Le retour

coucher en disant que c'était
pour l'offrir aux visiteurs.
     
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    - Toi, mon agrès!
Tant que t'auras pas vu le fond de ma boîte de chocolats, tu seras pas content,
dit-elle. Mais à soir, je vais faire un spécial, je vais vous en passer.
     
    - On va avoir
droit à combien de morceaux? demanda Richard, décidé à la pousser à bout.
     
    - Juste un!
     
    - Bon. Ça a tout
l'air que c'est pas à soir qu'on va se rendre malade à manger du chocolat,
ajouta l'adolescent, taquin.
     
    La mère de
famille fît la sourde oreille et se rendit dans sa chambre. Elle en revint avec
sa boîte dont elle retira le couvercle.
     
    - Sacrifice,
m'man, il doit y avoir des rats dans votre chambre, fit remarquer son fils,
sarcastique. Ils vous en ont mangé presque la moitié du premier rang.
     
    - Contente-toi de
te prendre un chocolat et ferme ta boîte, lui ordonna sa mère, à bout de
patience.
     
    Durant la soirée,
Gilles et Richard sortirent en deux occasions pour déblayer le balcon arrière
et le devant de la porte d'entrée. Le chasse-neige ne passa sur la petite rue
Emmett qu'au moment où les Morin s'apprêtaient à se mettre au lit. Planté
devant la fenêtre de la chambre, Gilles, dont c'était le tour d'occuper la
pièce dotée de la fenêtre, fit remarquer à son frère:
     
    - Je pense qu'on
est allés pelleter pour rien en avant.
     
    La charrue vient
de laisser un banc de neige écoeurant devant la porte.
     
    A cet instant
précis, sa mère entra dans sa chambre, portant sur un bras deux épais
sous-vêtements d'hiver.
     
    - C'est à soir
que vous mettez vos combinaisons d'hiver, dit-elle sur un ton sans réplique. Ça
fait deux semaines que vous promettez de les mettre. Vous avez fini de vous
promener en linge d'été.
     
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    - Ah non! Pas des
combinaisons à dompeuse, fit Richard, du fond de sa chambre, en faisant
allusion au panneau arrière retenu par deux boutons.
     
    - Oui, Richard
Morin, fit sèchement sa mère. Après le dîner, j'ai ôté toutes vos petites
culottes de vos tiroirs.
     
    Là, vous mettez
tout de suite vos combinaisons et vous jetez dans la laveuse ce que vous avez
sur le dos.
     
    - Maudit que
j'haïs ça! se plaignit Richard qui avait toujours détesté porter ce type de
sous-vêtements. Ça pique à mort et on passe notre temps à perdre des boutons.
     
    - Tu peux te
plaindre jusqu'à amen, fit sa mère, mais tu vas les mettre pareil. J'ai pas
envie de passer mon hiver à vous soigner pour la grippe, moi. Votre père en a
toujours porté et il en est pas mort.
     
    - Oui, mais il
est pas fort, ne put s'empêcher de dire Richard.
     
    - Toi, attends
pas que je traverse de l'autre côté pour te montrer à vivre, fit sa mère, l'air
mauvais.
     
    - J'ai rien dit,
mentit son fils en se cachant la figure de ses deux mains comme s'il mourait de
peur.
     
    - J'ai aussi
accroché un scapulaire et un morceau de camphre après. Essayez de penser à les
ôter quand vous mettrez vos combinaisons au lavage, samedi prochain.
     
    Sans ajouter un
mot de plus, Laurette referma la porte de la chambre de Gilles et se retira
dans la sienne. Le silence retomba dans l'appartement. Les rares bruits en
provenance de l'extérieur n'arrivaient que feutrés par la neige qui n'avait pas
cessé de tomber.
     
    Lorsque Gérard
rentra de son travail, le lendemain matin, la neige s'était arrêtée.
     
    - Cybole! Le banc
de neige est tellement haut devant la porte, qu'on descend dans la maison,
dit-il à sa femme en secouant bruyamment ses pieds sur le paillasson de
l'entrée.
     
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    - On a pelleté
deux fois hier soir, p'pa, lui dit Gilles.
     
    Je vais avoir le
temps de déblayer la porte d'en avant avant d'aller à l'école.
     
    - En tout cas,
vous allez être poignes pour marcher dans la rue, déclara Gérard aux siens. Les
charrues fournissent pas. Pour moi, on va en avoir pour un bon bout de temps
avant de pouvoir marcher sur les trottoirs. Il est tombé presque trente pouces
de neige. Il y a des chars enterrés un peu partout.
     
    Le père de
famille mangea deux rôties et avala une tasse de café avant de déclarer qu'il
s'en allait se coucher.
     
    En quelques
minutes ses enfants quittèrent la maison les uns après les autres et Laurette
se retrouva seule, dans la cuisine.
     
    Elle quitta la
pièce un moment pour regarder par la fenêtre de la chambre des garçons Gilles
dégager un passage devant la porte d'entrée jusqu'à la rue. Il avait de la
neige à mi-jambes. Des écoliers