous êtes ben
fines, les filles, de m'avoir attendue, dit-elle d'une voix soudainement émue à
ses amies.
     
    Les trois femmes
sortirent de la biscuiterie, traversèrent la rue Ontario et se dirigèrent vers
le coin de la rue pour attendre le tramway.
     
    - Je vais pas mal
m'ennuyer de vous autres, reprit Laurette en regardant ses deux amies.
     
    - Nous autres
aussi, répondirent les deux femmes d'une même voix.
     
    - Tu connais mon
adresse, fit Dorothée. T'as juste à venir me voir n'importe quand. C'est de
valeur que j'aie pas encore le téléphone parce que je te téléphonerais le soir,
de temps en temps. On va se revoir, c'est certain, ajouta la jeune femme en
l'embrassant sur une joue avant de la quitter.
     
    Laurette et
Lucienne la regardèrent se diriger à pied vers son appartement situé sur la rue
Hochelaga, un peu plus loin.
     
    - C'est donc de
valeur de voir une si belle femme gaspiller sa vie avec un sans-coeur comme son
mari, fit Laurette en regardant Dorothée s'éloigner.
     
    - C'est son
choix, laissa tomber Lucienne.
     
    Quelques minutes
plus tard, les deux femmes montèrent à bord du tramway. Comme d'habitude, elles
ne trouvèrent pas de sièges libres et durent effectuer la plus grande partie du
trajet debout, cramponnées tant bien que mal aux dossiers des sièges occupés.
     
    Quand le véhicule
approcha de la rue Frontenac, Lucienne serra le bras de sa compagne et lui
promit de lui téléphoner souvent avant que cette dernière descende.
     
    384
    Pendant que le
tramway poursuivait sa route sur la rue Ontario, Laurette se sentit brusquement
étrange, seule, coupée définitivement d'un monde qu'elle avait fini par aimer.
Dorothée et Lucienne allaient beaucoup lui manquer. Elles étaient les deux
seules amies qu'elle avait eues depuis son adolescence. Bien sûr, elles avaient
promis de garder le contact, mais Laurette avait trop d'expérience pour ignorer
ce que ce genre de promesse signifiait. Loin des yeux, loin du coeur.
     
    Un peu triste,
elle monta pour la dernière fois dans sa correspondance qui la déposa sur la
rue Notre-Dame.
     
    Un dernier
tramway la laissa coin Fullum, face au parc Bellerive. Après le démarrage de ce
dernier, elle remarqua que les feuilles des érables du parc avaient déjà
commencé à changer de couleur. Certaines avaient pris des teintes orangées,
rouges, jaunes et brunes.
     
    - Déjà l'automne,
dit-elle à mi-voix en s'engouffrant sur la rue Fullum. Mon Dieu que le temps
passe vite!
     
    Le lendemain
matin, Laurette se leva tôt de manière à accueillir son mari au retour de son
travail. Elle alluma le poêle à huile pour chasser l'humidité de la nuit qui
avait envahi l'appartement et fit chauffer une bouilloire d'eau pour préparer
le café. Elle remarqua que le soleil se levait à peine même s'il était déjà six
heures

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