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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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va se faire un
pâté chinois pour souper. Je vais commencer à éplucher des patates.
     
    Sa belle-mère
regarda autour d'elle, dans la cuisine, comme si elle cherchait quelque chose.
     
    - Avez-vous perdu
quelque chose?
     
    - Non. Je me
demandais seulement ce que vous aviez acheté, répondit franchement Lucille.
Dites-moi pas que vous avez passé autant de temps à magasiner sans rien
acheter?
     
    - J'ai acheté
quelque chose, inquiétez-vous pas, rétorqua sèchement Laurette. On va me le
livrer tout à l'heure. Je vais vous montrer ça.
     
    - Bon. Je vais
vous donner un coup de main pour éplucher les patates, offrit sa belle-mère en
déposant son tricot sur l'une des deux chaises berçantes. On dirait que le
soleil commence à être moins chaud. J'aime autant rentrer. Après tout, on est
encore seulement au mois d'avril.
     
    Les deux femmes
épluchèrent les pommes de terre.
     
    Quand Carole
rentra, sa mère l'envoya acheter une boîte de maïs en crème chez Paré.
     
    - Attends que je
te donne l'argent, lui ordonna-t-elle en allant chercher son porte-monnaie.
     
    Édouard Paré et
sa femme, des quinquagénaires assez antipathiques, avaient acheté le
restaurant-épicerie à Jean Ouimet, l'année précédente. Ils avaient repris le
commerce en mettant fin toutefois à un usage que Ouimet et son prédécesseur,
Etienne Brodeur, avaient toujours pratiqué, soit accepter que la plupart de
leurs clients aient un compte ouvert chez eux. Les Paré avaient systématiquement
refusé de perpétuer cette tradition en arguant qu'il était trop
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    difficile de se
faire payer par les mauvais payeurs. Quitte à perdre une partie de leur
clientèle, ils s'en étaient tenus à leur décision. Peu à peu, les habitants du
quartier avaient dû prendre l'habitude de payer rubis sur l'ongle leurs achats,
même si cela leur déplaisait beaucoup.
     
    A quatre heures,
Laurette commença à s'inquiéter sérieusement pour son ensemble de vaisselle.
     
    - Veux-tu ben me
dire ce qu'il fait, lui? dit-elle à mi-
    voix en allant à
la porte d'entrée pour la cinquième fois en une demi-heure.
     
    - Qu'est-ce que
vous attendez, m'man? demanda Carole.
     
    - J'ai acheté
quelque chose que le gars devait me livrer pour trois heures et demie. Il est
quatre heures et il est pas encore arrivé.
     
    - J'espère que
vous l'avez pas payé, ma fille, intervint Lucille Morin. Maintenant, les gens
sont devenus si peu honnêtes qu'on peut plus se fier à personne.
     
    - Me prenez-vous
pour une folle, madame Morin? lui demanda sa bru en allumant une cigarette.
     
    La vieille dame
avait raison. On ne pouvait plus se fier à personne et elle, en "belle
niaiseuse", comme elle le disait, elle avait déjà payé. Qu'est-ce qui
empêchait ce gars-là de disparaître avec son argent? Elle avait bien en main un
reçu, mais ce n'était pas un reçu de Greenberg.
     
    Le vendeur
n'était qu'un représentant de la compagnie Styleware. Si ça se trouvait, cette
compagnie-là n'existait même pas.
     
    Durant l'heure
suivante, Laurette continua à se ronger les sangs, intimement persuadée
maintenant qu'elle avait été victime d'un voleur qui avait profité de sa
naïveté.
     
    - Pour moi, vous
recevrez rien aujourd'hui, lui fit remarquer Lucille. Il est plus que cinq
heures et tous les magasins sont fermés maintenant.
     
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    - Bâtard que ça
m'enrage! éclata Laurette. On peut jamais se fier à personne. Il m'avait
pourtant ben promis de me livrer ça à trois heures et demie.
     
    - Allez-vous
finir par nous dire ce que c'est? demanda encore une fois Carole, de plus en
plus curieuse.
     
    L'arrivée de
Denise en compagnie de Richard évita à la mère de famille de répondre.
     
    - T'as ben
travaillé tard au garage de ton oncle, fit remarquer Laurette à son fils.
     
    - Vous auriez dû
voir la liste d'ouvrage que mon oncle avait laissée pour moi à son vendeur.
Tabarnouche! Je pensais même que j'aurais pas fini avant le souper.
     
    La porte s'ouvrit
pour livrer passage à Jean-Louis, précédant de peu Gilles, qui avait l'air
éreinté.
     
    - Sacrifice, mon
frère, on dirait que t'es passé en dessous de ton truck de livraison, se moqua
Richard en l'apercevant.
     
    - C'est à peu
près ça, rétorqua l'étudiant. On n'a pas lâché de la journée. On n'a pas arrêté
de livrer des meubles pesants, naturellement toujours au deuxième ou au
troisième étage. Je peux dire que j'ai pas volé ma paye cette semaine.
     
    - C'est

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