Le retour

entre les quatre murs de la maison sept jours
par semaine pour la surveiller, dit Colombe. Je l'aime bien, m'man, et ça fait
sept ans que je la garde à la maison, mais là, c'est au-dessus de mes forces.
     
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    Laurette ne dit
pas un mot, consciente qu'il s'agissait d'une décision qui concernait son mari
et sa soeur Colombe.
     
    - Vous comprenez,
reprit Rosaire en s'allumant un cigare nauséabond, j'ai acheté un chalet à
Saint-Sauveur l'année passée.
     
    - Première
nouvelle, laissa tomber Laurette.
     
    - On y va de
temps en temps la fin de semaine. On a deux ou trois couples d'amis qui en ont
un là-bas, eux autres aussi. On a pris l'habitude de les rencontrer. Avant, ça
posait pas de problème. On pouvait laisser la belle-mère à la maison et on
s'inquiétait pas. À cette heure, c'est une autre paire de manches. On peut plus
pantoute la laisser toute seule. Elle pourrait même mettre le feu.
     
    - Bon. À quoi
vous avez pensé? demanda Gérard, déjà résigné.
     
    - Je vous avertis
tout de suite, intervint alors Laurette.
     
    Nous autres, on
peut pas la prendre. On a pas de place pour elle.
     
    - On le sait
bien, la rassura Colombe.
     
    - On a pensé la
placer à l'hospice, se décida à avouer Rosaire, un peu mal à l'aise. Je sais
que ça a l'air dur, comme ça, mais je vois pas comment on pourrait faire
autrement.
     
    - A l'hospice! se
récria Gérard.
     
    - Où est-ce qu'on
pourrait la placer si c'est pas là?
     
    demanda Colombe
en élevant la voix. Il y a juste les soeurs qui sont capables de s'en occuper
comme il faut.
     
    - Ça va la faire
mourir, fit remarquer Gérard.
     
    - Ben non,
Gérard, voulut le réconforter son beau-
    frère. Les soeurs
ont le tour de traiter les vieux. Elles savent comment les prendre et comment
les soigner. Je suis sûr que ta mère sera pas malheureuse pantoute avec des
vieux de son âge. Ça va être même mieux. Elle va pouvoir parler avec du monde
de son âge. Ça va être ben moins plate
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    pour elle que de
rester toute seule toute la journée dans notre appartement quand Colombe est
partie jouer au bridge ou faire du magasinage.
     
    - Dans quel
hospice vous voulez la placer? demanda Laurette.
     
    - Ben. On a pensé
que le mieux serait de lui trouver un hospice qui serait pas trop loin de chez
nous et de chez vous de façon à ce qu'on puisse aller la voir aussi souvent
qu'on le voudra, reprit Rosaire Nadeau.
     
    - L'hospice
Gamelin est pas loin de chez vous, fit remarquer Colombe. Pour nous autres, ça
prendra pas plus que dix minutes pour venir la voir.
     
    - Il faut d'abord
que les soeurs aient de la place pour elle, tint à préciser Laurette.
     
    - Elles en ont,
affirma Rosaire avec un large sourire.
     
    On est allés voir
tout à l'heure en passant. Il y a pas de chambre privée libre, mais il y a une
place dans une chambre semi-privée, au deuxième.
     
    - Est-ce que ça
va coûter cher? demanda Gérard.
     
    - Un peu plus que
sa pension de vieillesse chaque mois. C'est pas un problème, je vais payer la différence.
     
    - Bon, accepta
Gérard en poussant un soupir de résignation.
     
    Je vais essayer
d'aller la voir à l'hôpital cet après-
    midi, avant
d'aller travailler, répéta-t-il, apparemment dépassé par les événements.
     
    Rosaire Nadeau
comprit que son beau-frère avait hâte de retourner se mettre au lit. Il donna
le signal du départ à sa femme. Laurette et son mari raccompagnèrent leurs
visiteurs jusqu'à la porte et les aidèrent à endosser leurs lourds manteaux de
fourrure.
     
    - Pendant que j'y
pense, dit le vendeur d'automobiles, pourriez-vous demander à Richard s'il
pourrait pas venir travailler au garage à soir? Mes chars sont enterrés dans la
neige et je peux pas attendre samedi pour ôter la neige.
     
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    - Je vais lui
dire ça quand il va rentrer, lui promit Laurette. Il va te téléphoner pour te
dire s'il est capable d'y aller ou pas.
     
    On s'embrassa et
les Nadeau quittèrent l'appartement, laissant derrière eux une forte odeur de
cigare.
     
    Plantée devant la
lucarne de la porte d'entrée, Laurette les regarda enjamber le banc de neige
laissé par le chasse-
    neige et monter à
bord de la Cadillac. Elle attendit que l'énorme voiture s'engage lentement sur
la rue Archambault avant de laisser retomber le rideau qui masquait la lucarne.
     
    Gérard n'avait
pas attendu. Il était déjà rentré dans la chambre à coucher et s'était remis au
lit.
     
    - Tu parles de
deux maudits