Le retour

par saisir son chapelet pour commencer à le
réciter. Pendant ce temps, les ronflements et les renâclements de sa belle-mère
étaient aussi assourdissants que réguliers.
     
    - Maudite marde!
jura-t-elle, exaspérée. J'arriverai jamais à me rendormir avec elle dans mon
lit.
     
    Sur ce, elle se
leva, chaussa ses vieilles pantoufles, saisit son épaisse robe de chambre et
quitta la pièce. Elle referma la porte derrière elle et se dirigea vers la
cuisine où elle s'empressa d'allumer le poêle à huile pour faire bouillir de
l'eau. Elle se confectionna une tasse de café et fuma deux cigarettes tout en
se demandant comment elle allait faire pour pouvoir dormir.
     
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    Finalement, elle
se leva et alla éteindre le plafonnier avant de revenir s'asseoir dans sa
chaise berçante où elle finit par s'endormir, tassée sur elle-même.
     
    C'est là que son
fils Richard la retrouva au petit matin quand il se leva pour aller travailler.
     
    - Qu'est-ce que
vous faites là, m'man? demanda-t-il inquiet.
     
    - Bout de viarge!
J'essaye de dormir, répondit sa mère de fort mauvaise humeur. Il est quelle
heure?
     
    - Presque six
heures.
     
    - Bon. Il est
temps que je me lève, moi aussi, dit sa mère en s'extirpant de sa chaise
berçante. J'ai mal partout, ajouta-t-elle en faisant deux pas, courbaturée
au-delà de toute expression. Elle avait ben besoin de venir se sacrer dans nos
jambes, elle, dit-elle, pleine de ressentiment en parlant de sa belle-mère.
     
    - Comme ça, vous
avez pas pu dormir parce qu'elle ronflait trop fort?
     
    - Ouais. Je vais
passer ma journée à me traîner à cause d'elle.
     
    - Vous avez pas
pensé, m'man, qu'on aurait pu sortir le petit lit pliant du hangar. Carole
aurait pu coucher dedans et vous, vous auriez pu dormir avec Denise.
     
    - C'est pourtant
vrai, reconnut sa mère, s'en voulant déjà de n'avoir pas songé à cette
solution. Tu peux être certain qu'à soir, c'est comme ça qu'on va s'organiser.
     
    - A moins que
vous l'envoyiez dormir avec Denise.
     
    - Laisse faire.
Ta soeur a autant besoin que moi de dormir sa nuit pour aller travailler le
matin. Quand tu reviendras de l'ouvrage, sors le lit du hangar et laisse le
matelas sur le balcon pour le faire aérer. Vérifie si les rats ont pas fait de
trous dedans.
     
    - J'aurais dû
fermer ma boîte, ça aurait été moins d'ouvrage, dit Richard.
     
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    Sa mère alla
faire sa toilette. Au moment où elle sortait de la salle de bain, elle vit sa
belle-mère entrer dans la cuisine. La vieille dame avait déjà revêtu sa robe et
ses cheveux étaient coiffés.
     
    - Où est-ce que
vous avez passé la nuit, Laurette?
     
    demanda-t-elle à
sa bru dont la figure était passablement chiffonnée.
     
    - J'ai eu ben de
la misère à dormir, madame Morin.
     
    - Pour moi, ma
fille, vous buvez trop de café et fumez trop avant de vous coucher, dit
Lucille. C'est pas bon pour les nerfs, toutes ces affaires-là.
     
    - Il y a aussi
ben d'autres choses qui sont pas bonnes pour mes nerfs, ne put s'empêcher de
dire Laurette, l'air mauvais. Bon, si vous voulez préparer du gruau pour les
enfants, moi, je vais aller m'habiller.
     
    Quelques minutes
plus tard, toute la maisonnée était attablée. Certains mangeaient du gruau
tandis que d'autres se contentaient de rôties. Laurette avait été la première à
quitter la table pour aller préparer son repas du midi.
     
    - Qu'est-ce que
vous voulez que je prépare pour le dîner? lui demanda sa belle-mère, pleine de
bonne volonté.
     
    - Vous préparerez
ce que vous voudrez, laissa tomber Laurette. Vous allez être toute seule dans
la maison jusqu'à quatre heures et demie. Les enfants se font tous un lunch et
mangent soit à l'école soit à l'ouvrage.
     
    - Bon. Qu'est-ce
que je peux faire durant la journée pour vous aider?
     
    - Rien, madame
Morin. Le lavage, le repassage et le raccommodage sont déjà faits et on attend
d'habitude le samedi pour faire le ménage de la semaine. Pour moi, tout ce que
vous allez avoir à faire, c'est notre lit, parce que les enfants ont l'habitude
de faire le leur avant de partir le matin.
     
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    - Mon Dieu!
s'exclama Lucille. On dirait bien que je vous serai pas très utile.
     
    - C'est ce que je
vous ai dit hier, ne put s'empêcher de répliquer sa bru avant de se diriger
vers l'extrémité du couloir pour y prendre son manteau. Bonne journée tout le
monde, cria-t-elle avant de sortir à l'extérieur.
     
    Ce matin-là, ses
amies